Bloodline
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Bloodline

Série Netflix (2015)

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Après la série Damages, qui avait rappelé que Glenn Close est une grande actrice, Bloodline est le deuxième bébé des frères Kessler en huit ans. Todd A. Kessler et Glenn Kessler sont des couturiers, des maitres orfèvres de la série télévisée. N’aimant pas les projets simultanés, ils s’attachent à ne scénariser qu’une série à la fois, travaillant peu mais travaillant bien. L’empire Netflix, au chiffre d’affaire en croissance exponentielle, a trouvé son mètre-étalon avec Bloodline, l’unité de mesure des séries à venir qui, désormais, se calculeront en « Bloodline ». La production s’est donc attachée à ne rien laisser au hasard, tout dans cette série est travaillé, retravaillé dans le moindre détail, pour atteindre un sentiment d’absolu.


Bloodline c’est l’histoire de la famille Rayburn, une histoire qui se comprend à travers des contrastes. Contraste entre l’insouciance factice du premier épisode et l’accablement qui domine le dernier. Contraste entre le paradis qui sert de décor à la série et l’enfer que vit cette famille. Une famille minée par le doute, la culpabilité et la honte ne pas être réellement ce qu’elle prétend être. Bloodline c’est l’histoire de la famille Rayburn, des fantômes qui les hantent, de leurs actes coupables et de leurs lâchetés. L’histoire d’une famille qui sacrifia un de ses membres ou profit d’un autre. L’histoire de Danny, de sa vie gâchée pour préserver les apparences et le patrimoine familial, l’histoire de ses trois frères et sœur qui, sous des airs de boys-scouts, cachent les démons de leur honte.


Du générique esthétique aux couleurs intenses, des cadrages à la mise en scène techniquement irréprochable, tout est fait pour proposer une série qui frôle la perfection à chaque instant. On sent une énorme ambition, celle du haut de gamme télévisuel. Bien sûr, il faut accepter de prendre son temps, le rythme de Bloodline est loin de la frénésie d’un Walking Dead. L’action y est très rare et on ne comprend la tournure des événements qu’à partir du huitième épisode, lorsque Danny révèle ses véritables intentions. Avant ça, c’est une succession de fausses pistes, de crescendos, de flashbacks et flashforwards. Dans Damages, leur précédente série, les frères Kessler avaient déjà démontré qu’ils maitrisent parfaitement ce procédé, rebelote ici, avec la même maestria.


La production, forte de la qualité de Damages et de la force de frappe, désormais incontestable, de Netflix, est allée recruter parmi le gratin des acteurs passés et présents. Elle brouille encore un peu plus la frontière entre cinéma et télévision, frontière dont la disparition est désormais inexorable. Il y a les anciens tels Sissy Spacek, tellement atypique avec ce jeu tout en grands regards bleus. Il y a Sam Shepard, une « gueule » de cinéma faite pour ce rôle de patriarche imparfait. Il y a les jeunes avec la toujours ravissante Linda Cardellini, crédible sans atteindre le niveau de l’exceptionnel Kyle Chandler qui trouve là son meilleur rôle, plein d’épaisseur, de force et de désespoir. Lui qui au mieux, jouait le gentil un peu benêt dans King Kong, trouve enfin le sens de sa carrière de comédien et un rôle à sa hauteur.


Alors quelle est cette ligne de sang ? S’agit-il de cette lignée des Rayburn, dont l’histoire est tâchée par le sang de la violence et de la mort ? S’agit-il de cette ligne d’horizon en fin de générique, que le coucher de soleil rend rouge sang, symbolisant cette famille enfermée dans le malheur ? Autant de questions sans réelles réponses, qui laissent en bouche un goût exceptionnel, comme ces grands crus qui rassurent par leurs qualités et surprennent par leur audace. Quel dommage alors que la scène qui clôt la première saison ressemble à tellement d’autres, une scène bien trop téléphonée et l’effort de mise en scène n’y change pas grand-chose. Mais au fond, ça reste une broutille dans un océan de qualités. Netflix a encore frappé, mais bien plus fort que d’habitude.

Jambalaya
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le 5 avr. 2015

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