Une équipe de braqueurs montent une prise d’otage à la Fabrique nationale de la monnaie et du timbre d’Espagne, dans leur but d’imprimer leurs propres billets. Mais le plan a beau être parfait, il ne se déroule pas comme prévu.
La Casa de Papel est une série créée par Alex Pina pour la télévision espagnole, mais devenue célèbre dans le monde entier grâce à Netflix. Et son statut culte s’explique facilement : des prémices brillants et originaux, un scénario diaboliquement efficace —qui s’inspire juste ce qu’il faut d'Inside Man—, des visuels forts —tenues rouges et masques de Dali—, de bons acteurs —entre autres Pedro Alonso, marquant en Berlin psychopathe—, et un générique inventif porté par une chanson à succès.
Pour autant, si la série est indéniablement bonne, elle m’est apparue comme légèrement surcotée. Car elle n’est pas exempte de défauts, loin de là. Dans son écriture en particulier.
Tout d’abord, le rythme. Beaucoup de péripéties ne modifient pas la dynamique entre les personnages. Arturito essaye de s’enfuir plusieurs fois, sans conséquence. Allison se rebelle à plusieurs reprises, sans conséquence. Berlin s’écharpe avec les autres braqueurs, sans conséquence. Etc. Même quand Nairobi annonce fièrement le début du « matriarcat », rien ne change ou presque et un ou deux épisodes plus loin, Berlin revient aux commandes comme si de rien n’était.
Bon, parfois il y a vraiment des conséquences sur le long terme, mais du coup les rebondissements précédents ne sont pas vraiment nécessaires à l’histoire. Et c’est un paradoxe de La Casa de Papel : on a parfois l’impression que la série se répète, alors que ce n’est jamais strictement le cas.
Ensuite, certains retournements de situation sont vraiment capilotractés. Par exemple le coup du cheveu roux sur la veste du Professeur, ou la mère de Raquel qui a un trou de mémoire au moment le plus opportun. Ou Raquel elle-même qui disparait du poste de commandement comme bon lui semble.
Le choix d’une narration omnisciente de Tokyo est également contestable, car elle n’apporte pas grand chose et n’est en réalité pas le personnage central de la série.
Enfin le thème de la résistance, qui se cristallise autour de la chanson Bella Ciao, est complètement factice. Parachuté de nulle part à la fin de la première saison, il ne réapparait qu’à la fin de la seconde, n’est pas développé et n’apporte rien à l’histoire. Le Professeur n’avait pas besoin de ça pour s’affirmer en tant que personnage romantique, et malgré ça Berlin n’en est toujours pas un.
Un mot sur la réalisation. Elle est la plupart du temps fonctionnelle et sans âme, même si de temps en temps, un plan ou deux est vraiment agréable à regarder.
Bref, La Casa de Papel est une bonne série qui ravira les amateurs de films de casses. On lui pardonnera ses maladresses d’écriture car elle reste divertissante. J’ai un peu peur de la saison 3 commandée par Netflix, car l’histoire est déjà terminée. Réponse en septembre 2019.