Difficile de parler d’une suite au Millenium de Fincher. Le réalisateur (Fede Alvarez), les scénaristes, les acteurs, le compositeur, le chef op… sont tous différents ! En plus, il n’adapte même pas le second volet de la trilogie de Stieg Larsson, mais va chercher un quatrième volet écrit par David Lagercrantz. Le seul point commun entre ces deux films est une partie de la production. Voilà.
Pourtant, le film se revendique (mollement) et se construit comme une suite. Cette démarche mercantile visant à capitaliser sur la notoriété de The Girl with the dragon tattoo ne trompera personne plus d’une demi seconde. Elle n’en reste pas moins fort malhonnête et déplaisante.
Surtout qu’il s’agit d'une mauvaise suite. Les traumatismes familiaux de Salander sont présentés comme si on les connaissait déjà… alors qu’il s’agit de background développé dans les tomes 2 et 3 ! Qui, au passage, auraient du être adaptés par Fincher à la suite de son film de 2011. On nous parle d’histoire de suicide de sa soeur, de la mort de son père, mais tout reste très vague et les révélations de milieu de film ne sont du coup pas très marquantes… en plus d’être très attendues.
Un autre élément révélateur est la relation Salander/Blomkvist, complètement ratée. Encore une fois, elle repose sur des éléments développés dans les tomes intermédiaires : des articles que Blomkvist a écrits sur Salander. Mais surtout, on est en face d’une incroyable erreur de casting avec Sverrir Gudnason. Non pas que l’acteur soit spécialement mauvais, il est juste assez fade, mais il parait plus jeune de Claire Foy ! Normalement, Blomkvist pourrait presque être le père de Salander, ils entretiennent une relation confuse en partie parce qu’une génération les sépare ! Ici… tout tombe à l’eau. Et, de base, Blomkvist apparait une fois toutes les vingt minutes pour faire quelque chose que Salander aurait très bien pu faire elle-même. "Ah oui, tiens, ce personnage existe"
Du coup, même en oubliant qu’il s’agit d’un film Millenium, que peut-on en retenir ? Principalement un scénario mal maitrisé plein de clichés et de problèmes de rythme. Le Firefall est un McGuffin bateau comme on n’en fait plus, les personnages se tireraient dans les pattes pour récupérer une liste d’agents secrets ou le secret de la recette aux onze épices du Colonel Sanders, ce serait PA-REIL.
Entre les réactions plus ou moins crédibles des personnages, certains retournement de situations capilotractés et certaines incohérences dans le récit (ou au minimum un manque d’explications), le film traine en longueur, y compris sur ce qui devait être son climax.
Finalement, je n’y ai pas cru une seule seconde. Salander passe de gamine géniale, instable et torturée à la fille de James Bond et de Batman au caractère beaucoup plus plat, l’histoire est du réchauffé, les personnages sont creux quand ils ne sont pas tout simplement ridicules. Le gamin, par exemple, qui en n’a mais rien à secouer du meurtre de son père sous ses yeux. Code Mercury avait une histoire de gamin surdoué pourchassé par des agents secrets autrement plus intéressante, c’est dire !
Après, il n’est pas évident de faire la part des reproches entre ce qui relève du film et de son matériau de base, surtout que je n’ai pas lu le bouquin. C’était pas horrible au point de vouloir sortir de la salle, mais quand on commence à regarder sa montre au milieu du film, c’est pas bon signe.
Du film, je retiens quand même deux bonnes choses : la performance d’actrice de Claire Foy, tout à fait crédible même si le personnage de Salander est pas si intéressant, et la réalisation de Fede Alvarez (dont je n’ai pas vu les précédentes œuvres). On remarque directement une attention soignée à l’esthétique de ses plans ainsi que des mouvements de caméras qui me semblent inspirés de Fincher. C’est louable, mais pas encore vraiment maitrisé (idem pour le montage), et souvent complètement gratuit.
Bref, The Girl in the spider's web est une mauvaise suite qui n’a pas bien compris son matériau de base et un mauvais film d’action tout court. Fincher, reviens !