Je suis de près la carrière de Donald Glover, créateur, scénariste et acteur principal de la série, depuis déjà plusieurs années. Enfin non, je suivais plutôt jusque-là son alter ego rapologique Childish Gambino. Cet artiste aux compétences multiples a donc sorti en 2016 la première saison de sa série Atlanta, une comédie dramatique qui raconte l’histoire de deux cousins, Alfred "Paper Boi" Miles le rappeur et Earn Marks le manager, essayant de percer dans la scène rap d’Atlanta.
C’est dans les quartiers noirs de « la Grande Pêche » que l’on retrouve Earn. Il enchaîne les petits boulots avant de devenir le manager de son cousin Alfred, qui a créé un hit avec sa chanson Paper Boi. Earn fait alors la connaissance de Darius, le pote perché de son cousin, avec qui il deale pour arrondir les fins de mois. De plus, Earn doit gérer la pension de son ex Van qui s’occupe de leur jeune fille.
Une comédie réelle et sensible
Atlanta, c’est donc une portion de vie de ces quatre personnages noirs perdus dans leur galère quotidienne. Que ce soit au commissariat après une altercation qui a mal tourné, à un match caritatif de basketball où l’on retrouve un Justin Bieber noir, dans le manoir d’amis blancs essayant d’embrasser la culture noire ou dans un Uber conduit par un dealer de drogue et d’armes, l’humour absurde de Glover flirte toujours avec la sensibilité et la nature crue de la vie des africains-américains d’Atlanta.
La série aborde des questionnements très actuels comme la célébrité, le racisme, le transsexualisme, la pauvreté, mais ne juge jamais. Les personnages naviguent dans ces problèmes en apportant chacun leur point de vue, d’ailleurs toujours plus intéressant et profond que ce que l’on peut s'imaginer de premier abord.
L’humour jamais loin
Atlanta est sensible et questionne, mais elle n’en est pas moins drôle. Les dialogues sont extrêmement bien écrits et Glover use de son talent de standuppeur et de showrunner à merveille. Le personnage de Darius, à la fois complètement à côté de la plaque et pleinement conscient, regorge de ces dialogues absurdes et hilarants.
Comme les dialogues, les scènes sont extrêmement travaillées. La photographie est nickel et le rythme maîtrisé : je me surprenais à rire nerveusement après un blanc dans une scène pour masquer ma gêne, ou à l’inverse à rire à gorge déployée dès les premières secondes à l’apparition d’une voiture invisible (oui oui !). La musique très hip hop et très soul accompagne magnifiquement la série.
L’épisode 7 B.A.N est le point d’orgue de cet humour absurde. L’épisode reprend de manière satirique un talk show de chaîne câblée locale, où Paper Boi est l’invité principal. Entre des publicités ridiculisant les céréales pour enfants, le rappeur doit réagir du tac au tac à des questions déstabilisantes et à un reportage sur un ado noir transracial #wtf
Bref. Atlanta réussit à faire beaucoup rire et réfléchir en même temps. Alors si tu kiffes le hip hop américain et l’humour, prends un peu de temps pour mater cette pépite. En plus, ça prendra pas beaucoup de ton temps puisque les épisodes ne durent que 30 minutes.
Critique à retrouver sur le blog Just a couple things