Résumé
Un génie de la chimie perd pied au point de fabriquer de la meth et de faire face à des choix moraux de plus en plus terribles. Le jeu est excellent, l'esthétique assez simple mais très réussie et la tension bien maintenue malgré cette impression de lenteur finement dosée.
Détails (et SPOILERS en pagaille)
Tout au long des cinq saisons Walter prendra des décisions qui le mèneront dans un tourbillon d'emmerdes dont l'ensemble de ses proches seront les victimes majoritairement, et les complices par moment. Central, ce personnage du prof de chimie endetté et malade n'aura de cesse d'alterner entre une volonté affichée de protéger sa famille, et des décisions de plus en plus malheureuses qui feront de sa vie un enfer. La manière dont ce père de famille s'avilira progressivement tout en maintenant son mantra paternaliste est sans aucun doute la grande réussite de cette série.
Par ailleurs, si les thématiques évoquées sont parfois traitées avec un peu de superficialité, le propos général sur le trafic de drogue s'avère assez juste. Sans en faire une grande affaire morale et manichéenne, la violence exposée au cours des épisodes suffit à condamner un marché qui ne sera jamais réduit au cliché des dealers des quartiers populaires. Au contraire, Breaking Bad convoque le patronat qui blanchit, la violence des gangs de nazis, et les cadres modèles qui ne se prive pas de prendre leur part dès que les dollars sont présents par kilos.
Il y aurait sans doute eu mieux à faire sur d'autres sujets, comme le système de santé américain, la police, ou sur les liens entre pauvreté et usage de drogue, mais l'ensemble reste intéressant et la focale mise sur Walt et son comportement permette déjà de belles démonstrations. C'est également une série où les personnages secondaires sont majoritairement utiles et bien développés, avec un casting plutôt inclusif pour l'époque et sans scènes problématiques - de mémoire.
Enfin, la relation entre Walt et Jesse, fil rouge des cinq saisons, est un modèle du genre. Rarement prévisible et souvent touchante dans la manière dont elle démontre par décalque les qualités de Jesse au fur et à mesure que Walt expose ses vices.
Bien que rien ne soit vraiment binaire et qu'il y ait toujours possibilité de justifier le comportement de Walter...
8/10