You can't spell mARK HAMill without ARKHAM.

Batman fait partie des séries animées que je regardais quand j'étais petit. Contrairement à d'autres cependant, je n'ai jamais enregistré ni acheté de VHS, et donc elle est rapidement tombée dans les limbes de ma mémoire dès que j'ai commencé à grandir.

J'avais à peu près tout oublié de cette série jusqu'à il y a quelques années. Au hasard de mes errances webesques, je suis tombé sur le générique sur un site de streaming vidéo. Et là, c'est tout un pan de mon enfance qui s'est réouvert. J'ai donc décidé de me replonger là-dedans tel une madeleine dans une tasse de thé. Au début c'était surtout pour le côté nostalgique de la chose, mais au bout de seulement quelques épisodes, je me suis rendu compte que cette série était tout bonnement géniale.

Chaque épisode, chaque personnage, est admirablement bien travaillé. On citera Bruce Wayne, Robin, Harvey Dent, Mr. Freeze, Clayface... et puis tous en fait !
Les personnages ont une vraie psychologie, une vraie personnalité, bien au-delà des persos de cartoons un peu ridicules auxquels je m'attendais. Chaque épisode présente une histoire propre, avec certains arcs liés aux personnages (ou à l'histoire elle-même) étendus sur une assez longue durée (la série suit un ordre strictement chronologique). La présence de nombreux personnages plus ou moins secondaires, auxquels on ne prête pas forcément attention, mais qui sont toujours dans le coin, participe grandement à l'attachement et à la cohésion de cet univers (Veronica Vreeland, Jack Ryder, Hamilton Hill...).
Et puis cette série a quand-même le mérite d'avoir créé plusieurs persos qui ont été intégrés au canon des comics : Renee Montoya, Lock-Up, et bien sûr l'inoubliable Harley Quinn.

Finalement, un des personnages les moins intéressants, a priori, de cette galerie est le Joker : aucune personnalité, aucune profondeur, reposant uniquement sur des gimmicks... Mais grâce à l'interprétation magistrale (n'ayons pas peur des mots !) de Mark "Luke Skywalker" Hamill, il devient aisément un de mes personnages préférés. Et c'est là une autre force de cette série : un vrai casting de vrais bons acteurs (Kevin Conroy et Hamill en tête), qui croient en leur personnage, et ne sont pas juste là pour arrondir les fins de mois en attendant un premier rôle pour Spielberg.

Cette démarche de casting sérieux correspond à la volonté des producteurs : traiter cette série et ses spectateurs de manière très professionnelle. Cela signifie : un acteur / un personnage (même pour les seconds rôles), des invités de marque (Adam West !), une musique originale composée pour chaque épisode... La musique mec ! Entre le générique (inspiré des films de Burton), le thème du Joker, les musiques propres à chaque épisode... la musique de cette série est une totale réussite !
Et bien sûr, last but not least, l'animation. Créé par les auteurs de la série, le style Dark Deco (architecture Art déco, dessins sur fond noir, ciel rougeoyant, ambiance uchronique...) est là encore un succès, et sied parfaitement à l'atmosphère générale de la série : très sombre, très sérieuse, avec des personnages humains et crédibles, correspondant à la charte implicite créée dans The Dark Knight Returns, et entérinée par Year One, The Long Halloween...

Il y a cependant quelques (tout petits) points négatifs :
Les producteurs ont dû faire certaines concessions par rapport aux comics, au vu du fait que le public visé était le même que pour les films de Burton (Catwoman blonde, le Pingouin en mi-animal répugnant...). Mais bon, quand on sait que cette série n'a été possible que grâce au succès des films de Burton, on pardonne.
Un autre défaut (mineur) est le personnage de Bane, complètement sous-exploité. Du propre aveu des auteurs, ils ne savaient pas quoi en faire, ce qui est dommage car, dans les comics, c'est quand même le seul à avoir vaincu la chauve-souris (du moins à l'époque de la série...). À cause de ça et de Batman et Robin, j'ai cru pendant de longues années que Bane n'était qu'un mercenaire sans cervelle de plus. Jusqu'à la découverte de Knightfall en fait...
Mais le principal défaut de cette série, c'est quand même le changement radical de style et d'ambiance pour la saison intitulée The New Batman Adventures. Aspect beaucoup plus "cartoon" (pour correspondre à la charte graphique du dessin animé Superman), épisodes plus enfantins et moins centrés sur Batman (avec l'apparition de Tim Drake, et les rôles désormais proéminents de Batgirl, Nightwing et Catwoman), nouveau générique qui n'arrive pas à la cheville de l'original... Le seul personnage dont le design ait bénéficié de la transition est, selon moi, l'Épouvantail. Cependant, certains des meilleurs épisodes de la série ont été produits pendant ce renouveau (Over The Edge, Mad Love, Old Wounds...), alors là aussi on pardonne.

En conclusion : une excellente série, qui plaira aussi bien aux enfants qu'aux adultes, et qui nous donne vraiment l'impression que les auteurs se font plaisir, en nous faisant plaisir !