Quand Gotham fait peau neuve, mais que le futur hésite entre l'ombre et la lumière

Batman : La Relève, diffusé en 1999 sur The WB, prend le pari audacieux de faire passer le flambeau du célèbre justicier à une nouvelle génération. Gotham, quelques décennies dans le futur, voit Terry McGinnis, un adolescent au passé trouble, endosser le costume de Batman sous la tutelle du légendaire Bruce Wayne. Mais alors que le concept semble prometteur, la série hésite entre hommage aux classiques de Batman : The Animated Series et aventure futuriste, donnant parfois une impression de réchauffé dans un emballage high-tech.

Terry McGinnis, notre Batman du futur, est un personnage intéressant, même s’il lui manque un peu de la noirceur de son prédécesseur. Bien plus impulsif et rebelle que Bruce Wayne, Terry se retrouve plongé dans l’univers du justicier masqué un peu par accident, et son apprentissage est semé d’embûches. Sa relation mentor-élève avec un Bruce vieillissant, acariâtre mais toujours aussi calculateur, est sans doute l’un des points forts de la série. Bruce reste l’ombre qui plane, son héritage pesant sur Terry, mais la dynamique entre eux est parfois inégale, oscillant entre conflit générationnel et admiration à sens unique.

La version futuriste de Gotham est un plaisir visuel, avec ses néons, ses gratte-ciels imposants et son esthétique cyberpunk. La série excelle dans la création d’un environnement sombre et étouffant, où l’ombre et la lumière se mêlent pour donner à Gotham une allure de ville high-tech en pleine décomposition. Mais malgré cette ambiance réussie, la plupart des nouveaux ennemis de Terry manquent de la profondeur et du charisme des anciens vilains de l’univers de Batman. Si les méchants classiques comme le Joker ou Double-Face nous manquent, les créateurs tentent d’introduire une galerie de vilains futuristes, mais ceux-ci tombent souvent dans la caricature ou manquent de présence.

Le rythme des épisodes oscille entre action intense et intrigue policière classique, mais le côté "high-tech" finit parfois par sembler plus gadget qu’indispensable. Les nouvelles technologies et les armes futuristes de Terry sont impressionnantes visuellement, mais elles ne compensent pas toujours le manque d’intensité dramatique que Bruce apportait dans ses combats contre le crime. On se demande parfois si la série n’aurait pas gagné à explorer davantage les dilemmes de Terry, à creuser son parcours intérieur en tant que nouveau protecteur de Gotham plutôt que de le lancer tête baissée dans des affrontements contre des ennemis qui ne rivalisent que rarement avec l’aura des anciens.

En termes de thèmes, Batman : La Relève aborde des sujets de société pertinents, comme la question de la transmission du pouvoir, le poids de l’héritage, et la responsabilité qui vient avec. Mais ces idées sont souvent effleurées sans être approfondies, comme si la série hésitait entre toucher les jeunes fans avides d’action et les anciens fans de Batman en quête de profondeur. Le résultat est un mélange qui peine parfois à trouver sa voie, entre nostalgie et modernité.

En résumé, Batman : La Relève est une tentative audacieuse de renouveler l’univers de Batman, mais elle se retrouve à jongler avec les attentes d’un public fidèle et les défis d’un futur trop propre. Si la série possède une ambiance visuelle captivante et une relation mentor-élève touchante entre Bruce et Terry, elle ne parvient pas toujours à capturer l’intensité et la noirceur qui ont fait la renommée de l’original. Pour ceux qui sont curieux de voir Gotham sous un autre jour, cette série offre un aperçu intriguant, mais elle risque de laisser les inconditionnels de la chauve-souris dans une légère nostalgie du passé.