Mini-série de trois épisodes commandée par la chaîne américaine History, créé par Ted Mann et réalisée par Kevin Reynold, "Hatfields and McCoys" s'inspire de faits réels qui ont opposé deux familles faisant partie du patrimoine culturel américain, les McCoy et Hatfield, entre 1863 et 1891.
À travers ces trois épisodes d'environ 90 minutes, Kevin Reynold nous transporte entre la Virginie et le Kentucky pour suivre le conflit opposant deux familles, les McCoy, des agriculteurs profondément chrétiens et les Hatfield. Un conflit qui prend source lors de la guerre de sécession lorsque les deux patriarches des familles combattaient ensemble et que l'un a déserté (Hatfield), pendant que l'autre a été marqué par cette guerre et les morts autour de lui. Un conflit qui va s'enliser au fil des années, commençant par de simples vols de cochons et allant jusqu'à la haine viscérale qui conduit à de sanglantes boucheries, et surtout qui va être transmit à la génération suivante.
Kevin Reynold déroule son récit de manière linéaire et classique mais toujours efficace. Il prend bien son temps lorsqu'il le faut, notamment pour décrire les divers personnages, d'abord centré sur les deux "chefs de familles" avant de s'étendre sur les enfants puis divers personnages autour et notamment un tueur professionnel. Il ne prend de parti-pris pour aucune des deux familles mais les rend toutes deux intéressantes, que ce soit par les personnages, leurs enjeux ou le cadre de l'histoire. Un cadre qui renvoie inévitablement à la construction des Etats-Unis et de la manière dont ont été forgé ses légendes. Une violence inéluctable et ancrée dans les mœurs dont même si on souhaite s'en échapper, elle nous rattrape inéluctablement. Deux familles qui symbolisent que même après la fin de la guerre, ce n'est jamais fini dans ce pays.
Reynold use bien du temps qui lui est donné et du format à trois épisodes. Il s'attarde d'abord sur les deux pères de famille diamétralement opposés (l'un chrétien, l'autre non qui sera surnommé "Devil", l'un tient bien son clan d'une main ferme, l'autre non...) dans le premier épisode où il développe bien le cadre et les enjeux. Puis il rentre peu à peu dans le drame avec quelques sous-intrigues et notamment l'un des fils qui va s'éprendre d'une fille de l'autre clan dans un véritable élan shakespearien et dès lors, les problèmes vont s'accumuler et la haine s'intensifier. L'importance donnée aux différents personnages est bien maîtrisée, et Reynold passe d'un clan à l'autre avec fluidité et efficacité et on s’intéresse à tous ceux qui sont mis en scène.
Bien mis en scène, la tension s'intensifie plus on avance dans le récit mais dans le même temps il ne sacrifie pas l'émotion qui a une place très importante dans l'histoire et bien que parfois légèrement sur-appuyé, ça marche bien, l'émotion passe. Il montre de manière réaliste la violence qui monte en puissance, que ce soit dans les intentions, les gestes ou les actes et il fait preuve d'une certaine habileté derrière la caméra. Les moments forts ne manquent pas et cela, il les retranscrit très bien, que ce soit des personnages face à la mort, des dilemmes cruciaux et importants, tout le final du dernier épisode ou même de simples moments de vies.
Mais la réussite de la série tient aussi à son cadre et la façon dont il est exploité. Reynold nous transporte entre ces deux états séparés par une rivière et sublime ses magnifiques paysages, contrés et forêt, bénéficiant de superbes décors naturels et d'une belle reconstitution des différents lieux de vies (les saloons, les bordels, les habitations...). Mais dans le même temps, c'est l'histoire de l'Amérique, ses coutumes, son évolution, sa mentalité, sa façon de vivre...qui sont retranscrits. "Hatfields and MacCoys" bénéficie aussi de très solides interprétations. Kevin Reynolds retrouve l'un de ses vieux compagnons de routes Kevin Costner qui apporte présence, sobriété et justesse à son personnage et il est bien épaulé par les autres comédiens et notamment Bill Paxton.
Finalement ce fut un énorme succès pour la chaîne History qui créait là sa première série originale. Bénéficiant d'une magnifique reconstitution et de solides interprétations, "Hatfields & McCoys" prend son temps pour développer son intrigue et ses personnages et monte en puissance au fur et à mesure de ses trois passionnants épisodes, sans en oublier l'émotion, pour finalement montrer que la télévision n'a pas grand-chose à envier aux grosses productions Hollywoodiennes, bien au contraire même.
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