Cette adaptation en 6 épisodes des romans de G. K. Chesterton fut un énorme succès populaire pour Cottafavi qui battit des records d'audiences et demeure encore aujourd'hui une pièce maîtresse de sa carrière (pour ceux qui connaissent bien sa vaste et très productive période télévisuelle).
On voit rapidement que le cinéaste devait beaucoup appréciait l'auteur puisqu'il arrive ainsi à en faire quelque chose de personnel au travers du héros, prêtre d'une petite paroisse assez anticonformiste (et progressiste par de nombreux aspects) dont la connaissance approfondie de la nature humaine le conduit à mener des enquêtes policières.
Je ne connais absolument pas l'univers de Chesterton mais ce personnage m'a fait penser à Columbo pour sa nonchalance et sa perspicacité redoutable, bernant ses divers adversaires qui ne le prennent pas vraiment au sérieux. D'où un ton décontracté et chaleureux, presque flegmatique (origine britannique oblige). Ce qui en fait tout le piment est le caractère du Père Brown qui ne juge pas ceux qu'il croise. Pas plus qu'il ne leur fait de leçons au sens strict, même si la morale n'est pas toujours éloignée. On reconnaît en tout cas le goût de Cottafavi pour la nuance et son refus du manichéisme. Dans un épisode d'ailleurs, le Père Brown démasque le méchant en devinant qu'il se déguise pour jouer à tour de rôle deux rivaux politiques. Comme il le dit (je ne me rappelle plus la formulation précise) « Une opposition trop parfaite est toujours douteuse ». Une phrase qui pourrait mine de rien résumer la vision du cinéaste et son goût pour les personnages/situations jamais ni blancs ni noirs.
Les épisodes durant pratiquement une heure, et même si la série est vraiment plaisante, je n'ai pas eut le courage de me faire 4 épisodes d'affilée le même soir (contrainte de programmation). Je n'ai donc pas vu les épisodes 3 et 4, sachant que tous sont indépendant les uns des autres bien que le premier épisode introduit le comparse du héros qui reviendra à chaque épisode à priori : un voleur devenu policier.
Le « pilote » est à ce titre vraiment savoureux, bien qu'assez peu crédible dans le jeu de pistes laissés par le Père Brown qui retourne contre un brigand ses propres techniques de larcins avec un humour presque absurde puisqu'on n'en comprend pas toujours les raisons sur le moment (jeter un verre de café contre un mur, inverser le sel et le sucre, briser une vitre, laisser de l'argent sur un arbre en échange des fruits cueillis). Le duo entre Renato Rascel et Arnoldo Foà fonctionne d'ailleurs très bien.
Les autres épisodes seront un peu moins inspirés car les relation entre le détective en soutane et les nouveaux protagonistes ne sont plus autant croustillantes. Le tournage en studio offre aussi moins de respirations bucoliques (très en adéquation avec la bonhomie du premier épisode) même si elle permet au cinéaste quelques mouvements de caméra très sophistiquée pour une production télévisuelle de cette époque.
Parmi les enquêtes on trouvera ainsi une rivalité politique entre deux adversaires qui vire au pugilat, un banquier craignant que des bandits des grands chemins ne le soulagent sur une route des balkans ou encore un majordome soupçonné du meurtre de son patron.
Si I racconti di Padre Brown a pris un petit coup de vieux, l'approche, le ton et son héros en font une mini-série profondément attachante auquel on aimerait bien revenir de temps en temps. Et ça donne envie de connaître un peu plus en profondeur la filmographie de Cottafavi pour le petit écran.