A la lecture du roman, il était évident que ce quatrième opus de la série Millenium (le premier qui ne soit pas écrit par Stieg Larsson) avait été écrit pour le cinéma. Plus direct et moins cérébral que les 3 premiers tomes, Ce Qui Ne Me Tue Pas relève du thriller on ne peut plus classique, avec son lot de scènes d’action et un suspense assez efficacement amené (plus dans le livre que dans le film ceci dit).
Malheureusement, l’adaptation est laborieuse et pêche dans la restitution d’une intrigue réduite à sa plus simple expression, éliminant ou simplifiant tous les arcs un tant soit peu excitant (cybercrime, investigation journalistique, réseaux mafieux…) pour ne faire de ce nouveau Millenium qu’un vulgaire vigilante movie entièrement dédié à une héroïne. Une Lisbeth Salander qui perd énormément en complexité. Le scénario prend de trop nombreux raccourcis et souffre de trop d’incohérences pour ne pas plomber la réalisation maîtrisée de Fede Alvarez (l’excellent Don’t Breathe) et la performance de Claire Foy, crédible mais moins intense que Rooney Mara. D’un autre côté, l’actrice anglaise n’est pas forcément très bien servie par des dialogues plats et un personnage beaucoup moins riche à défendre. Quant au personnage de Blomkvist, il est littéralement sacrifié.
On est à des années lumières de l’intransigeance et la maestria de David Fincher pour The Dragon Tatoo. Surtout, ce genre de thriller très balisé souffre de la comparaison avec des séries de plus en plus exigeantes et documentées, qui peuvent se permettre de développer des intrigues criminelles ou géo-politiques et de construire ses protagonistes en profondeur sur la durée.
Si bien que Ce Qui Ne Me Tue Pas semble hérité d’un autre temps et apparaît terriblement daté.