Un bon titre est très important pour une bonne série. Ici on peut se fier au titre original « Game of Thrones », un jeu, une lutte des trônes, illustrée par le générique d'ouverture où tout n'est qu'engrenages. La force de cette série de fantasy est de laisser la fantasy à la marge, et de se plonger dans la politique. Pas la politique de nos (pseudo-) démocraties vernissées modernes, mais celle des luttes de pouvoirs féodales, qui se traduisent aussi bien par des grandes batailles épiques à la Seigneur des anneaux que dans des trahisons de cour à la Reine Margot. On en revient aussi à la notion du devoir et des unions arrangées, mais aussi celle des vraies passions au sort souvent funeste. Ce feuilleton arrive à point nommé quand nos politiques occidentales sont de plus en plus conspuées par leurs citoyens, pour redéfinir la relation des hommes au pouvoir. Ici on ne s'intéresse presque qu'aux familles royales, et à leurs intrigues fétides. La force de la série réside aussi dans son refus de l'auto-censure, en en rajoutant parfois gaiement dans les scènes de tortures et de sexe, et en empêchant l'identification du spectateur à des héros en faisant sauter les têtes de ceux qu'on a appris à aimer suivant le schéma hollywoodien. Valar morghulis, tous les hommes doivent mourir, même les héros. Pas de politiquement correct dans cette fable politique, c'est tous pourris mais aussi tous humain. Et c'est sans doute ceci, un budget de 60 millions de dollars par saison et des acteurs bien choisis qui motive les critiques dithyrambiques à son sujet. Le Trône de fer est en tous cas perfectible, et n'évite pas les lieux communs, mais cette série ne faiblit pas durant ses cinq saisons, et vaut quantité de films médiévalo-fantasystes qui ont précédés.