Welcome to Atlantic City, pals !
Boardwalk Empire est une série en 5 saisons (2010-2014) qui suit le parcours d’Enoch « Nucky » Thompson, trésorier du comté d’Atlantic City et chef de la pègre locale, durant toute la période de la Prohibition aux Etats-Unis, soit de 1919 à 1933.
Le Volstead Act fut en effet perçu comme une véritable opportunité par les barons de la pègre, qui décidèrent alors de mettre en place leur réseau d’importation illégale d’alcool sur le territoire. Mais dans la mafia comme partout la concurrence et rude et conduira à des guerres de clans, tandis que les forces fédérales feront tout pour anéantir les speakeasies. Etablit à Atlantic City, Nucky peut compter sur le soutien de son frère, le sheriff, ainsi que James « Jimmy Darmody », son protégé qui revient de la Première Guerre mondiale, mais également de tous les notables de l’Etat, et traite avec les différents parrains des familles de la côte Est (les Moustache Petes), ainsi qu’avec Arnold Rosthein, établit à New-York ; les jeux d’alliances et de trahison entre et au sein même des familles constituant une part importante de l’intrigue.
C’est notamment parce qu’elle prend le temps d’installer ses personnages – tous inspirés de vrais gangsters – que la série créée par Terrence Winter (The Sopranos) et produite par Martin Scorcese (qui réalise également le pilote) est une réussite. D’abord parce qu’elle permet de créer un lien entre les affranchis et le spectateur, à en faire plus que de simple hors-la-loi ; l’exemple le plus frappant qui me revienne sont les passages mettant en scène le jeune Al Capone avec son fils sourd, où le bandit fait preuve d’une tendresse touchante. Mais surtout, et c’est là que l’on retrouve Scorcese, parce que cela permet à Boardwalk Empire de prendre une tournure presque documentaire : on assiste aux réunions des vieux chefs de clans, puis on suit l’ascension des jeunes mafieux. Sur ce point, le travail réalisé sur le duo Luciano-Lansky est remarquable de réalisme. Pour cela, je ne peux que conseiller cette série à qui s’intéresse à l’histoire de la pègre américaine (puisque c’est ce tandem qui est à l’origine de la « Murder Inc. »), ainsi qu’à tous les fans des films de Scorcese traitant de la mafia.
Pour les autres, Boardwalk Empire reste à mes yeux un « must-see » pour plusieurs raisons, qui sont imputables à presque toutes les séries produites par HBO, et notamment à Game of Thrones, contemporaine de Boardwalk Empire : d’abord, la multiplicité des personnages, et donc des arcs narratifs, rend cette série particulièrement captivante, d’autant plus que la vie de gangster n’est pas sans danger et que chacun d’eux peut mourir à tout moment (des fans ont d’ailleurs pleurer la mort de certains comme ceux de Game of Thrones), alors que d’autres ne feront leur apparition qu’au cours de la série ; ensuite pour le soin apportés aux décors et aux costumes, et enfin pour le casting excellent, avec une ressemblance physique impressionnante entre les acteurs et les personnalités qu’ils interprètent : Nucky Thompson est incarné par Steve Buscemi, qui trouve là son premier rôle principal d’envergure après une multitude de seconds rôles remarqués (dans Reservoir Dogs et The Big Lebowsky, par exemple), tandis que la série a permis à Michael Shannon de se révéler en agent de la Prohibition extrêmement strict. Pour les nostalgiques de The Wire, j’ajouterai la performance remarquable de Michael Kenneth Williams (aka Omar Little) dans le rôle d’Albert « Chalky » White, leader de la communauté noire d’Atlantic City affilié à Nucky Thompson.