Maintenant que l'animé en est à son 6ème/ 7ème épisode, et que l'on a eu faire à d'assez mauvais épisodes et à des très bons épisodes également, le temps est venu de se former une idée sur cet animé.
Je ne trouve qu'il est injustement critiqué, et que personne ne lui laisse sa chance. Adapter l'oeuvre de Kentao Miura n'est pas chose aisé : le dessin est très caractéristique et virtuose, l'histoire est dense et assez complexe, avec beaucoup de noirceur et de violence (sans compter la sexualité morbide), et la parution des chapitres / tomes est lente.
Le réalisateur de la série, Shin Itagaki, a fait les meilleurs choix possibles.
L'animation est de qualité inégale, mais c'est compréhensible au vu du budget, et sacrifier quelques scènes pour en faire une parfaite, ce n'est pas si grave que ça, d'autant que ce défaut n’apparaît concrètement que dans l'épisode 1, le reste de la série est beaucoup plus équilibré.
L'Opening et l'Ending sont lynchés, alors oui tous les goûts sont dans la nature, certes. Mais l'Opening est très bon, il respecte les scènes du manga, avec hargne et force, ils donnent des clefs de compréhension, pour les personnes qui ne connaissent pas Berserk, et permet de se remettre en mémoire toute l'histoire passée pour les connaisseurs. (Pour les gens qui se plaignent du spoil, cet animé fait suite directement au 3 films, donc si entre 2012 et 2016, vous n'avez pas vu les films, ni finit le manga jusqu'à la scène del'Eclipse : "c'est la vie " j'ai envie de dire, l'animé se devait de passer à la suite). Et l'Ending, qui est qualifié par certains de " chanson d'amour niaise et trop mielleuse ", est très bon aussi, et nous montre une autre facette de Berserk. Berserk ne retrace pas l'histoire que d'un gros bourrin avec une grosse épée qui se bat dans la boue et la crasse. Le personnage de Guts est quelqu'un de sensible, profond, avec un regard sur le monde des plus intelligents. Cet homme est en souffrance perpétuelle, délivrée, en partie par Casca. Miura écrit aussi une histoire d'amour. Casca et Berserk, dont déjà un tome quasiment entier est consacré à leur relation, sont au centre de l'histoire, et le soin que porte Guts envers Casca, est essentielle, et est le but même de sa vie, (maintenir son humanité, ne pas se laisser dans la haine, tenir sa parole envers casca, rendre hommage aux Faucons). Donc, réduire Berserk à du sang, de la violence, et des combats infernaux, montre un manque de compréhension de l'oeuvre. C'est pourquoi l'Ending, doux et poétique est tout à fait approprié.
Pour ce qui est de la CGI, et bien la qualité s'améliore, et n'oublions pas que nous sommes qu'au début de cette technique, donc forcément il y a des lacunes. ( La perspective ne s'est pas maîtrisé en un jour!). Mais ces défauts sont tout à fait compensé par des choix de réalisations plutôt audacieux, qui rendent l'image dynamique et vivante. (la caméra qui tourne sur elle-même, des changements de plans puissants, l'effet de la caméra sur l'épaule), et la musique apporte beaucoup, tout en se démarquant aussi de la musique des films, ce qui est une bonne chose. Les scènes puissantes du manga, qui dégage une forte émotion sont tout à fait bien adapté dans l'animé. Ces scènes, malgré une légère censure ( dont j'aborde le cas un peu plus tard), sont exécutés avec respect, rendent bien compte des sentiments, de la puissance de Guts, des horreurs des apôtres, de la folie de Casca, de la torture des hérétiques etc....
De plus les flash-backs, ayant une autre technique, permette aux spectateurs ne différencier les moments, et ne pas ennuyer l'oeil. Les comédiens de doublages font aussi un excellent travail.
Le choix de zapper le premier arc, et l'arc qui se situe juste après l'Eclipse (sur les enfants elfs) n'est pas un problème, et se justifie complètement. Les réalisateurs ont voulus directement adapter l'arc le plus représentatif de Berserk, tout en faisant un petit clin d'oeil au premier chapitre. Rien de bien méchant, ni infondé, il faut rester pragmatique et ne pas laisser son amour pour l'oeuvre nous faire perdre nôtre bon sens.
Pour ce qui est enfin de la censure, c'est un point qui se discute. La scène générale n'est pas complètement passée aux oubliettes. Prenons l’agression que subit Lady Farnèse par le cheval possédée. Cette scène est montré, cependant le sexe de l'animal n'est pas montré, (pas comme dans le manga), et la poitrine ( et la nudité en générale) de Lady Farnèse est plus.... " floutée " , simplifiée, afin de répondre aux critères de censure japonais. Cela dit, ils n'ont pas fait le choix de l'habiller ou de la masquer, ce qui est une bonne chose. Donc une censure est présente, oui, mais elle n'est pas très forte (pas comme du Tokyo Ghoul), et je le redis, cette animé arrive à garder l'essence de Berserk, et à faire passer l'horreur, et le dégout, juste d'une autre manière que le manga. Ainsi, de ce fait, l'animée Berserk 2016 est une très bonne adaptation!
Le seul choix bizarre de l'animé, c'est d'avoir représenté le personnage de Puck exactement pareil comme dans le manga. Dans le manga, quand il change de visuel, ce n'est pas un problème, mais en animé, ça marche pas et ça rend la scène artificielle.