Avenida Brasil est une œuvre ambigüe. Elle a toute la force créatrice d'un auteur qui refuse de s'adapter à ce qu'on attend d'un romancier, mais en même temps, elle s'inscrit parfaitement dans la réalité. il a aussi pris des décisions transgressives qui l'ont brutalement éloigné de ce qu'on attendait d'un feuilleton.
Si le quartier du Divino est populaire, la mise en scène de l'intrigue dans son ensemble est aussi élégante qu'un long métrage. Le Divino a tout ce qu'on peut attendre de la représentation d'une banlieue : le bar, le salon de beauté, le magasin de vêtements bon marché, les rues toujours pleines et le bruit très fort. Conscients du scénario qu'ils avaient entre les mains, les réalisateurs se sont lancés dans cette volonté de faire la différence dans le temps. Le traitement de l'image, oscillant toujours dans la même palette de couleurs chaudes, font virer les scènes à l'orange, comme si elles représentent toujours cette couleur de coucher de soleil caractéristique des souvenirs d'un après-midi en banlieue.
A chaque moment marquant de l'intrigue, le même souci du détail. Le texte cherche différentes façons de dire les mêmes choses et les images essaient de s'exprimer et pas seulement de servir le but de la scène. L'intrigue centrale, qui implique l'histoire de Nina et Carminha, fonctionne fondamentalement comme toute interaction entre protagonistes et antagonistes, mais préserve une différence fondamentale que, jusque-là, personne n'avait l'habitude de voir : Carminha est une méchante qui ne veut que maintenir sa propre réputation et Nina est une "petite fille" qui utilise autant de trucs et de mensonges que sa rivale.
La telenovela, cependant, évite courageusement tout manichéisme, car Nina se montre elle aussi capable de tromper, séduire, voler et offenser n'importe qui, au nom de ses buts. Ses expressions sont dures, moqueuses, froides et chaque jour, elle ressemble à celle qu'elle croit être son plus grand bourreau: Carminha, qui elle, en revanche , n'aime personne mais on comprend pourquoi à la fin.
La fin est aussi anthologique qu'inattendue.
Finalement, ( attention au spoiler) n'est ce pas évident que dans une histoire de vengeance, la plus grande leçon de toutes se trouve être celle-ci : le pardon?