Alors qu'Enoch Thompson est le trésorier du Comté d'Atlantic City, l’amendement sur la prohibition est voté. Il entame ainsi son règne de sang et récolte de multiples pots-de-vin, tout en jouant double jeu face à la justice. Désormais mafieux de haut niveau dans le trafic d’alcool, le trésorier ne recule devant rien pour empocher le maximum de pactole. Boardwalk Empire est une fresque historique des années folles passées (Roaring Twenties aux États-Unis) sous le couperet de la prohibition. HBO nous présente ici une œuvre d’entrée cultissime avec notamment Martin Scorsese dans l’équipe de production. Série américaine composée de cinq saisons, elle a été pensée par Terence Winter et adaptée du livre de Nelson Johnson, Boardwalk Empire: The Birth, High Times and the Corruption of Atlantic City (Boardwalk Empire : Naissance, gloire et décadence d’Atlantic City). (Critique extraite de mon original sur Actuafiction)
Le baptême de l’avaloir
La décennie des “années rugissantes” est précédée par la Première Guerre Mondiale et suivie par la Grande Dépression (Krach boursier de 1929). Le choronyme “les années folles” témoigne d’une époque où les domaines sociétaux, économiques et culturels étaient en pleine expansion. Cette explosion provient des américains dont l’hégémonie provoqua un effet de mondialisation sur le reste du monde dès 1919. La mode révolutionnaire des américaines était devenue la tenue vestimentaire typique féminine dans de nombreux pays. Les Arts voient apparaître le mouvement surréaliste, les music-hall, l’attrait pour les danses exotiques (foxtrot, charleston, tango, etc.), les opérettes et le cinéma muet. La forte croissance économique résulte de la consommation massive de divers produits tels les radios, les automobiles ou encore certaines ressources énergétiques comme l’électricité ou le pétrole.
Entre deux verres
Boardwalk Empire revêt une grande proportion fictive mais également historique. Bien que le rôle d’Enoch Thompson soit adapté de la vie d’Enoch L. Johnson, la série diffère largement de la réalité. Parmi les noms célèbres qui ont existé, on peut citer Chalky White (Michael Kenneth Williams), Al Capone (Stephen Graham), Lucky Luciano (Vincent Piazza), Arnold Rothstein (Michael Stuhlbarg) ou encore Johnny Torrio (Greg Antonacci). La liste est none exhaustive. Quant aux autres acteurs principaux, par exemple les personnages de Margaret Thompson (Kelly Macdonald) et de James Darmody (Michael Pitt) sont complètement inventés. L’œuvre retranscrit parfaitement l’état d’esprit de la prohibition. Que les malfaiteurs distillent ou achètent le produit pur, le trafic fait couler les billets à flots. Ce polar noir mélange complots, drames et corruptions.
Chez Babette, le mastroquet de luxe
Les amateurs de grand cru se donnaient tous rendez-vous au Carlton, chez Babette. C’est sous les projecteurs que s'entrechoquaient les verres. Au beau milieu des petites tables rondes, les troupes de pochards s’agglutinaient, remplissant leur gosier des nectars de Dionysos. Tout ceci sous la voix enjouée des chanteuses de cabaret, l’ambiance étant l’essence de ces activités de nez sales. Les trois premières saisons sont alléchantes et ne laissent aucune place à l’abandon de la série. Passé les premiers épisodes, le rythme devient progressivement fracassant et mystérieux. On pense que le vin se bonifie avec l’âge mais l’alcool semble avoir mal tourné dans les deux dernières saisons de la licence.
Passage à tabac
Tout est pensé pour vous faire consommer davantage : des costumes et des décors luxueux, un aspect visuel impeccable avec des ambiances sonores authentiques. On déplore juste la composition du thème, qui a un peu trop des allures “tarantinesques”. Côté contexte, les hommes vaquent au fumoir pour échanger politique et autres discours que les femmes ne sont pas censées connaître. Cependant, Enoch Thompson fait tout ce qui est en son pouvoir pour récolter des votes ; Écouter la communauté afro-américaine ou encore accorder le droit de vote à la gent féminine. Le scénario se veut relativement crédible compte tenu des éléments présents – factuels ou réels – et des conditions de tournage. Il reste le doublage français, rien à redire sur les voix de l’hexagone, elles corroborent parfaitement la version originale.
Conclusion en toute sobriété
Depuis le pilote réalisé par Martin Scorsese, c'est avec un savoureux plaisir que l'on déguste la découverte des "années folles". Malgré quelques défauts anachroniques et compte-tenu du budget colossal accordé à cette réalisation, Boardwalk Empire a su redonner une seconde âme à l'époque de la prohibition et ses conséquences désastreuses sur la société américaine de l'époque.