Pourquoi tant de haine ?
J'avoue avoir été surpris par l’acharnement à l’endroit de “Marseille”. Bien sûr, la série n’est pas exempte de défauts - citons en vrac : Le côté hésitant (surtout dans les premiers épisodes) de...
le 8 mai 2016
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À peine sortie et déjà enterrée par la critique, Marseille a déjà fait couler beaucoup d'encre. "Navet", "nanar", "accident industriel", "bouse", "naufrage",... toutes les joyeusetés ont été de sorties. En me lançant dans ce petit marathon netflix, mes attentes étaient donc loin d'être folles.
Je viens d'achever cette première saison et force est de constater que c'est loin du four annoncé. Certes c'est un peu maladroit, parfois téléphoné mais ça reste une série respectable qui ne mérite pas tout le flot d'insultes qui fleurissent sur la toile.
La réalisation souffre d'un côté "m'as-tu-vu" en tentant constamment d'ériger artificiellement des scènes iconiques à coup de ralentis de très mauvais goût. C'est non seulement bancal mais c'est aussi contre-productif; ce procédé nous déconnectant émotionnellement de certaines scènes marquantes. Même chose avec les petits plans aériens douteux agrémentés de bruitages angoissants comme dans Lost.
Pour autant, tout n'est pas à jeter. Lorsque la réa. s'assagit enfin, elle reste tout à fait convenable. La ville de Marseille constitue un décor naturel excellemment bien exploité et bien mis en valeur. La Grande Roue, la Canebière, la mairie, le stade Vélodrome, le port, le marché de la criée aux poissons, la basilique Notre-Dame-de-la-Garde,... tout y passe et c'est plaisant à voir.
Les acteurs sont relativement bons. Depardieu est convaincant dans le rôle titre. Magimel délivre une prestation pas toujours à la hauteur mais globalement plus que correcte. Le reste du casting n'est pas franchement mauvais, mais on sent très vite les difficultés qu'ils rencontrent pour composer avec leurs rôles caricaturaux.
Par contre, il faut bien reconnaître qu'ils sont tous assez mal dirigés et surtout sont mal desservis par des dialogues parfois surréalistes et souvent téléphonés.
Petit florilèges de quelques perles qu'on a pu entendre :
"À part ma queue, qu'est-ce que tu veux Vanessa ?"
.
"Qu'elle se tape des branleurs, je m'en fous...mais pas Barrès"
.
"[Il] est pédé comme un phoque."
"Et alors ?"
"Tu irais sur la banquise ?"
.
"Vous trouvez pas bizarre, qu'on se touche le zob en parlant de Picasso ?"
Je précise que j'ai sélectionné le pire dans le but d'amuser la galerie. Encore une fois, certains dialogues sont assez efficaces et plutôt bien amenés.
Marseille tente de jongler entre une intrigue politique assez intéressante et une intrigue familiale conventionnelle, insipide et soporifique. On oscille entre un House Of Card (version lidl) et du Sous le Soleil/Plus Belle la vie. Il y a tout de même quelques rebondissements qui allient plutôt bien les deux mais c'est loin d'être la règle.
C'est dommage parce que les histoires de cœurs/cul rendent les trajectoires individuelles finalement assez prévisibles et réduit fortement la complexité de l’échiquier politique que la série était censée dérouler.
La cité est également représentée de manière caricaturale. Au delà des poncifs du genre qui sont parsemés tout au long des épisodes, on assiste à l'arrivée assez surréaliste du duel électoral au sein des quartiers chauds; les gros bras troquant leurs armes contre des affiches électorales distribuées pour soutenir leur candidat, quitte à en découdre. C'est assez ironique au regard de la désaffection générale des Français à l'égard la politique...
La série joue également la carte de la subversion. Paroles crues, multiples scènes de sexes (de la promotion canapé à la scène lesbienne en passant par le bain de minuit), nudité assumée, tentative de viol, prise de coke/md, assassinat sauvage... Ces aspérités apportent un peu de relief et de consistance à la série mais certains passages peinent à s'intégrer naturellement dans le récit.
Résultats des courses. Marseille offre un cocktail maladroit, mais avec suffisamment d'intérêt et de rebondissements pour se laisser regarder. Sans conteste, le binge watching fait du bien à la série. Il n'est pas sûr que j'aurais tenu sur la longueur avec une diffusion hebdomadaire.
La saison 1 s’achève avec un cliffhanger un peu frustrant et on se demande bien si on aura l'occasion de voir la suite, vu la réception critique de la série. En attendant, je me demande bien comment TF1 va se dépatouiller pour diffuser les 2 premiers épisodes sans censure...
Créée
le 5 mai 2016
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