Hail to the grief
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Leftovers : saison 2
Attention : spoilers présents dans le texte ci-dessous
N’est-il pas plus facile de détruire que de reconstruire ? N’est-il pas plus facile de fuir, de faire semblant que d’affronter la réalité de ses propres douleurs et de ses interrogations ? Le silence, tous ces non-dits et les « je vais bien » ont un pouvoir rassurant. Ils protègent un certain temps, c’est vrai, mais en surface seulement. Ils ne font que creuser sournoisement, plus profondément encore le fossé qui se crée entre des personnes qui souffrent, se découvrent insolemment perdus et essayent désespérément de s’accrocher à leur famille, à leurs amis, à l’amour … ou à quelque chose qui en vaille vraiment la peine et leur donne un semblant de vie. Et un jour, tout explose dans une violence tétanisante. Les Murphy l’ont compris à leur dépend. Evie était un mirage du bonheur, une image saisissante de la fille parfaite. Comme toute leur famille d’ailleurs. Mais il y a ce silence. Avant. Pendant. Après. Et quand la vérité éclate, ça remue et ça secoue intérieurement. Viscéralement. Un traumatisme tel qu’il remet en perspective toute une vie qui paraissait parfaitement calibrée.
Les 9261 ne sont pas des Épargnés. Les 9261 ne sont pas des Élus. Ce sont juste des Êtres Humains comme les autres, qui vivent des bonheurs comme les autres et qui supportent des drames comme les autres.
J’ai sincèrement aimé cette saison 2. Une saison riche en symboles et références mystiques, en questionnements, à fleur de peau et d’une profondeur excessivement déstabilisante, surtout à certains moments clés de l’histoire.
Le point culminant reste sans aucun doute l’épisode 8 et cette magistrale plongée en abyme dans le psychisme chaotique de Kevin Garvey. Ce combat intérieur interpelle outrageusement sur de nombreux sujets personnels - comme la religion, le rapport à la famille et aux autres, la notion de principe et de convictions intimes – et est parfaitement sublimé par une musique percutante. Point névralgique de toutes les douleurs et incertitudes, Kevin se bat contre ses démons intérieurs et est allé au bout de lui-même pour conserver et réparer la chose la plus importante à ses yeux : sa famille. L’amour de sa famille. Le plus beau. Le plus vrai. Celui qui peut vous écorcher à l’extrême. Il est mort deux fois pour elle. Et il a survécu par deux fois à une difficile renaissance pour elle. Cette eau d’ailleurs – si présente depuis le 1er épisode – est-elle source de vie ? Lave-elle des péchés ? Engloutie-t-elle véritablement la souffrance ? Et cet endroit, près de la rivière ? Que représente-t-il vraiment ?
Kevin est évidemment revenu. Il a survécu, plus invincible que jamais comme une sorte de dieu. Serait-il le sauveur du chaos dans lequel le monde commence à disparaître ?
Parler de tous les protagonistes est évidemment très difficile. Ils sont tous intéressants mais certains ont une aura qui les rend captivants. J’avoue que j’ai de légères réticences sur le développement des storylines de Laurie, Tom et Megan - même si je suis curieuse de savoir ce que le médium a pu dire à Meg pour qu’elle dérive à ce point.
Je reste attachée à la forte et vulnérable Nora qui fait face à ce besoin viscérale d’oublier alors que la cruelle vérité des disparus lui revient sans arrêt au visage comme un boomerang. Lily est sa bouée de sauvetage. Son point d’ancrage.
Matt est d’un courage qui ne peut que forcer le respect. Sa foi, il peut l’égarer, la perdre de vue, la ressentir moins fort, il partira toujours la reconquérir. Avec intégrité. C’est admirable. Tout comme son amour inaltérable pour Mary.
Jill me touche. Si fragile. Si fidèle. Elle attend d’être heureuse avec sa famille. Tout simplement.
Le personnage de Patty est juste bouleversant ; une femme à jamais sous l’emprise d’un mari pervers et névrotique. Elle avait inconsciemment besoin de Kevin pour retrouver sa liberté. La séquence du puits est la fois terrifiante et émouvante.
Je pourrai écrire encore beaucoup de choses mais je vais m’arrêter là. Je conclurai juste ce texte par une phrase de Patty : « Notre caverne s’est effondrée, mon ami. Alors on peut passer le reste de notre temps à fouiller les décombres à la recherche de traces de vies ou on peut choisir de se transformer. »
Je crois que Kevin a choisi et que d’autres suivent finalement le même chemin.
Hâte de découvrir la saison 3.
Créée
le 31 juil. 2018
Critique lue 620 fois
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