Batman : La Relève par SubaruKondo

C'est audacieux de prendre le parti dans une série "jeunesse" de faire vieillir le héros et de le contraindre à la retraite et à la passation de pouvoirs. C'est également audacieux de proposer en guise de relève un adolescent colérique, pourvu d'un casier et adepte de méthodes pas toujours très légales. Surtout quand le héros en question est Batman.

La série commence sur la prise de conscience de Bruce Wayne, devenu trop vieux pour assurer le rôle du chevalier noir. Rideau. La séquence est courte mais très symbolique et efficace.

Quelques années plus tard, Terry Mc Giniss est embarqué malgré lui dans les magouilles de l'employeur de son père, Derek Powers. Son paternel assassiné - pas sous ses yeux, cette fois-ci - Terry découvre qui se cache derrière Bruce Wayne et lui force la main afin de reprendre du service. L'alchimie entre les deux personnages, électrique, teintée de conflits père/fils non résolus est plutôt plaisante. Wayne, devenu un vieillard aigri et désabusé doit apprendre à gérer cette toute jeune chauve-souris, bouillante et inexpérimentée mais capable d'apporter à Batman une nécessaire évolution. Terry, encore partiellement englué dans son passé de voyou apprend et s'assagit au fil des épisodes.

Bruce Timm et son équipe ont très efficacement ré-interprété la gotham de l'excellente série de 1992 en la modernisant pour lui donner un aspect de cité de science-fiction, sans totalement abandonner son côté gothique et classieux.

Côté musique, techno et électro. Pas aussi puissante que celle de Danny Elfman, certes, la bande son reste efficace, rend les combats dynamiques et donne à ce nouveau batman un côté pêchu très appréciable. Les thèmes habituels y sont développés et la parallèle Terry Mc Giniss/ Bruce Wayne est menée de manière relativement subtile (le meurtre du père, le conflit intérieur, la romance avec une "adversaire", la difficulté de conserver une vie quotidienne normale). James Gordon et Alfred sont "réincarnés" de manière ingénieuse et la série multiplie les clins d’œils à son grand frère sans tomber dans le piège de la redite. En terme de design et d'animation, on se rapproche presque d'une série japonaise : si l'ensemble est un peu particulier visuellement, il reste soigné et élégant.

Mais... Il y a toujours un mais. L'univers de Batman a développé les méchants de comics parmi les plus charismatiques, complexes et inspirés : le joker, double-face, l'épouvantail, Poison Ivy, catwoman....

Et si la relève côté "justiciers" n'a pas à rougir, côté méchant en revanche, ça pêche méchamment. Visuellement, les adversaires "new generation" sont intéressants (Ink et son corps liquide, l’illusionniste et sa combinaison hypnotique...) mais reste que niveau background et psychologie, c'est bien fade. L'argent les motivent, le pouvoir aussi et ça s'arrête là...Il y a bien la haine viscérale du "Fléau" envers Batman, responsable de sa mutation mais n'est pas le Joker qui veut. D'ailleurs, le long-métrage ramènera ce dernier pour faire face au nouveau batman, tant les méchants de cette "relève" sont anecdotiques. Batman Beyond reste néanmoins une excellente série, certes en déca de son prédécesseur mais vu l'exercice un rien casse-gueule de mettre Batman à la retraite, le résultat est des plus réussis.