Une saison 2 "Jinxé"

J'ai aimé Arcane et voulu aimé Arcane saison 2 au point que ma déception est tellement grande qu'elle me pousse à réaliser ma première vraie critique.

J'avais vibré devant la première saison, d'abord en tant qu'ancien joueur car je me sentais respecté par l'œuvre qui usait du fan service/références au profit de la narration plutôt que l'inverse. Mais aussi comme simple spectateur d'une histoire qui se voulait riche en cherchant à raconter quelque chose de complexe à propos des rapports de forces inhérent à notre société impérialiste contemporaine.

Le tout, enrobé du magnifique travail d'animation de Fortiche, faisait presque un sans faute. Et pourtant...

SPOILER à partir d'ici.

Pourquoi ça avait si bien commencé

Cette merveille de première saison permettait une lecture limpide d'une situation d'apartheid où s'entre choquaient des forces (personnages) qui faisaient évoluer la situation politique.

La proposition initiale d'Arcane offrait aux spectateurs des personnages qui voulaient profondément bien faire pour une cause plus grande qu'eux à base de "l'enfer est pavé de bonnes intentions". Voulant régler un conflit entre deux grands blocs ils créaient inévitablement des conflits internes sur la stratégie pour y parvenir.

D'un côté, chez les opprimés, le choix de la docilité pour la sécurité ou celui de la révolution pour l'émancipation, quoi qu'il en coûte.

De l'autre, chez les dominants, celui du contrôle fasciste impérialiste ou de la décolonisation (sur fond de technosolutionnisme) qui failli presque aboutir à la fin de la saison 1.

Ceci accompagné d'autres personnages, qui, cherchant à comprendre l'autre parti, permis d'entre-mêler ces différents camps et points de vues afin d'éviter le piège d'une intrigue trop manichéenne.

Pourquoi ça a si mal fini

Et cette dimension plus globale, presque structurelle qui poussent les personnages à agir du fait de leur condition matérielle d'existence, est balayée dans la seconde saison au profit d'intrigues interpersonnelles. Celles-ci se contentant de jouer sur la corde sensible en mettant de côté tout rapport de domination entre Zaun et Piltover. On peut aussi noter l'ajout de personnages secondaires venant complexifier le récit sans y apporter de plus-value d'enjeux, de lisibilité (le contraire même) ou de propos.

Elle commençait bien, même si mollement, avec une Jinx qui se refusait d'incarner l'icône révolutionnaire qu'elle était devenue. Ça n'était pas forcément très original et sa traque par Piltover vraiment pas intéressante mais ça restait tout de même dans la continuité de la première et aurait peut-être pu développer un propos intéressant sur la longueur.

Mais c'est à partir de la révélation de la vraie identité (prévisible) de Warwick que tout bascule et que l'intrigue de lutte de pouvoir au sein de Piltover, en partie influencée par le personnage d'Ambessa, qui était initialement secondaire mais arrive finalement au premier plan du récit.

C'est un problème parce que c'est à partir de là que le scénarium va intervenir pour mener à la baguette les personnages afin de forcer la direction de l'intrigue de façon peu habile, saupoudré de "ta gueule l'Hextech c'est magique" et enrobé de "il faut sauver papounet".

L'histoire met de côté toute la lutte initiale entre Zaun et Piltover au profit d'une union de ceux-ci sortie de nulle part contre l'ingérence extérieure de Noxus. Un changement opéré par le retournement de veste de Caitlyn pas du tout justifié. Elle passe d'abord d'une volonté fasciste d'envoyer la Brav-M dans Zaun et aider Ambessa à instaurer le totalitarisme avec Warwick. Puis, à un retour en arrière parce que Warwick c'est le papa de sa chérie Vi donc comme son papa est devenue un monstre bha ça efface toute sa haine/rancune je... suppose ?

Ensuite, on a les révélations sur le plan de Viktor. Un plan à la Madara Uchiha mais bien plus absurde car Madara voulait plonger tout le monde dans une illusion pour que chacun soit heureux. Mais Viktor, lui, veut simplement effacer tout ce qui pourrait s'apparenter à une âme dans les individus pour résoudre le problème des conflits dans le monde.

Quelle ne fut pas ma surprise de voir que le Viktor du futur c'était rendu compte de l'idée complètement merdique qu'il avait eu... Je veux dire, comme dirait l'autre, "qui aurait pu prédire" ? Et bien à peu près tout le monde je pense. C'est sensiblement du même niveau que le plan de Thanos, qui avec ses pierres d'infinité, peut littéralement changer les règles de l'univers mais choisi le génocide.

Et allez aussi savoir pourquoi un Viktor qui peut voyager dans l'espace temps a besoin de passer par un intermédiaire plutôt que de s'adresser à lui-même du passé. Surement juste pour créer une séquence de sacrifice entre ami de fin qui était censé me créer de l'émotion.

On passe aussi par l'arc "justification des deus ex machina" avec Ekko et Heimerdinger qui ont changé de dimension, mais pas celle de Jayce parce que... Viktor du futur ? Et en décalé parce que... c'est magique et c'est mieux si Heimerdinger est déjà là pour tout lui expliquer et éviter de rallonger une intrigue qui va déjà trop vite ? Pourquoi le changement d'attitude d'Ekko ne fait pas plus tiquer les personnages qui l'entour, pas le temps ? Pourquoi la base de la machine à remonter le temps d'Ekko, une fois amélioré permet de rechanger de dimension ? Pourquoi Ekko avait fusionné avec le Ekko de cette dimension mais se fait re-diviser par cette machine qui fonctionne décidément comme on le souhaitait pour le scénario, c'est super ?... Et tout ça pour permettre un sauvetage in extremis dans le Climax, bien qu'on ne comprenne pas bien pourquoi l'objet à remonter le temps inflige des dégats à Victor... Quelle chance !

Bref ! Entre un final, voir une saison entière qui se veut un teasing des prochaines réalisations sur les autres continents de Runterra et des morts tirent larmes absurdes - Warwick qui est le seul à ne pas être inerte après le disparition de Viktor pour bien permettre la mort de Jinx, effarant tellement c'est grillé à des kilomètres que c'est une mort tire larme - ça n'aura même pas fini en apothéose.

On peut aussi noter l'absence de chansons mémorables, qui, placées au début des épisodes mais après le générique et sous forme de clips nous sortent complètement de l'épisode. Alors qu'elles accompagnaient vraiment bien la monté en tension de fin d'épisode de la première saison. Un choix incompréhensible à mes yeux !

Ma critique est déjà trop longue pour parler de l'intrigue inintéressante avec les roses noires et autres soucis d'intrigue.

Cette seconde saison sera donc oubliable. On a l'impression qu'ils ont voulu faire bien trop rapide pour une réorientation complète du scénario sur un récit secondaire qui était déjà peu intéressant.

Ma note restera sur un généreux 8 car la première saison restera inoubliable, proche du sans faute et le travaille sur la direction artistique reste impeccable. Tout ce que j'en retire, c'est un immense gâchis duquel je ne me remémorerai que la première partie.