Autant le dire d’emblée, Ma Loute m’est passé complétement au-dessus.
Comédie burlesque, voir grotesque, empreinte d’une excentricité peu commune, le film de Bruno Dumont est si singulier qu’il ne peut que susciter des réactions très variées, généralement diamétralement opposées. L’expérience que j’ai eue de Ma Loute me range plutôt du côté de ses détracteurs.
A son crédit, une réalisation d’un soin extrême, des plans superbes sur la côte d’Opale dans les années 20, une mise en scène ample, alternant plans larges et portraits comme autant de toiles de maîtres.
Ma Loute est beau. L’objet de cinéma est beau. Ce qu’il montre beaucoup moins.
Et en particulier ses personnages, d’une profonde laideur, aussi bien physique que morale. Dumont ne fait rien pour qu’on les aime. Ils sont mal aimables, à l’image d’un film souvent imprégné d’un désagréable sentiment de malaise. A quoi bon s’y intéresser ? Pourtant les sujets forts abordés par Ma Loute sont légions, mais désincarnés, donc vains. Que ce soit la lutte des classes, l’identité sexuelle, l’inceste ou même le cannibalisme (ce n’est pas rien), tout est noyé dans une surenchère de cabotinage et une légèreté crasse qui n’a au final rien d’amusante. Si Dumont questionne sur le mal et ses supposés suppôts, il le fait avec une désinvolture qui laisse pantois. D’autant plus qu’en mixant acteurs professionnels lâchés en roue libre et amateurs au jeu très, mais vraiment très approximatif, il crée une espèce de gloubigoulba indigeste, une troupe hétérogène et mal assortie difficilement compréhensible à l’image du gonflé (gonflant ?) commissaire Machin qui, lorsqu’il n’oublie pas son texte, le baragouine de manière inaudible.
Ayant reçu un accueil royal à Cannes, Ma Loute doit avoir de grandes qualités auxquelles j’ai été complètement imperméable. Après m’avoir un temps dérouté, il m’a rapidement dérangé pour finir par m’épuiser, sans jamais vraiment m’amuser. Et tout en laissant un petit goût rance une fois le générique déroulé…