Il y a quelques temps de cela, l'émission de voyages pour bobos Parisiens en manque d'aventures de France 2, se trouvait au plus mal au niveau des audiences. La direction semblait vouloir annuler cette coûteuse machine à s'émouvoir facilement si l'audimat ne grimpaient pas un tant soit peu.
Les têtes pensantes de la chaîne se penchèrent sur l'émission avec L'animateur- créateur - producteur Frédéric Lopez pour tenter de rafraîchir et redynamiser le programme.
L'ancienne structure de l'émission avait fait ses preuves mais n'attirait plus les spectateurs. Spectateurs las de voir ces artistes pleins de fausse empathie allaient jouer les dames-patronnesses avec ces peuplades sauvages, primitives, vivant à demi-nus et qui n'avaient absolument rien demander à personne. Ces pauvres autochtones devant se fader la terne Muriel Robin se tartinant les nibards de boue en Namibie et finissant l'émission comme elle termine toutes ses émissions, en pleurant. Ces programmes voyeuristes d'un nouveau genre n'absorbaient plus la ménagère de moins de cinquante ans en manque d'émotions faciles. Timsit, Jugnot ou Adriana Karembeu ne faisaient plus vibrer les spectateurs blasés de la chaîne publique. Même le jovial Kev Adams s'était fait chasser de chez les Suri d’Éthiopie lorsqu'il avait essayé sur ce fier peuple de guerriers Africains quelques sketchs de son dernier spectacle. Pour Frédéric Lopez, il fallait agir et au plus vite.
Après des dizaines de séances intensives de brainstorming avec les pontes de la chaîne, après plusieurs versions du programme étudiées avec le plus grand soin, la direction de France 2 s'arrêta sur l'une d'entre elles qu'elle pensait prometteuse, et tenta le coup.
L'idée pour rajeunir l'émission et impliquer un peu plus les téléspectateurs était de prendre les nouvelles idoles d'une jeunesse décérébrée mêlées à des personnes de "la vraie vie".
Des stars de la téléréalité et le premier con qui passe en quelques sortes. Brenda et Steven des "Anges à la Grande-Motte" et votre serviteur, donc. Une idée étonnante et osée pour un service public en perte de vitesse qui semblait abandonner sa quête de sens pour une quête d'audimat assez risquée.
Mes papiers tamponnés, mes bagages pliés, mes adieux au poster du fessier d'Alexis Texas trônant au dessus de mon lit faits, je pris mon train pour la capitale en regardant une dernière fois derrière moi ma douce contrée Occitane. Arrivé à l'aéroport, je fus accueilli par le sympathique Frédéric Lopez qui m'annonça qu'il fallait encore attendre nos deux jeunes stars de téléréalité qui n'étaient pas encore arrivées. Lopez était assez agité et m'expliquait avec force détails la nouvelle direction qu'il voulait donner à son émission: Une vraie ouverture aux spectateurs, aux gens du "réel" comme il disait, et à la téléréalité; quelque chose de plus rythmé, de plus coloré en quelque sorte. L'animateur s'exaltait en faisant de grands gestes,tentant de s'auto-persuader du bien-fondé de son choix; mais cet optimisme bruyant et claironnant me semblait sonner tout de même un petit peu faux.
Au bout d'un quart d'heure, nos deux jeunes "Anges" arrivèrent en riant et chargés comme des mules Tibétaines, au quai d'embarquement numéro 3 de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. Nos deux amis traînaient derrière eux deux énormes malles et un bagage à main chacun. Dès qu'ils nous vîmes, ils nous firent de grands gestes et se mirent à crier beaucoup trop fort pour être honnête. Nous fîmes rapidement connaissance et embarquâmes dans l'instant pour une destination encore inconnue.
C'est dans l'avion que Frédéric Lopez nous annonça d'une voix grave et d'un ton un peu surjoué la destination de notre aventure. C'est en Amérique du Sud qu'allait se dérouler notre séjour; à la découverte de peuplades inconnus et de cultures en voies d'extinction.
C'est à la rencontre des Mascho-Piro dans la forêt Amazonienne du Pérou que devait nous amener ce vol plein de surprises. Direction Lima ! cria dans l'avion un Frédéric Lopez surexcité, tandis que Brenda s'épanchait discrètement sur l'épaule de Steven en lui chuchotant qu'elle aurait préféré partir pour L'Amérique du Sud plutôt que pour l'Italie.
Après une dizaine d'heures de vol, nous arrivâmes un peu claqués à l'aéroport de Lima (qui n'avait rien d'une petite ville Italienne). Pas le temps de se reposer, une jeep bringuebalante vint nous prendre à la sortie du terminal et commença son long chemin vers l'orée angoissante de cette immense forêt Amazonienne.
Après une demie-douzaine d'heures de jeep sur des routes Péruviennes pleine de nid de poules et autres dangers semi-mortels, nous arrivâmes dans un petit village aux maisons sales et aux ruelles étroites. Un village aux habitations noircies de suie, où quelques enfants morveux nous regardaient de loin à travers les volets de bois que leur mères refermaient rapidement sur notre passage. Pendant ce temps dans la voiture, Brenda et Steven se prenaient des selfies aux filtres ridicules, affublés de petites oreilles de chat, de langues de chiens ou d'étoiles roses à la place des yeux tout en riant exagérément fort en regardant les commentaires stériles de leurs pauvres followers. Frédéric Lopez quant à lui me racontait avec force détails les coutumes très étranges des Mascho-Piro et les aventures pré-établies - pensait-il ! - que nous allions traverser pour trouver le campement de ce peuple nomade. Après encore trois bonnes heures de Jeep aux amortisseurs en berne, le chauffeur pila soudainement et nous nous retrouvâmes face à une forêt compacte, d'un vert sombre, grouillante de formes et de bruits angoissants.
A peine le temps de décharger nos bagages du coffre de la voiture, que le chauffeur fit crisser les pneus et s'enfuit en dérapant dans un nuage de poussière.
Lopez nous annonça que nous devions avancer sur une petite centaine de mètres au nord, où un guide Péruvien nous attendrait au centre d'un "trou de verdure" comme dirait le poète. Une sorte d'immersion rapide et sécurisée dans le coeur même de la forêt Amazonienne pour que la caméra puisse tirer de cette courte séquence improvisée, des images criantes de vérité pour illustrer l'émission.
Nous voilà partis, Frédéric Lopez, le caméraman, Brenda, Steven, leurs cent kilos de bagages et moi, vers le point de rendez-vous à quelques centaines de mètres de là. Tandis que nous marchions dans cette forêt hostile en prenant bien garde où nous mettions les pieds, Brenda et Steven continuait à se prendre en photos adossés à des arbres centenaires offrant des moues surréalistes à leur téléphone et agitant leurs doigts en faisant des "V" de victoire tout en riant aux éclats. Nous avancions dans cette jungle étouffante comme nous le pouvions, en repoussant des mains une végétation dangereuse, avec tout de même une légère appréhension qui commençait à poindre dans nos yeux fatigués. En effet, à mesure que nous avancions, nous perdions de vue la lisière de la forêt et n'avions toujours aucunes nouvelles de notre guide Péruvien. Brenda et Steven quant à eux, insouciants comme des veaux qui partent à l'abattoir, continuaient d' "Instagramer", de "Snapchater", avec force sourires et mimiques en tout genre. Nos deux stars de téléréalité commentaient leur aventure à grands coups de " Waow, fais trop cho dans cette jungle. #trobesoindemojito " ou " Vivement kon arrive à l’hôtel des Mascho-Piro. #directalapiscine." Et tandis que nos deux amis s'amusaient sans s'apercevoir que la jungle devenait de plus en plus dense et que la batterie de leur portable s'amenuisait insensiblement, Frédéric Lopez et son cameraman discutaient dans un coin, l'air soucieux, en comparant cartes et boussoles, et faisaient de grands gestes paniqués. L'animateur nous réunit et nous annonça que tout allait bien, que cette petite marche improvisée était prévue dans le scénario de l'émission et que nous n'allions pas tarder à rejoindre notre guide. Malgré le sourire et l'aisance de l'animateur, l'inquiétude semblait percer sous le vernis de cette fausse assurance.
-Allez en route ! cria plein d'entrain un Frédéric Lopez transpirant. Nous reprîmes alors notre marche à travers cette végétation dangereuse en trimballant toujours les cent kilos de bagages inutiles des deux trépanés des "Anges" tandis qu'ils se courraient après en poussant des petits cris stridents et jouaient à cache-cache entre les gigantesques feuilles de bananiers. Lopez parlait avec son caméraman et nous jetait en même temps des petits coups d'oeil furtifs; l'animateur nous offrait des petits sourires forcés en levant ses deux pouces pour nous rassurer.
Mais plus grand chose ne me rassurait à cet instant précis. Nous marchions maintenant depuis trois bonnes heures et toujours rien à l'horizon.
Nous avancions difficilement dans une sorte de mangrove putride où l'odeur nous suffoquait. Frédéric Lopez continuait à nous sourire béatement de loin sans nous adresser la parole. Nos sacs devenaient de plus en lourd, tout comme le piaillement insupportable de Brenda et Steven qui n'avaient aucune idée du danger que la prod' hésitante de France 2 nous réservait.
C'est en terminant notre épuisante traversée de ce marécage grouillant de bestioles toutes plus dégueulasses les unes que les autres, qu'un hurlement terrifiant retentit juste derrière nous.
Frédéric Lopez, le caméraman et moi-même nous retournâmes d'un coup et vîmes Brenda et Steven au sol en train de gémir, des larmes plein les yeux, regardant leur portable d'un air terrifié.
Plus de batterie Nom de Nom !
Ces deux connards venaient de se réveiller, de sortir de ce cocon de virtualité sécurisant et de réaliser qu'ils baladaient leur petits culs bronzés dans une jungle hostile et venimeuse.
Fini les piscines bleues turquoise avec vue sur l'océan, place à ce cours d'eau visqueux à leurs pieds, infesté de sangsues grosses comme la paume de la main. Terminé les burgers dégoulinants de cholestérol et les coca glacés à volonté, voilà les chenilles de cinq cent grammes bourrées de protéines et un grand verre d'urine tiédasse pour faire passer le tout. Les gamins venaient de se rendre compte du merdier dans lequel ils avaient foutu les pieds et perdaient toute rationalité. Brenda et Steven se regardaient et hurlaient à qui mieux-mieux. Frédéric Lopez tenta de calmer les deux participants de sa voix sereine et sage, mais rien n'y faisait, les deux cons avaient littéralement perdu les pédales.
Tout à coup, juste derrière nous, un bruit sourd comme le silencieux d'un revolver résonna dans ce coin de forêt Péruvienne, et l'on vit Steven se figer, nous fixant droit dans les yeux puis s’écroulant lourdement au sol dans une sorte de râle saccadé. Brenda, mains sur la tête, se mit à hurler, tentant malgré tout de "snapchater" son ami à moitié mort; Frédéric Lopez continuait à nous offrir ce rictus souriant qu'il arborait depuis que nous avions pénétré dans cette jungle, tandis que le caméraman venait de jeter sa caméra par terre et commençait à s'enfuir en courant. Á ce moment là, les mêmes bruits secs retentirent autour de moi et je vis s'écrouler devant mes yeux: Brenda, Lopez et le caméraman, qui n'avait pu s'enfuir bien loin. Un dernier bruit soufflé, puis une douleur à la carotide, je pressais ma main sur mon cou et soudain tout devint noir autour de moi. Je sombrai alors lourdement dans un sommeil comateux, une fléchette de bois plantée profondément dans la jugulaire.
J'ouvrais péniblement les yeux au son d'une flûte de pan dissonante qui agressait mes oreilles. Ma tête cognait et le sang me battait les tempes. Une musique entêtante de flûtes et de percussions roulait dans ma tête et m'empêchait de retrouver correctement mes pauvres esprits.
J'étais allongé sur un lit de feuilles de palétuvier, les mains ligotés dans le dos et dépourvu de mes habits. Seul mon slip jauni par la peur me restait collé à la peau.
Du coin de l'oeil j'arrivais à percevoir Frédéric Lopez, qui bizarrement avait gardé ce sourire bienveillant, et Dédé le caméraman qui, lui, ne souriait plus du tout. Je cherchais également nos deux connards des "Anges" que je ne parvenais pas à voir. Nous étions tous les trois attachés, encore vaseux, jetés au sol comme du gibier fraîchement chassé. Autour de nous, des cris stridents, des percussions agressives et des odeurs de bois vert calcinés. Frédéric Lopez essayait, malgré sa position inconfortable, d'établir un contact avec les autochtones mais ne reçut comme réponse qu'un grand coup de pied dans la gueule qui lui fit sauter les deux dents de devant.
- C'est bien le genre de méthode des Mascho-Piro ! me dit difficilement et la bouche pleine de sang un Lopez qui pourtant ne se départissait toujours pas de ce sourire d'animateur de supermarché.
Quelques indiens maquillés de rouge et de vert en tenue d'apparat arrivèrent vers nous, nous redressèrent et nous adossèrent à un totem gigantesque, en nous filant quelques beignes au passage.
C'est là, adossé à ce serpent de bois effrayant, que nous les vîmes. Nos deux cons-cons !
Brenda et Steven portés en triomphe sur des brancards de bambous ornés de pierres précieuses par une foule en délire. Nos deux amis étaient accoutrés de costumes extravagants faits de plumes, de peau de bêtes et de pierreries plus ou moins précieuses. Toute la tribu des Mascho-Piro - car c'étaient bien eux ! - fêtaient nos deux cons comme ils fêteraient l'arrivée de rois ou de demis-dieux sur terre. Brenda et Steven se regardaient, étonnés, mais pensaient surement que cette fête étrange avait été organisée par la production de France 2 et se laissaient aller en dansant comme ces crétins de boîte de nuit, au rythme entêtant des percussions indigènes. Lopez, Dédé le caméraman et moi regardions ce spectacle fascinant où deux blaireaux de téléréalité se trémoussaient le fion en poussant des petits cris au milieu d'une tribu d'Indiens ultra-violents. Les Mascho-Piro suivaient leurs deux demis-dieux décolorés en murmurant des invocations étranges, brandissant lances et sarbacanes dans une sorte de gestuelle incantatoire.
Mais qu'est ce qu'il pouvait bien se passer dans le crâne de ces Mascho-Piro ? Qu'est-ce qui pouvait autant fasciner ces Indiens dans les personnalités - pourtant pas brillantes - de nos deux héros de téléréalité ?
Nous ne mîmes pas longtemps à comprendre cette soudaine et incompréhensible admiration.
La traversée triomphante du village des deux con-cons sur un trône de bois et de lianes entremêlées avec tout le village à leur suite, nous permit de repérer le chef du village des Mascho-Piro. Le grand chef du village et son gigantesque casque de plumes multicolores marchait devant le trône végétal en hurlant des incantations et en agitant les bras.
Je vis au bout de ces bras peints un portable allumé dans une coque plastique rose représentant une grosse paire de lèvres. Le portable de Brenda Nom de Nom ! Il lui restait encore un peu de batterie !
Quand le défilé religieux passa près de nous, j'aperçus que l'écran était allumé et offrait aux yeux médusés du chef de tribu les photos de notre couple de neuneus. En effet, Instagram était ouvert et exposait les photos trafiquées, filtrées de nos deux amis. Des photos de Brenda en chat, des photos de Steven en chien ou en tigre ! Le chef n'en croyait pas ses yeux et montrait à la foule hystérique ces êtres mi homme-mi animaux. Les Mascho-Piro poussaient des cris et levaient leurs mains au ciel, les femmes devenaient folles et se roulaient par terre en se griffant la poitrine, les enfants pleuraient et allaient se cacher sous les immenses feuilles de bananiers. J'étais fasciné par le spectacle que j'avais sous les yeux. Ces Indiens qui portaient en triomphe, comme des Dieux descendus sur terre, deux connards de téléréalité analphabètes qui mettaient sans le savoir un bordel incommensurable dans ce petit village perdu au beau milieu de la forêt Amazonienne.
Frédéric Lopez qui continuait de saigner abondamment de la bouche, nous expliquât tant bien que mal que les Mascho-Piro faisaient partie d'une société Chamanique dont la religion Animiste et Totémique était centrée sur la croyance en un esprit, une force vitale, qui anime les êtres vivants ou les objets. Des êtres mystiques, des divinités animales qui prendrait vie et qu'il faudrait honorer comme il se doit.
Les Mascho-Piro avaient donc pris ces deux trépanés maquillés comme des carrés d'as pour des êtres mystiques descendus sur terre pour apporter la paix. Les photos filtrées, mélangeant les visages de Brenda et Steven avec des attributs animaliers divers comme des oreilles de chats, des dents de tigres ou des truffes de chiens, avaient chamboulé l'esprit rationnel de ces guerriers de la forêt.
Les Indiens, en transe, promenaient nos deux stars sur ce trône étrange autour du village, puis les amenèrent sur une sorte de scène un peu surélevée et les déposèrent délicatement dessus. Les femmes et les enfants tournaient autour d'eux en chantant, jetant à leurs pieds des pétales de fleurs exotiques. Le chef se mit alors à entamer ce qui semblait être un discours religieux. Il montrait du doigt nos deux connards, puis le ciel, puis encore Brenda et Steven, puis le smartphone et semblait demander à nos demis-dieux en baskets, une transformation magique, surnaturelle, pour assoir leur nouveau statut de divinités de la forêt. Nos deux trépanés, se regardaient étonnés sur cette scène improvisée, ne comprenant rien de ce qui se passait autour d'eux. Le grand chef continuait de cracher ses incantations religieuses et prenant la foule à témoin, montrait les photos filtrées d'Instagram et récoltait les cris enthousiastes des villageois fascinés.
Frédéric Lopez m'expliquait - ce que j'avais, hélas, déjà compris - que le chef du village mettait au défi Brenda et Steven de prouver leur nature divine.
Nos deux stars, toujours interrogatifs sur leur piédestal ne parvenaient pas à comprendre ce que leur voulait le chef des Mascho-Piro et se regardaient en riant. Tout à coup le chef se mit à hurler en faisant tourner son sceptre au dessus de lui; pris de panique, Brenda et Steven ne sachant que faire, se mirent à improviser un twerk sur cet autel naturel en entonnant d'une voix grêle le sulfureux Work de Rihanna.
Les Indiens restèrent figés devant le postérieur tremblotant de Brenda, ce cul qui semblait applaudir à chaque mouvement de bassin avait comme hypnotisé ce fier peuple de la forêt.
Brenda voyant ces visages impassibles et ces regards fixes, continua d'agiter cet arrière-train rebondi pensant que les Mascho-Piro étaient fascinés par ce twerk énergique. Pendant ce temps, Steven tentait d'accompagner le déhanchement de sa copine par un beatbox improvisé des plus foireux qui décida le chef du village à pousser un cri rauque qui mit un terme à ces conneries. Le grand chef éructa alors un bref discours plein de haine et de feu en montrant de son sceptre de bois une Brenda encore à quatre pattes et un Steven mimant une fessée sur le postérieur gélatineux de sa copine.
A ce moment là, les guerriers autour du chef de village se jetèrent sur nos deux amis et leur ligotèrent pieds et mains en un quart de tour. Les deux con-cons n'avaient pas réussi à se transformer en divinité animale et avaient aiguiser le courroux des Mascho-Piro.
Frédéric Lopez nous regarda avec stupeur. Il devint livide en un instant et nous expliqua, du sang plein la bouche, avec le plus grand sérieux, que les Mascho-Piro était un peuple de guerriers très susceptible, qui ne supportait pas l'affront.
Et en effet l'animateur de France 2 ne s'était pas trompé.
Les Indiens accrochèrent, dans une sorte de cérémonial funèbre, de longues lianes épaisses aux branches de ces immenses arbres centenaires.
Ils firent un noeud, qui ressemblait étrangement à un noeud coulant; le sorcier du village fit alors son apparition et lança des prières au ciel en aspergeant de liquide blanchâtre Brenda et Steven avec une sorte de goupillon végétal. On passa la corde au cou de nos deux connards de téléréalité qui pleuraient en implorant la pitié de la tribu; Brenda essayant même un dernier twerk la corde au cou pour tenter d'inverser la décision du grand chef. Mais le destin ne s'inverse pas, et la décision était irrévocable. Le sorcier frappa soudain le sol de son bâton et une douzaine de guerriers se mirent alors à tirer sur les cordes, propulsant les deux amis dans les airs et les maintenant haut dans les arbres jusqu'à leur dernier souffle.
Ce fut ensuite un déchainement de violence sur ces corps encore flottants au gré du vent. Des jets de pierres, de lances et de petites hachettes volèrent dans le ciel sombre de cette jungle et frappèrent les corps inertes des deux amis. C'est dans ce tumulte invraisemblable qu'une dague tomba près de nous, se plantant entre nous trois. Nous nous regardâmes un instant, puis l'objet, puis nous nous re-regardâmes encore. Dédé se jeta alors à terre et rampa jusqu'au couteau, se mit dos à lui et commença à cisailler ses propres liens. En trente secondes les cordes cédèrent, Dédé se leva doucement sans que personne ne le vit, vint vers nous et nous délivra en un tour de main.
Nous courûmes alors à toute allure vers la forêt et disparûmes derrière la végétation luxuriante de cet enfer vert tandis que les Mascho-Piro continuaient dans une violence extatique leur carpaccio de crétins.
Dépêche AFP du 14/10/2... : " Le producteur - présentateur Frédéric Lopez a été retrouvé sain et sauf dans la forêt Péruvienne après trois mois de recherches intensives.
L'animateur était parti depuis le 10/07/2... en compagnie du couple vedette des "Anges à la Grande Motte" Brenda et Steven, d'un participant lambda du drôle de nom de Ze Big Nowhere et d'une équipe technique réduite à un seul homme, cadrant et prenant le son.
Seul Frédéric Lopez et Monsieur Nowhere ont été retrouvés vivants. Les deux hommes étaient extrêmement affaiblis par ces semaines livrés à eux-mêmes dans cette jungle Amazonienne hostile.
Les corps de Brenda Bourdaloux et Steven Guidon n'ont quant à eux pas encore été retrouvés.
Seuls les restes éparpillés d'André Gourdin dit Dédé ont été retrouvés autour d'un campement de fortune, ainsi que ce qui semble être la cuisse du technicien embrochée sur un pieu au-dessus d'un feu éteint. Une affaire à suivre."