Ceci n'est pas vraiment une critique précise sur la série horrifique de Ryan Murphy et Brad Falchuk mais plus un texte sur une nouvelle mode déclinée depuis quelques années : la série anthologique par saison. Une version améliorée de ce texte sera peut-être proposée en fin d'année, après la diffusion des deuxièmes saisons de True Detective et Fargo.
Un concept particulier
American Horror Story a lancé la mode de la série d'anthologie par saison. Idée bienvenue dans un médium où bien souvent, l’appât du gain fait durer trop longtemps la narration d'une série jusqu'à l'épuiser. Ici, si le succès appelle aussi le maintien de la série, chaque saison saura apporter son originalité, histoire, univers, thèmes, personnages etc. de quoi renouveler chaque année l'intérêt du show. On attend de voir si la recette prendra avec les deux derniers succès en date de ce format, à savoir True Detective et Fargo. Mais en attendant, ce type d'approche permet à une chaîne de lancer un nouveau programme sans pour autant s'engager hypothétiquement sur une narration à X saisons et se démener pour la faire durer autant que possible. Côté spectateur, la frustrante sensation de série inachevée ne pourra qu'être amoindrie.
American Horror Story nous donne pour le moment un exemple solide de ce type de construction télévisuelle avec trois saisons. Pour ma part, je n'ai vu que les deux dernières, et ai commencé le visionnage de la toute récente quatrième. Autre avantage déjà évoqué de cette approche anthologique, un certain sentiment d'absolu se dégage de chaque saison. Ce qui fait qu'on peut commencer par n'importe laquelle des saisons et en apprécier le visionnage (beaucoup plus difficile avec un format classique).
Renaissance et reconstruction
Ce sentiment d'absolu n'est pas que merveilleux puisque c'est un couteau à double tranchant. Chaque nouvelle saison est une renaissance. Tout est à rebâtir pour ainsi dire. Si American Horror Story ne bouleverse pas trop les spectateurs en réengageant le même cœur de casting depuis 4 saisons (avec des ajouts appréciables, comme Kathy Bates), certaines autres séries vont avoir tout à prouver comme pour True Detective et l'abandon (logique mais risqué) de deux stars de la première saison pour d'autres.
Cette renaissance laisse encore plus le doute au spectateur quant à la qualité de la saison à venir (même si les séries classiques ont connu des saisons médiocres intercalées dans un show de grande qualité) et AHS en porte la preuve avec une saison 3 en demie-teinte, qui si elle a côtoyée les plus hautes audiences, n'a pas été de grande qualité, surtout après la folle saison 2 qui pouvait se permettre n'importe quelle extravagance (alien feat. Anne Franck) et assurer une narration de qualité avec des personnages attachants.
La mode de la série d'anthologie pourrait bien apporter un certain renouveau des séries télévisées. Croisement entre la narration à longue durée et celle plus indépendante de l'ancien format anthologique (genre Quatrième Dimension), cette approche permet une créativité renouvelée chaque année au sein d'une même série. American Horror Story nous montre bien les avantages et inconvénients que ce format peut entraîner. En attendant de voir les prochaines saisons des autres succès de cette approche, espérons que les "networks" et autre chaînes ne vont pas vampiriser l'idée jusqu'à la vider de son intérêt. L'annonce d'un American Crime Story n'est pas des plus engageantes de ce côté...