Ne grattez pas la surface, vous n'aimerez pas ce qui vient dessous
Breaking Bad, c'est l'évolution d'un professeur de chimie sur-qualifié et sous-payé par une école secondaire dans le milieu de la fabrication et du trafic des méthamphétamines, une drogue dure.
Si la réalisation est vraiment bien foutue (mention spéciale pour l'enchaînement des plans et les points de vue surprenants), que les acteurs font un bon boulot digne du cinéma de qualité, le scénario souffre de quelques imperfections : toute cette histoire ne tient pas debout.
Ce n'est qu'un enchaînement de coïncidences plus fortuites les unes que les autres. Comme dans la vie réelle, me direz-vous ! Oui... mais malheureusement, ici, ça pèse sur le système. Les deus ex-machina sont nombreux, et c'est bien le gros point faible du show. Le cartel qui s'intéresse à un bête meurtre d'une petite frappe de leur bord? L'homme le plus prudent du monde qui laisse traîner ses empreintes chez son chimiste? La brute expérimentée qui se prend d'affection pour un délinquant camé? Le patron du car-wash qui vent son entreprise (sa vie, ce en quoi il a tout investi) juste d'après les dires d'UN SEUL agent de la propreté, sans appeler le bureau central? Le baron de la drogue qui n'ose pas tuer un employé cuistot qui n'arrête pas de le provoquer alors qu'il a sur vidéo les moindres détails de la préparation?
Non non non, je ne suis pas d'accord. Et parlons des personnages :
Walter perd toute crédibilité avec ses coups de tête de plus en plus stupides, un Walter pourtant défini au début comme posé, réfléchi et intelligent.
Sa femme, Skyler, n'en parlons même pas. Une femme sans le moindre raisonnement crédible, qui ne semble être là que "parce qu'il faut quelqu'un pour faire une histoire d'amour qui ne fonctionne pas". Personne ne réagirait comme elle l'a fait, de manière totalement contradictoire, frisant l'hystérie de bout en bout, sans fil rouge, sans caractère défini. En tous cas, pas une personne dont un Walter aurait pu tomber amoureux.
Et l'avocat, Saul Goodman, n'est pas mieux. Pour un avocat poltron et véreux, futé et utile mais égocentrique et qui n'agit que pour son propre intérêt, il n'hésite pas à tenir tête au plus grand baron du Nouveau Mexique juste pour aider Walter, un client qui le paye moins que ses honoraires habituels (rappelons-le, il ne gagne que 5%, ce qui s'approcherait des 350.000$/ans, autrement dit : une belle somme mais qui ne justifie pas les risques encourus - la mort -, surtout qu'au vu de sa connaissance du milieu et ses contacts, il gagne sûrement sa vie grâce à d'autres personnes).
Heureusement, il y a Hank, l'agent de la D.E.A. qui tire son chapeau : le personnage est très bien pensé et réaliste. Délicieux même, je dirais.
Et évidemment, il ne faut pas oublier Jesse, qui lui est tout simplement le personnage parfait : il évolue et change en fonction de ce qui lui arrive, il est le résultat d'un travail de scénariste parfaitement exécuté, et ça, c'est tout de même rare.
Le show a beau être prenant et, dans l'ensemble, bien fait, ce sont ces (gros?) détails qui m'empêchent de pleinement l'apprécier. Un beau travail en surface, mais ne cherchez pas à creuser...