Une dernière chose, m'sieur
Je t'ai vu, lecteur/rice.
Oui toi.
Toi qui a déjà regardé Très chasse et/ou Très pêche.
Oh bien sûr, c'était un soir où t'étais bourré, ou alors tu t'es endormi devant la télé et réveillé devant cette émission, ou bien encore tu attendais juste la retransmission des jeux olympiques dans je ne sais quel pays avec un fort décalage horaire.
Allons.
Tu peux me mentir lecteur/rice, pas te mentir à toi-même.
Et puis... ce n'est pas mon propos !
Non, faisant fi de tels plaisirs coupables, je suis ici pour te parler de Columbo.
Haaaa Columbo.
Loin de Très chasse et autres Motus (amis chômeurs, bonsoir), Columbo est l'une de ces séries sur lesquelles on n'osera pas lancer la conversation, mais pour lesquelles il est communément admis que 99% des personnes de votre entourage en ont déjà vu plusieurs épisodes, et qu'il n'est pas trop honteux de confesser apprécier.
Si on s'arrête à l'aspect purement technique, c'est foutu d'avance.
La trame des épisodes est systématiquement la même.
Les personnages du premier au dernier sont caricaturaux ET redondants, eux aussi.
Qualitativement, ni les décors, ni la musique, ni le jeu d'acteurs, ni (dans le cas de la France) le doublage ne viendront relever le niveau.
D'accord la voix de Columbo est sympa mais enfin... LE MÊME DOUBLEUR POUR TOUTES LES VOIX DE MÉCHANTS ??? Pitié !
Alors que reste-t-il de nos amours ?
Je te le demande, lecteur/rice.
Il reste une petite série bien sympathoche pour ces soirs où il n'y a rien après le "premier film" (même si de nos jours on dirait plutôt "après la première série").
Une série où on se sent presque intelligent, puisqu'on a vu le tueur 5 minutes après le début (ça permet accessoirement de s'endormir et de pouvoir reprendre le fil de l'épisode sans grande difficulté). Enfin, pas forcément intelligent, mais en tout cas un peu complice, impliqué.
À la fois avec le tueur, qu'on voit se débattre dans un filet aux mailles toujours plus serrées, incarné par cet inspecteur dépourvu du moindre charisme, et avec ce dernier, acharné et perspicace.
Des gimmicks qu'on ne se donne pas la peine de renouveller.
La "femme" de Columbo qu'on ne verra jamais, la dernière question posée depuis l'embrasure de la porte, qui va laisser le coupable dans une détresse sans nom, le poussant souvent à la faute. "Au fait m'sieur..."
L'éternel cigare.
Bah, Columbo est de ces petits caprices qui ne s'expliquent pas vraiment.
On passe un bon moment, on regarde la mise à mort, une issue qu'on sait inéluctable.
On est un peu frustré, parce que les derniers éléments de l'enquête, ces clés déterminantes pour finir de forger la conviction de notre antihéros en imper, on les a rarement eu à notre portée.
Ils sont un peu tirés du chapeau, du coup le raisonnement intellectuel nous est refusé.
Mais, lecteur/rice, si c'était pour ça qu'on se laissait porter d'aussi bon gré ?