En 2025, Hirokazu Kore-eda a offert à Asura no Gotoku une nouvelle vie sur Netflix. Cette série, initialement diffusée en 1979, raconte l’histoire de quatre sœurs confrontées à la révélation de la liaison de leur père, mettant à nu les tensions et les dynamiques complexes de leur famille. Dans cette adaptation moderne, Kore-eda réussit à sublimer ce drame familial en explorant plus en profondeur les rôles des femmes et des hommes dans la société japonaise, tout en restant fidèle à l’essence du récit original.
Si certains spectateurs ont trouvé la série trop longue et banale, c’est précisément ce réalisme qui en fait toute sa force. Asura no Gotoku ne cherche pas à impressionner avec des retournements spectaculaires : elle nous plonge dans la vie telle qu’elle était durant l’ère Shōwa, avec son lot de soucis quotidiens, d’injustices et d’émotions contenues. Cette sincérité brute est ce qui m’a captivé et profondément touché.
Une narration tout en subtilité
La série suit les quatre sœurs dans leur parcours face à la découverte du secret de leur père. Chacune réagit différemment, selon sa personnalité et ses expériences de vie, offrant ainsi une riche palette de nuances émotionnelles. Contrairement aux drames familiaux plus classiques qui jouent sur l’exagération des conflits, Asura no Gotoku adopte une approche plus intimiste et nuancée.
Les dialogues sont écrits avec une finesse remarquable, évitant les facilités scénaristiques pour privilégier des échanges crédibles et chargés de non-dits. Kore-eda excelle dans cet art de la retenue, où chaque regard et chaque silence pèsent aussi lourd que les mots.
Une mise en scène délicate et authentique
Visuellement, la série adopte une esthétique sobre mais élégante, caractéristique du style de Kore-eda. La photographie soigneusement travaillée et la lumière douce renforcent cette impression d’intimité, plongeant le spectateur au cœur du quotidien des personnages. Les décors reconstituent avec fidélité l’ambiance de l’ère Shōwa, tout en apportant une touche contemporaine qui rend l’histoire intemporelle.
La réalisation prend le temps de s’attarder sur les gestes du quotidien, sur des moments d’apparence anodins mais chargés de sens. Ce choix confère à la série une atmosphère contemplative qui, loin d’ennuyer, accentue son réalisme et sa portée émotionnelle.
Des performances d’acteurs bouleversantes
Le casting livre des performances remarquables, à commencer par les actrices incarnant les quatre sœurs. Chacune apporte une humanité poignante à son personnage, naviguant entre résilience, frustration et tendresse. L’alchimie entre elles fonctionne à merveille, rendant crédible cette dynamique familiale où amour et tensions se mêlent constamment.
Les seconds rôles sont tout aussi marquants, notamment la figure paternelle, incarnée avec une sobriété qui évite de tomber dans le cliché du patriarche autoritaire. Son jeu tout en retenue illustre à merveille la complexité de son personnage et la douleur que ses choix infligent à sa famille.
Un hommage à la vie telle qu’elle est
Asura no Gotoku est une série qui peut sembler banale à ceux qui attendent du drame pur et dur, mais elle reflète avec justesse la réalité de l’époque. Le statut des femmes, les attentes placées sur les hommes, les désillusions du quotidien… tout cela est traité avec une justesse qui touche en plein cœur. Cette simplicité apparente est en réalité la force du récit, qui parvient à capturer l’essence même de la vie sans artifices.
Kore-eda réussit à transformer ce drame familial en une fresque humaine universelle, où chaque spectateur peut se retrouver dans les conflits et les émotions des personnages.