L'agent qui renvoie Smith, 117 et Bond à la maternelle.

L'agent Oso est un pur mythe. En comparaison, OSS 117 est un futur prix Nobel de physique nucléaire et Austin Powers un modèle de professionnalisme. Réellement, l'agent Oso est la raison pour laquelle je ne désespère pas complètement des séries pour enfants.

Je m'explique.

Habituellement dans les séries, sous couvert moraliste d'inculquer de bonnes valeurs à nos enfants, on leur file quand même de la soupe tiédasse et gerbante à grosses lampées. Prenons par exemple dans le giron de Disney "Jake et les pirates du pays imaginaire". On peut faire ce qu'on veut, le petit gros qui accompagne le héros sera toujours un second couteau. La copine de Jake aura toujours le regard rivé sur lui. Le message est clair : si t'es gros, soit marrant et on te tolérera. Si t'es une fille, trouve le bellâtre et colle-le. L'alternative, ce sont les séries débilitantes avec des personnages non-anthropomorphiques ou alors les enfants ayant un lien de parenté qui supplante leurs malformations physiques (petite Stella ROUSSE et son petit frère, je pense très fort à toi).
L'agent Oso prend une approche radicalement opposée : les blaireaux, les bouffons, les débiles mentaux ont aussi droit à leur quart d'heure de gloire. Et pas seulement en tant que membres de l'UMP. Et ça, pour nous gens ordinaires, c'est rafraîchissant.



En effet, l'agent Oso vit toujours ses aventures de la même façon (c'est plus compréhensible pour de jeunes enfants, la répétition est l'outil clé pour nos petites bêtes pavloviennes, pas vrai ?) : son équipe lui présente un entraînement dans un nouveau champ de compétences que Oso foire lamentablement, cet entraînement est interrompu par son chef qui lui donne une mission à accomplir et après celle-ci Oso vient terminer son entraînement. Pour remercier les enfants de l'avoir aidé en criant après un poste de télévision qui fait semblant de s'adresser à eux, au lieu de les traiter de mongols Oso leur partage une médaille tout aussi virtuelle pour récompenser leurs efforts inutiles.


Rien que ça, c'est beau.


Mais n'oublions pas : divers jeu de mots dans les titres et les situations viennent nous rappeler qu'il s'agit d'une série vaguement inspirée des autres séries (ou films) d'espionnage. Et c'est là que l'agent Oso est tout bonnement mythique :
Comme Oso a la capacité de concentration d'une mouche enfermé dans un bocal de vinaigre, son associée Patte Pilote (pensez Palm Pilot) doit sans cesse lui rappeler des consignes pourtant simples, sous forme de trois étapes.

Le plus beau, c'est qu'Oso parvient quand même généralement à foirer l'une des étapes et quémande l'aide des enfants pour s'en sortir. Il met aussi régulièrement en danger la vie de ses acolytes les agents Wolfie et Dotty. Dans un épisode incroyablement savoureux, Oso doit s'entraîner au sauvetage factice dans l'espace sur la personne de Wolfie. Non content d'assommer ce dernier en manipulant mal le treuil, il abandonne tout bonnement celui-ci le temps de retourner sur terre accomplir sa mission de la première importance : aider une fillette à chopper des ballons quand on les lui lance. A la fin de l'épisode, Oso revient in extremis sauver le pauvre Wolfie d'une mort atroce et n'a pas la bonté de se répandre en excuses. Oso est un pur mythe.


Naturellement, avec les brillantes capacités mémorielles d'Oso ("Qu'est-ce que Patte Plotte m'a dit il y a douze secondes ?"), vous vous doutez bien que son supérieur ne l'assigne pas à la traque des survivants d'Al-Qaeda, à la lutte anti-drogue ou sur des enquêtes portant sur les moeurs sexuelles étranges de certains de nos dirigeants potentiels. Non, conscient du fait qu'Oso est une pure buse, son activité consiste également à aider des enfants à dessiner droit ou à traverser la route. Autrement dit, des millions de pesos sont claqués sur un équipement ultra-high-tech pour aider un ourson souffrant probablement de démence sénile à venir en aide à des enfants de trois à cinq ans.


J'adore Oso.


Le message est clair : il est possible de se créer un cercle professionnel dans la vie même si on a une mémoire à court terme de sept secondes, même si on a un physique capable de faire exploser les balances et même si la plupart de nos interventions entraînent plaies et bosses chez nos plus proches amis. Il faut toutefois noter que malgré la reconnaissance des mamans des enfants, Oso ne conclut jamais avec personne, trait qui le distingue également des agents secrets sus-mentionnés. Autrement dit, tout ceci peut peut-être quand même signifier qu'on restera à tout jamais vierge. Mais bon, y'a rien de parfait en ce bas monde.

Grâce à l'agent Oso, on peut appréhender ce que pourrait être un monde ou la compétence et la santé mentale ne sont pas des prérequis indispensables à l'activité professionnelle sans avoir besoin d'entrer dans la fonction publique.



Merci, Disney. Du fond du coeur.
zeugme
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le 24 juin 2011

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