L'éternité c'est long, surtout vers la fin

À sa première diffusion sur Arte, je n'avais vu que les 30 premières minutes, un peu par manque de temps, un peu déroutée par les débuts de la série. Ces jeunes qui se suicident parce qu'ils ne sont pas emballés par la vie éternelle m'avait paru un démarrage plutôt hasardeux. En effet, bien qu'il soit assez logique que cette perspective d'éternité soit assez abstraite pour quelqu'un de jeune, il me paraîssait quand même assez curieux de mettre fin à ces jours pour ça, au moins en partie. C'est pourtant le point de départ de la série, qui s'apparente d'ailleurs beaucoup plus à une enquête policière sur fond de dystopie qu'à une série de science-fiction pure. De fait le décor, épuré, pourrait être celui d'une station balnéaire moderne, seuls quelques éléments ici et là laissent à penser que l'action se situe dans le futur, mais un futur pas si lointain. Par ailleurs, le flic qui enquête l'ai depuis 99 ans. Si c'est pas une véritable vocation que de rempiler 2 fois, je ne sais pas ce que c'est...
Donc, il faut je pense un peu s'accrocher lors des épisodes 1 et 2 pour arriver à se laisser emporter par l'intrigue mais ça vaut le coup, car l'histoire est déroulée habilement et les révélations sont distillées progressivement et rendent la série de plus en plus captivante. J'ai trouvé l'interprétation vraiment bonne également, la confrontation du flic joué par Attal et de la jeune rebelle jouée par Marillier est particulièrement intéressante car ils ont finalement des doutes ou des réserves concernant ce monde assez similaires.
La série montre assez bien que sous des aspect positifs de prime abord, le choix de l'éternité, offert comme un remède à la vieillesse qu'on achèterait au bar du coin, a très peu fait l'objet de réflexions éthiques collectives, notamment sur l'intérêt de vivre éternellement, sur le fait de gommer la mort, ou sur celui de laisser de côté ceux qui ne peuvent se régénérer, qui sont certes rares mais existent tout de même, sorte de sous humain laissé pour compte... En filigrane, la question centrale est bien sûr celle du sens de l'existence et le caractère précieux de la vie découle bien évidemment du fait qu'elle a un terme. D'ailleurs, les enfants sont aussi rares dans la série que les personnes âgées et c'est, quand on y pense, assez effrayant, tout autant que ce monde de trentenaires permanents.
La fin ménage un suspens très réussi et des révélations parfaitement glaçantes pour ne pas dire horribles. A noter d'ailleurs qu'il y a peu de violences, sauf quand c'est nécessaire à l'intrigue, chose que je trouve très appréciables pour ma part.
Au final, je trouve qu'Ad Vitam est avant tout une réflexion éthique et philosophique très pertinente.
Sur le sens de la vie d'abord, mais aussi sur cette tendance des êtres humains à exploiter leurs semblables, même pour des motifs parfaitement futiles.

La toute fin ménage malgré tout un certain espoir, dans le départ de ces jeunes vers un nouvel éden.

Une série à voir ou revoir donc, comme une réflexion éthique sur le monde et la nature humaine,