Boston Justice, diffusée par ABC, c’est un peu comme si un cabinet d’avocats avait décidé de se transformer en ring de catch juridique, où chaque plaidoirie est un coup de poing rhétorique et chaque client une nouvelle raison de débattre sur les absurdités du monde. Cette série est bien plus qu’un simple drama juridique : c’est un opéra rock d’avocats excentriques, de causes farfelues, et de dialogues si mordants qu’ils mériteraient une catégorie spéciale aux Oscars.
La star du show ? Alan Shore, interprété par un James Spader au sommet de son art. Shore est un avocat aussi charismatique que moralement ambigu, capable de transformer n’importe quelle audience en spectacle, jonglant avec les lois et la morale comme si c’était un jeu d’enfant. Alan, c’est le type qui peut parler pendant des heures avec une élégance verbale inégalée, tout en laissant ses adversaires sur le carreau, assommés par ses répliques cinglantes. Sa spécialité ? Remporter les causes les plus improbables avec un cynisme aussi épais que la brume de Boston.
À ses côtés, on retrouve Denny Crane, l’incontournable et légendaire William Shatner, qui incarne l’avocat star vieillissant avec un ego surdimensionné. Denny Crane, c’est un cocktail explosif de mégalomanie et de décadence, un dinosaure du barreau persuadé que son nom seul suffit à gagner un procès. Chaque fois qu’il prononce son propre nom — "Denny Crane" — c’est comme un mantra magique censé mettre fin à toute discussion. Shatner apporte à ce personnage un charme irrésistible, oscillant entre des moments de pure absurdité et des éclairs de génie légal.
Mais Boston Justice ne se contente pas de simples joutes verbales : elle aborde des sujets de société brûlants avec un humour grinçant et un ton décalé. Que ce soit des affaires d’éthique, des questions politiques ou des situations complètement absurdes, la série n’hésite pas à mélanger le sérieux et le grotesque. On passe d’un procès où Alan Shore défend un cannibale consentant à une affaire où Denny Crane se retrouve en plein conflit d’intérêts à cause de ses… nombreuses distractions personnelles. Les cas sont aussi variés que farfelus, et c’est précisément cette variété qui maintient la série fraîche et imprévisible.
Ce qui rend Boston Justice unique, c’est sa capacité à basculer d’un moment de drame intense à une situation totalement absurde en l’espace de quelques secondes. Une minute, vous êtes plongé dans un débat juridique complexe sur les droits constitutionnels, et la suivante, vous assistez à une scène où Denny et Alan fument des cigares sur le balcon, discutant de l’absurdité de la vie avec une désinvolture presque philosophique. La série ne prend jamais trop au sérieux, et c’est ce ton léger qui fait toute sa force. Même dans ses moments les plus sérieux, il y a toujours une petite étincelle d’ironie qui rappelle que, dans le monde de Boston Justice, tout est matière à spectacle.
Les personnages secondaires apportent également leur lot de saveur à la série. Shirley Schmidt, interprétée par Candice Bergen, est la voix de la raison dans ce cirque juridique, mais même elle ne peut pas toujours résister aux excentricités de ses collègues. Les avocats comme Brad Chase (Mark Valley) et Tara Wilson (Rhona Mitra) apportent un contrepoint plus droit et sérieux à l’anarchie de Shore et Crane, mais tous finissent par être aspirés dans cette spirale de folie juridique d’une manière ou d’une autre.
Visuellement, la série adopte un style classique et élégant, avec des décors de bureaux d’avocats parfaitement alignés et des costumes impeccablement taillés. Mais ne vous y trompez pas : sous cette façade chic et sophistiquée, se cache un véritable chaos organisé où la bienséance vole en éclats dès qu’un personnage ouvre la bouche.
En résumé, Boston Justice est bien plus qu’une simple série d’avocats. C’est une véritable joute verbale où chaque épisode est un prétexte pour explorer les travers de la société avec une intelligence acérée et une touche d’humour parfois absurde. Si vous aimez les séries où les répliques fusent plus vite que les objections, où les avocats sont aussi attachants qu’imprévisibles, et où les procès se transforment en spectacles théâtraux, alors Boston Justice est le show à ne pas manquer. Entre Alan Shore, Denny Crane, et leurs péripéties délirantes, chaque épisode est une nouvelle raison de jubiler devant tant de génie et de folie combinés.