Joli coup des japonais que de programmer la saison 2 des Brigades Immunitaires et Les Brigades Immunitaires Black, le même soir, souvent côte à côte. Certains trouvent que ça fait doublon, personnellement je trouve qu'au contraire, tout le sel est dans la diffusion parallèle de ces deux animés.
Ainsi, après ta petite dose de cours théorique sur le corps humain, sur comment il fonctionne, avec des petits personnages mignons et des explications rigolotes, tu as des leçons sur comment foutre en l'air tout ça et sur comment un corps en mauvaise santé va littéralement faire souffrir tes cellules. Et les exemples sont massifs : cholestérol, tabagisme, alcoolisme, addiction à la caféine, manque de sport qui mènent tour à tour à des problèmes comme un manque des cellules, des toxines, des caillots sanguins, des problèmes érectile et même une petite MST.
Et pour le coup, l'anime ne lésine pas sur le côté plus sombre et plus adulte, que ce soit dans le scénario avec le côté "tout le monde peut mourir" (il ne fait pas bon être pote avec le protagoniste principal, voire être son mentor) que dans des trucs plus triviaux : ça parle de sexualité y compris dans certaines métaphores (le foie est une sorte de quartier des plaisirs pour globule rouges), les plaquettes sont loin d'être les gentille petite fille du premier animé et les globules blancs ont des seins énormes.... parce que pourquoi pas.
Mais ce qui est intéressant c'est qu'il y a une sorte de message social super pessimiste dans cet animé. En effet, le corps humain est décrit comme une société complexe dans lequel chacun a son petit role à jouer, et ce corps malade ressemble à une société ultra-liberaliste où les profits ne sont pas redistribués : les effectifs sont de plus en plus réduits, on demande plus de sacrifice aux simples employés et ce, sans aucune rétribution, voire même l'impression que ça se dégrade de plus en plus.
Du coup, non seulement le corps en souffre avec pas mal de moments où les cellules sont désorganisées, mais en plus celui qui fait très bien son travail et se décarcasse... ne change rien à sa condition. Et c'est en ça que c'est fort, l'animé montre que le mythe du sacrifice individuel ne sert pas à grand chose : si la société ne change pas dans son ensemble (c'est à dire que l'hôte prend mieux soin de son corps ce qui permet aux cellules de mieux travailler et en retour de bien le protéger) c'est pas les individus isolés qui le changeront.
Et cela passe par un personnage principal, qui le pauvre, est un punching ball vivant et qui doit assumer tout un tas de merde qui lui arrive sans arrêt. C'est même parfois cruel que certains Seinen que j'ai pu regarder même si je ne suis pas SI attaché que ça aux protagonistes dont je sais qu'ils ne vont pas des masses évoluer. Le gars subit tellement que j'ai cru que les paroles du générique disaient "Die Jobu" ("Meurs Job") au lieu de Daijobu ("je vais bien") Là encore le parallèle avec la globule rouge de la série originelle, un peu gaffeuse mais auquel il n'arrive rien de mal parce qu'elle est dans un milieu protégé fonctionne.
La série n'est pas exempte de défaut. Comme d'hab en tant que spin-off des brigades immunitaires ça reste super verbeux, les personnages commentant sans arrêt ce qu'il est en train de se passer. Alors, c'est un peu nécessaire des fois, d'autant plus qu'on ne voit pas du tout le corps de l'extérieur, et qu'il faut qu'un mec du cerveau informe que "ha mais ce gaz carbonique, ça doit venir des clopes que notre hôte fume" (Avec le temps je m'imagine que l'hôte est un vieux salarymen alcoolique, fumeur qui taffe très tard et dort peu...) Mais c'est parfois un peu lourd, notamment lorsque ça parle des émois des personnages et qu'on sait que non, c'est pas un globule rouge qui arrivera à résoudre un problème d'artère bouchée et que le voir faire un discours encourageant ne va pas servir à grand chose.
Après, j'ai été spoilé du twist de fin de saison, mais j'ai l'impression que c'est plus une accroche vers le manga qu'une véritable porte ouverte pour une saison 2. Mais l'idée est assez géniale.
Voilà, en tout cas, j'ai bien aimé. Grace à cet animé je ne dis plus "on se fait un apéro ce soir" mais "ça te dit d'envoyer tes globules rouges dans un bar à pute" et rien que pour ça, merci.