Canal + a - une fois de plus - clairement survendue sa création originale. On devait voir ce qu'on allait voir, oublier les précédentes séries historiques à succès, Les tudors et Rome en tête. Mais à l'arrivée le compte n'y est pas, l'intrigue ne prend pas et c'est un téléspecteur décontenancé qui erre dans les coulisses de la papauté à Rome. Pourtant, il y avait les ingrédients et la matière pour offrir du spectacle, la famille borgia présente une histoire et des caractéristiques parfaites pour tout scénariste. D'ou vient le problème alors ? Pas forcément du côté de la mise en scène plutôt maîtrisée ni du scénario même si parfois un manque de rythme se fait sentir. Le principal problème vient des personnages, il est très dur de s'attacher à eux et par forcément parce que ce sont des salopards, en général le public aime les salauds. Non le problème est ailleurs, Lucrezia est, derrière ses airs de sainte nitouche, une vraie tête à claques et son frère Juan est pathétique. Seul Cesare émerge de ce chaos, manichéen à souhait, il apparaît dans une dualité splendide au fil des épisodes.
Mais tout n'est pas à jeter dans cette série, elle offre un regard intéressant sur une époque très religieuse, très pieuse mais où pourtant les voeux de chasteté et de pauvreté sont constamment bafoués, à commencer par le pape qui vit avec sa maîtresse et qui joue plus souvent au père de famille qu'au pape. Une telle chose est clairement inamaginable de nos jours alors que pourtant le christianisme est moins présent dans nos sociétés. Reste aussi un beau moment où l'on pénètre dans les coulisses d'un conclave pour y découvrir toutes les manoeuvres pour acheter des voix et discréditer ses principales concurrents. Mais derrière ces rares moments réussis, Borgia reste fade et sans saveur et aucun membre de la famille Borgia ne saura me faire oublier les aventures de Titus Pullo et Lucius Vorenus.