Je hais le bindge watching imposé :
Ce qu'il y a de chiant avec les séries Netflix, c'est ce côté : "Tiens, voilà 13 épisodes de cette série qu'on a fait cette année et dont on te tease depuis 6 mois. BOUFFE !" Et du coup, malgré les gens qui te disent "mais tu peux suivre cette série à ton rythme, si tu veux" ça sonne un peu plus comme du "tiens, voilà cette boite de Ferrero Rocher qu'on te file à Noël... mais surtout n'avale pas tout d'un coup."
Évidemment, vous allez tout mater en moins d'une semaine et on vous incite à le faire :
- D'une part, la saison étant construite sur une histoire d'un seul tenant, il n'y a pas vraiment de moment de "temps mort" qui vous inciterait à prendre une pause.
- D'autre part, si vous souhaitez faire des recherches sur la série sur le net, comparer avec les super-héros Marvel sur wikipédia, donner votre avis (ici par exemple...) échanger sur l'expérience que vous avez vu ou ne serais-ce qu'aller sur TvTropes (mon plaisir quand j'ai vu un film ou une série) bah, vous ne pouvez pas à moins d'avoir vu TOUS les épisodes, car évidemment, vous risquer à tout moment de vous faire spoiler. Tu es toujours en décalage avec le reste du monde quand tu regarde ce genre de programme.
Surtout qu'après l'avoir maté, tu te dis : "ok, bah, va falloir que j'attende un an la saison 2."
Bref, les séries Netflix sont à destination des gens qui s'enferment dans leur cave pour mater une série IMMÉDIATEMENT le jour de sa sortie ou n'éprouvent AUCUN besoin de communiquer avec les autres gens sur ce qu'ils voient. Alors, autant ça m'arrive de pratiquer le "bindge watching" pour rattraper une série en cours ou voir une série finie, autant l'idée de bindge watcher une série qui vient de sortir est un peu gonflant.
Même formule que Daredevil :
J'ai relu la critique que j'avais faites de la série "Daredevil" et en fait, la série reprend les mêmes bonnes idées :
D'abord avoir un méchant ultra-charismatique dont la menace est assez crédible pour durer une saison et qui peut être vu comme un "maître d'échec" mais sans que ce soit abusé. Avec Daredevil, on voyait l'empire de Wilson Frisk se monter, le personnage acquérir en profondeur et les histoires avec ses différents sous-fifres jusqu'à l'affrontement final. Ici, le méchant est un solitaire mais son pouvoir a un potentiel tellement badass (il serait dans Street Fighter, on aurait parlé d'un "personnage cheaté") qu'il en est vraiment flippant. Kilgrave, joué par David Tennant est un monstre terrifiant, capable de se faire commander par la seule voix (en gros, il te dit "va te jeter sous les rues d'un bus" et tu le fais...) et n'ayant aucune once d'empathie. Comme on est sur Netflix, ils ne se sont pas privés pour montrer à quel point un pouvoir comme le sien peut amener des choses horribles !
Il faut aussi que le personnage principal qui l'affronte soit intéressant et qu'il ai son côté sombre. Jessica est une ancienne victime de Kilgrave, dotée de super-pouvoir, alcoolique, désagréable et rude et par petites touches la série explore son passé, ainsi que celui de son ennemi. Le début de la série la montre comme étant une détective privée, mais tout comme on n'a pas beaucoup vu Matt Murdock et son pote Foggy aller beaucoup au tribunal dans la première saison de Daredevil, ici le côté "enquête détective" s'estompe très vite face à la menace Kilgrave (sa seule présence du personnage obligeant Jessica à être extrêmement paranoïaque.)
C'est d'ailleurs un défaut de la série puisque cette traque s'étire un peu trop après l'épisode 9 et ne se renouvèle qu'après une sorte de plongée aux enfers que j'ai trouvée par moment un poil trop "gratuite" et un peu trop artificielle. La saison n'a que deux "méchants" principaux (et je ne peux pas parler du second sans spoiler...mais il est pas très fin...) et au final, j'ai parfois soupiré devant la redondance de certaines séquences.
Et il y a comme dans Daredevil, des scènes d'actions, de l'immoralité, du gore (un peu moins ceci-dit) et de la torture psychologique. Beaucoup de torture psychologique même. Et une abondance de gens cassés par la vie, d'alcooliques et de scènes filmées de nuit.
Une série féministe
Bon, on avait dit que Daredevil était une série machiste à l'époque, et j'avais déjà trouvé ça un peu suspect comme remarque (Karen n'étant pas une potiche ou une demoiselle en détresse..) Mais là, si j'en vois encore un dire que chez Marvel, on est macho, je grognerais : nous avons une héroïne forte-tête et indépendante, aidée par sa soeur adoptive (Trish Walker) qui malgré son absence de super-pouvoir se défend à la baston et servant d'aide. Elles sont aidées par une avocate lesbienne (Jeri jouée par "Carie Anne Moss" qui joue très bien les personnes froides et peu empathiques...) en instance de divorce (montrant que "oui, les homosexuels ont les mêmes emmerdes que nous avec le mariage") et on voit entre autre une soeur timbrée ultra-protective, une prisonnière déterminée et ...
l'infirmière de Daredevil.
La série, par le biais du personnage de Kilgrave parle de viol : celui-ci se faisant obéir sur parole, tout acte sexuel avec lui est fait indépendamment de la volonté de celle avec lequel il parle. Cela peut renvoyer aussi à la vie réelle où un viol est interprété par sa victime, sur le coup, comme un acte consenti et que celle-ci ne réalise que bien plus tard qu'il s'agissait d'un abus. Ca parle aussi de l'avortement, évoque un petit peu les prisons pour femme.
Bon, après, un type peut arriver avec une sorte de "Bechdel Test de la mauvaise foi" expliquant que la plupart des discussions de ces jeunes femmes tournent autour d'un mec. C'est à dire Kilgrave. Mais bon, ça serait un peu abusé.
Évidemment, on trouve des personnages bons et masculins en la personne de Malcolm le voisin de Jessica ainsi que celui de Luke Cage, un autre super-héros qui a un rôle bien développé dans cette série (avant d'avoir prochainement la sienne.) Pour le coup, je trouve le personnage un poil trop "lisse" mais ça, j'en reparlerais dans les spoilers.
Spoilers
Pour le coup, j'ai pensé durant toute la saison : "Mais pourquoi PERSONNE n'affronte Kilgrave en mettant des boules Quiès/un casque sur les oreilles ?"
Et il s'avère que dans le final, Trish utilise ce moyen (brièvement...) pour moi, ça tombait un peu sous le sens. (Autre chose qui montre que Luke Cage est un peu stupide... Jeri aussi d'ailleurs.)
Pas mal de choses aussi m'avaient traversés l'esprit :
- Faire l'appel à des gens sourds.
- Faire appel à des immigrants espagnol/hongrois qui ne comprennent pas un mot d'anglais (quoique le mot "stop" se comprend dans toutes les langues...)
- Lorsque Jessica choppe Kilgrave (elle a réussi 3 fois quand même) elle aurait pu lui mettre une boule sado-maso sur la bouche de Kilgrave voire mieux... lui arracher la langue. C'est certes sadique, mais si elle le voulait vivant ET inactif, ça restait quand même le meilleur moyen.
Au final, je trouve que si la saison a montré un côté très noir à partir du moment où Hope se suicide, cela part un peu trop en roue-libre, notamment sur le personnage de Will Simpson qui manque franchement de subtilité (c'est pire dans le comic book me diront les fans.)
Par contre, je ne comprends plus Marvel, là : L'impression que le MCU mélange tout et tente de faire des films en série et des séries en films devient de pire en pire.
Je me suis plaint dans mes critiques que certains films Marvel ressemblaient plus à des séries mais en film, tentant en heure et demi / deux heures de créer à la fois une histoire propre tout en insérant de force un maximum de mythologie et de continuité. Ce qui fait que certains films sont bancals parce que ne servant que de "passe plat" à une intrigue en plusieurs films (Iron Man 2) ou que certains films ont des passages incompréhensible si on a pas vu le reste de la saga (Captain America 2 / Ant Man.) Et ils ne se privent pas pour faire des clins d'oeils à foison.
Et là, nous avons une série Marvel qui se passe non seulement dans le même "univers" que le reste, mais dans la même ville, voire le même QUARTIER que Daredevil. Pourtant, la grande partie de la série n'en parle JAMAIS et préfère faire de vagues allusions aux Avengers. Et quand on en fait allusion, c'est en ramenant l'infirmière jouée par Rosario Dawson dans le dernier épisode qui en parle avec la subtilité d'un éléphant. Elle aurait tatoué "coucou, j'ai couché avec Daredevil" sur le front que ça ferait la même chose et c'est encore plus confus pour les fans de l'autre série de Netflix, puisque dans mon souvenir elle s'était barrée de la ville.
On aurait pu faire largement plus subtil, d'autant plus que contrairement aux films de la MCU, une série peut prendre le temps d'intégrer un élément étranger. Ne serait-ce qu'en background : on aurait pu entendre parler de l'affaire Wilson Frisk dans les nouvelles, entendre parler de la reconstruction de Hell Kitchen, voir le bar où Foggy et Matt ont leurs habitudes ou d'autres petits clins d'oeils dans le genre.
A l'inverse, la série "Luke Cage" ne pourra pas faire l'impasse d'être une suite de "Jessica Jones" ( ou alors, il faudra que celui-ci évite de parler de sa défunte femme et des révélations qu'il a commencé à apprendre sur elle.) Il faudra voir si les scénaristes sont assez bons pour nous offrir une saison qui peut se voir indépendamment, sans être frustrante pour ceux ayant déjà vu "Jessica Jones." Et surtout, il faudra rendre le personnage de Luke Cage intéressant, parce que pour l'instant, j'ai du mal à le trouver attachant et ça reste la série du projet "The Defenders" qui m'attire le moins.
De plus, la saison 2 de Jessica Jones arrivera-t-elle à être intéressante sans Kilgrave ? Quelques jalons ont été posés ici ou là avec le programme de création de super-soldats, mais l'essai doit être transformé.
Du coup, c'est quand même super frustrant Netflix, parce qu'on a à peine fini un truc qu'on veut savoir comment ça se passe dans la saison prochaine. Frustration, toujours de la frustration.