Une série sous-estimée et sous-exploitée... I have no fear, I have only love !

Gypsy est une série qui me laisse un goût d'inachevée... je suis assez partagée et je vais tenter d'expliquer les différents points qui m'ont interpellé durant mon visionnage. L'histoire de Jean, une psychologue nourrissant des liens assez ambigus avec les proches de ses patients reste assez fascinant tout d'abord. La série ose dresser le portait d'une héroïne qui rendra mal à l'aise le spectateur, qui ne s'attachera pas à elle et le laissera indifférent à son sort. Je trouve ce parti pris assez intéressant car il permet de développer un regard plus critique que l'histoire qui lui ai conté.

Contrairement à d'autre critiques que j'ai pu lire, non Jean n'est pas un personnage inintéressant qui fait juste mumuse pour pimenter sa vie de banlieue trop tranquille. L'histoire va beaucoup plus loin et je pense qu'il faut être sensible aux détails et réfléchir sur le peu d'indices que nous récolterons sur le passé de ce personnage qui nous permet de mieux en mieux cerner sa personnalité. Elle apparaît comme une sociopathe qui aime manipuler les sentiments de chacun et mentir pour préserver sa double vie. Mais sommes nous vraiment dans le juste ? N'est ce pas non plus qui tentons vainement de trouver des explications "rationnelles" à son comportement ? N'est pas simplement un personnage qui se cherche ? en tentant d'effleurer justement cette attitude "gypsy" presque folle (en référence à ce mot qui renvoie au sentiment d'insolence, d'incertitude presque de liberté) qui se ment à elle même aussi ?

Chacun sera libre d'interpréter ce qu'il veut et j'aime que la série nous laisse aussi dans ce doute possible pour mieux se saisir des enjeux. De plus le jeu de Naomi Watt arrive à sublimer à merveille l'ambiguïté de son personnage ( à croire qu'elle adore jouer ce type d'héroïne car jean nous rappelle par moment Diane de Mulholland Drive).

Le générique est assez beau également j'aime beaucoup la reprise du titre de Stevie Nicks ça colle vraiment à l'esprit de liberté que tente d'atteindre Jean par moments. Le visuel de la bouteille de whisky est pas mal pensé. Mais bizarrement, je trouve que le ton employé fait vraiment penser à une histoire qui tournera autour de la crise de la "quarantaine" d'une femme bien sous tout rapport qui tente de reprendre les rênes de sa vie alors qu'à fond pas du tout... je suis convaincue que le propos va plus loin mais la série va décevoir.

Le gros soucis de la série se réside surtout dans son rythme et dans la manière dont il raconte la vision du monde que possède Jean. Du moins, comment elle conçoit les relations sociales et les liens que nourrissent ses patients avec leur entourage. Tels des souris de laboratoire, elle tentera à travers quelques dialogues et sous-entendus bien pensées à manipuler ces personnages dans le but de comprendre toujours ce qui pousse au besoin d'attachement.
La plupart des épisodes semblent jongler entre un remplissage inintéressant entre Jean et Sidney qui se tournent autour, entre deux femmes qui aiment jouer avec les lèvres comme pour montrer oui regardez on sait mettre en scène des couples lesbiens youpi ! Bien dommage de limiter cette histoire à des simples échanges pseudo-érotiques. Et les tentatives vaines de suspense qu'on nous laisse avec la double vie que tente de gérer l'héroïne avec les autres patients qu'elle suit et celle d'épouse/mère de banlieue typique, nous lassent aussi rapidement.

Je pense que la série a été mal vendue dans le sens où le thriller psychologique est à peine perceptible ( hormis dans les deux derniers épisodes qui arrivent à insuffler un peu de stress et encore), où l'érotisme à l'écran reste assez timide (bien que certains visuels sont très beau notamment l'épisode où les deux femmes jouent à un action et vérité à la lumière de spots avec couleurs très symboliques jouant sur la dualité des personnages) et où le drame prêche aussi car pas assez sérieux par moment pour vraiment y croire.

Certains thèmes ou personnages prometteurs sont malheureusement peu exploités au profit d'une romance complexe entre les deux femmes qui n'arrivent plus à nous passionner au bout du 5eme épisode. Je pense notamment au personnage du mari Michael (même s'il a quelques scènes bien à lui à son actif) n'est pas assez mis en valeur et semble plus subir les événements qu'autre chose ( mais j'ai l'impression que c'est le propos de la série les hommes semblent être des maris pervers en manque de sexe hardcore, soit des entités fragiles qui cherchent des femmes "fortes" afin de combler un vite existentiel et se sentir vivant ce qui est assez maladroit je trouve).

Mais je trouve que les deux derniers épisodes renversent la tendance et j'ai hâte de voir si une saison 2 est reprogrammée pour voir si tous les personnages seront apportés leur lot de surprises.
J'aime aussi le fait que la série aborde le quotidien d'un cabinet de psychologues. Je trouve que la série est assez crédible là dessus Avec l'idée de supervision que chacun des praticiens effectue pour mieux discuter des cas et réfléchir ensemble, le fait que le psychologue est actif lors des consultions ( bien que trop pour Jean mais faut servir les intérêts de l'histoire). Pour une fois qu'une série n'est pas caricaturale sur ce thème là ça fait plaisir.

La relation entre Jean et sa mère est aussi peu exploitée ce qui est dommage car elles apportent un certain humour et de cynique à une histoire qui en a bien besoin. Les rares révélations sur la vraie Jean vienne d'elle et c'est vrai que j'aurai voulu plus de moments dynamiques comme ceci pour relever le niveau. La série se perd parfois dans un rythme lent assez contemplatif presque sensoriel dans sa démarche ce qui n'est pas un mal en soi mais qui peut frustrer certains spectateurs. J'aime aussi le personnage de Larin bien qu'on souligne à beaucoup de moments qu'elle veut être un garçon, j'aime le fait que la série aborde de façon juste la recherche de l'identité sexuelle ( bien que ça cache aussi j'ai l'impression un passé trouble de jean qui semble prendre très à coeur les problématiques de sa fille). Bref cette saison ressemble plus à une scène d'exposition selon moi pour mieux connaître les personnages, leurs liens et les enjeux dramatiques à venir.

J'espère secrètement qu'une saison 2 pour qu'on arrive enfin à un rythme plus rapide et prenant. Le dernier épisode nous laisse sur cette ouverture et honnêtement il y a un bon potentiel sur cette série. Je veux y croire malgré moi car au fond c'est juste le matériel de base nous a mal été vendu. Cette série mérite quand même une attention et si saison 2 il y a, j'attends un certain niveau de tension et enfin connaître les véritables motivations de Jean dans son ensemble, qu'on ai peur pour elle qu'on vibre, tout en gardant cette belle mise en scène.

Je recommande à ceux qui aime l'actrice et les trames psychologiques de visionner cette série et y forger votre propre opinion. Si vous arrêtez avant la fin je peux comprendre vue le rythme mais essayez de prendre du recul et de vous laisser bercer par cet air de gypsy.

Redit : Une saison 2 ne sera pas reprogrammée malheureusement quel dommage vraiment... la série se termine sur un énorme cliffhanger et laisser de grandes idées scénaristiques pour la suite.. un potentiel vraiment gâché. Au final, comme cette série n'aura qu'une saison on se retrouve avec une histoire qui ne va pas jusqu'au bout de son approche et qui nous laisse une héroïne dont on ne connaîtra jamais les motivations.. de quoi vraiment frustrer le spectateur.