Vous pouvez vous épargner Mr Robot. Et aussi cette critique si vous souhaitez persister, car elle est plombée de spoils.
Regardez Fight Club (évidemment, tout le monde l'a déjà dit), Dexter, Trainspotting, V pour Vendetta. Autant de bons films et de bonnes séries qui vous apporteront tout, et bien mieux, que ce café bouilli et réchauffé. C'est insipide, bourré de clichés et de gimmicks boursouflés, usés jusqu'à la corde.
C'est à la fois l'occasion de rappeler à quel point je ne cherche pas l'originalité à tout prix, du moment que c'est bien fait, mais aussi pourquoi les hypes soudaines, unanimes et donc suspectes, me cassent les couilles au plus haut point.
Non content de pomper partout où il peut, Sam Esmail nous fourre le nez dans sa merde.
Pour les quelques personnes qui sont encore en train de frissonner du bel hommage à Fincher, il colle une magnifique reprise de Where is my mind, hyper subtile et en totale adéquation avec les révélations dantesques que le scénario déroule.
Je passe sur le personnage de Mr Robot, dont le mystère est à peu près élucidé à l'épisode 2, et la splendide et terriblement respectueuse ficelle du dynamitage du système bancaire. Permettez-moi de vomir un peu.
Pour ceux qui n'ont pas eu leur dose de V, le masque de Fawkes renaît de ses cendres de la plus hideuse et la plus balourde des manières, laissant le soin au spectateur attentif de relier tout cela au groupe Anonymous (parce que le nom de la maison de prod' était encore une allusion un peu trop délicate).
Les afficionados de Dexter retrouveront la voix off (sans l'envoûtement vocal de Michael C. Hall, désolé), les CD-souvenirs / languettes de sang, le Dark Passenger. Admirable de doigté (dans le fondement). Mais, sérieusement ? Pourquoi ?
Tout bien considéré, je pense qu'il n'y a littéralement rien à sauver sur le fond. Outre des emprunts artistiques qu'un effacement de la dette ne suffirait pas à faire oublier, la psychologie des marionnettes est globalement teintée de la même bourrinitude que les pirouettes scénaristiques. Les rares personnages un tant soit peu nuancés, donc intéressants, sont effacés le plus tôt possible (Shayla), pour ne conserver que les caricatures les plus tragiques, Elliott en tête.
Les méchants sont extrêmement méchants, on nous bassine avec un héros tellement torturé tavu, alors qu'il y a un point de rupture extrêmement rapide, quand on casse les codes à peine établis : tout d'abord maître de son addiction, au moins en apparence, Elliott plonge dans la toxicomanie de bas étage, avec tous les déjà-vu possibles et imaginables en pareille circonstance. Tyrell torture et tue des gens, parce que c'est une raclure, et qu'on n'a pas l'ambition suffisante pour creuser un minimum la psyché des protagonistes. Putain, j'ai même pas encore eu le temps de parler du mari adultérin ou du petit copain de la meilleure amie d'enfance qui se révèle en fait être un gros connard, arrêtons plutôt là...
La seule excuse de cette série réside dans sa forme qui, de plans un tant soit peu fouillés en lumières soignées, habille le néant abyssal de la trame narrative, et donne un écrin digne au jeu des acteurs, admirables selon moi (à l'exception de la femme-plastique de Tyrell), Elliott en tête.
C'est bien là tout ce que je peux concéder à Mr Robot, même si l'on retrouve encore des "inspirations" (Fincher évidemment, pour ne citer que lui) par trop grossières.
Si je devais continuer les comparaisons, je prendrais l'exemple de Jurassic World.
Mr Robot est la série d'un mec qui était/est fan de toutes les sources que j'ai cité plus haut et veut les faire siennes, sans posséder le talent de leurs créateurs et en n'ayant pas toujours compris ce qu'ils voulaient dire initialement.
En résulte une mixture un peu fade, constamment dans l'excès et peinant néanmoins à masquer le vide ambiant.
Entre longueurs débilitantes et jeu de piste consistant à trouver d'où Esmail a tiré son "inspiration", Mr Robot a pour moi simplement été une question de persévérance et de curiosité, la volonté de ne pas écouter les énormes soupçons qui m'assaillaient dès le 3ème ou 4ème épisode, et lui laisser sa chance jusqu'au bout.
C'est chose faite, je pense que ça n'ra pas plus loin, merci beaucoup.
Et désolé par avance pour ceux qui feront de même. Toutes vos intuitions, les twists que vous voyez venir à 15 bornes : eh ben oui, il va les mener à terme.
Putain de hype...