le10/10 est sans doute abusé, mais, effet madeleine de Proust, ça résonne avec l'enfance ou c'était une des rares occases de veiller un peu tard. les challenges familiaux pendant la pub pour savoir quel serait le "petit truc chiffonnant" qui allait porter le coup de grâce au meurtrieur! ce personnage de "prolo" qui s'attaque certes gentiment aux nantis de ce monde, mais avec autant de hargne qu'un limier pur sang. c'est que sous sa coupe pré punk, son imper pourri, sa peugeot, son œil de verre et ce CHIEN QUI ROXXE A MORT, le bonhomme est très fin psychologue et utilise ses petits "défauts" pour les transformer en force, cette pseudo-résilience est très intéressante, et applicable a beaucoup de faits de la vie quotidienne. à l'époque ce qui a distingué Columbo des autres policiers c'est cette construction inversée par rapport aux codes du genre , un polar s'achevait quand le coupable se dévoilait en toute fin de l'histoire, style tout les suspects devant un feu de cheminée et un gros belge moustachu qui vous apprenait qu'en fait, c'était le colonel moutarde!( je charrie gentiment mais les policiers old school sont aussi très bons, et j'adore le petit gros belge moustachu, malgré son caractère et ses manières insupportables.). ici, on sait "qui" dès le début, et ce qui va nous tenir en haleine, c'est le "comment".
les coupables étaient systématiquement des gens de la haute, imbus de leur personne et très hautains avec ce petit bonhomme mal fagoté, abimé et cabossé par la vie qui allait pourtant les retourner comme des crêpes à la chandeleur. Il y a un aspect lutte des classes a prendre en compte selon moi la dedans. et puis il y'a ce coté presque chevaleresque dans l'affrontement entre le criminel et le policier, y'a de l'honneur la dedans, ce petit coté "ok tu m'as eu, ma vie est finie, mais le plus fort a gagné, respect." je trouve ca beau. par exemple quand il serre ce viticulteur qui a tué son frère, et qu'après lui avoir porté le coup de grâce en le confondant, lui offre une petite bouteille de porto de chez lui, que l'assassin sirote, dépité, mais est aussi forcé de reconnaitre que la piquette de Columbo est très loin d’être moche! ou ce restaurateur déjà confondu par le lieutenant, qui se doit de gouter l'escalope aux champignons que celui-ci lui a préparé, et qu'il lui dit non sans ironie qu'il s'est trompé de vocation en devenant flic, c'est beau je trouve, Fair Play.
Esprit Coubertin quoi ou comment deux sportifs, ou plus généralement compétiteurs peuvent se tirer la bourre pendant longtemps et de manière âpre, puis reconnaitre l'un sa défaite, l'autre la valeur de son adversaire, un épisode de Columbo se termine un peu comme un combat de judo pour moi, par un salut respectueux qui montre symboliquement l'acceptation des choses telles qu'elles sont.
je me les suis refait en entier il y'a peu, avec l'appréhension que ça aie bien mal vieilli, ça a vieilli, mais pas si mal. au même titre qu'un Agatha Christie est intemporel, si on se resitue dans l'époque, c'est pas mal du tout, même peut être un peu en avance sur son temps, Columbo a vu le jour a une période assez progressiste. si la femme est le plus souvent encore reléguée au rang de secrétaire pimbêche ou de maitresse futile, certains épisodes les mettent beaucoup plus en valeur, je pense en particulier a cette productrice qui se voit refuser son avancement non par manque de compétence mais du fait de son sexe, son crime mis au jour, elle dira au lieutenant qu'elle est une fois de plus mise a terre (sous entendu par les hommes), mais qu'une fois de plus elle se relèvera... c'est beau, émouvant, et il flotte déjà du féminisme la dedans. cet épisode demontre encore une fois ce qui fait la plus grande force du Lieutenant, sa compassion envers les victimes, mais aussi les meutriers, les suspects et autres personnages hauts en couleurs qui m'arrachent toujours un sourire quand je les voies, sa compassion envers quiconque en fait. même chose pour les blacks, les clochards,les toxicos, Columbo ne les traite pas en tant que tels, mais juste en tant qu'humain, et sans jamais mettre cet aspect en valeur. pour lui c'est normal, et ça ne mérite même pas qu'on s'y attarde, c'est comme ça, le personnage ne se pose même pas la question, il est empathique de nature. et c'est quand même bien marrant de les voir fumer clope sur clope dans une chambre d'hosto ou d'enquiller scotch et bourbon avant de prendre le volant! on a pas grandi dans le même monde, c'est une fenêtre comme une autre sur l'histoire.
niveau casting aussi y'a du lourd mine de rien, Johnny Cash, Lelsie Nielsen (Frank motherfucking Drebbin quoi!), Leonard Nimoy, Faye Dunaway, William Shatner, Patrick Mc Goohan (le prisonnier) y joue en tant qu'acteur et est a la real de plusieurs épisodes. ça claque quand même et ça montre aussi bien la popularité de la série a l'époque.
je kiffe quoi, mais ça vous l'aurez compris depuis le début j'crois.
aller j'y retourne je dois savoir comment les 2 étudiants en criminologie qui ont buté leur profs vont se faire gauler (je le sais déja mais j'aime pas les spouail)