Dure tâche que de critiquer Breaking bad tant les aspects à aborder sont nombreux...
Commençons donc par l'histoire qui se centre sur la psychologie de Walter White:
Au début de la série Walter est un prof de chimie qui a par le passé été un chercheur reconnu (il a contribué à des recherches ayant gagné un prix nobel). Il a du mal à joindre les deux bouts entre un fils handicapé moteur et une femme enceinte, à tel point qu'il est obligé d'avoir un job d'appoint (où il nettoie les voitures de ses élèves). On l'aura compris Walter à pris l'habitude de se laisser écraser par la vie, par les gens. Néanmoins, lorsque Walter apprend qu'il a un cancer des poumons incurable, c'est le coup du sort de trop, il décide qu'il ne se laissera pas faire, il doit protéger sa famille du besoin et décide d'utiliser ses compétences en chimie pour créer de la métamphétamine avec un de ses anciens élèves Jesse Pinkman petit voyou, toxicomane et plutôt idiot.
La série nous permet de suivre l'évolution de Walter et au début on a peur pour lui, il se frotte à des criminels de la pire espèce et son associé est tout sauf fiable mais très vite Walter va être capable de tout et surtout du pire (le premier meurtre arrive extrêmement rapidement). Plus Walter progresse et moins il n'a de scrupule, là où au début on lui trouve des excuses il devient indéfendable et pourtant Walter ne semble pas avoir changé comme si une âme de prédateur dormait en lui depuis tout ce temps en attente d'être réveillé, on assiste à la naissance d'un monstre. Mais en même temps Walter reste l'être pathétique et veule qu'il a toujours été. Et c'est là que son pseudonyme de trafiquant prend tout son sens: Heisenberg. Heisenberg est un physicien allemand ayant énoncé le principe d'incertitude. Grossièrement ce principe énonce que pour une particule donnée on ne peut pas connaitre simultanément sa position et sa vitesse. On peut connaitre avec précision sa position en ayant une grande incertitude sur sa vitesse et inversement. Ce principe semble s'appliquer à Walter lorsque l'on croit comprendre sa psychologie, ces actions deviennent vite contradictoire et incompréhensible et inversement lorsque l'on s'intéresse à ces actions, il devient extrêmement difficile de cerner sa personnalité.
Je pense que la psychologie de Walter est la partie la plus fascinante de cette série.
Bien que principalement centré sur Walter, les personnages secondaires ne sont pas en reste et sont très bien fouillé avec une mention spécial pour Jesse Pinkman qui sous ses dehors de petit voyou est un être sensible et en manque d'amour d'ailleurs sa relation de haine/amitié avec Walter évoquant une relation père/fils est très bien rendu.
Parmi les autres personnages nous avons aussi Hank le beau-frère travaillant à la DEA un peu bas du front mais assez fragile. Saul Goodman avocat véreux s'occupant de blanchir l'argent de Walter et Jesse et qui s'avérera étonnement fidèle ou encore Mike le sympathique et flegmatique tueur à gage.
Mais cette galerie de personnage ne suffit pas à faire de Breaking bad un chef d'oeuvre. La structure narrative de la série et des épisodes contribuent également à la rendre inoubliable.On peut parler de rupture dans la continuité, en effet chaque épisode commence là où s'est terminé celui d'avant. Mais à chaque fois l'ambiance de l'épisode est en rupture avec le précédent. Ainsi un épisode intimiste sur comment vivre avec un cancer incurable, comment réagir face à sa famille... va suivre un épisode en huit-clos dans une cave où Walter doit décider entre tuer ou relacher un dealer attacher à un poteau.
On ne sait jamais à quoi s'attendre on peu passer d'un épisode comique, à un épisode
digne d'un film d'horreur (Peekaboo). Les créateurs ne semblent avoir aucune restriction et n'hésiteront pas à faire un épisode entier où Walter essaye d'attraper une mouche (qui devient métaphore de sa culpabilité toujours à bourdonner dans ses oreilles sans jamais lui laisser de répit). Cette recherche d'originalité se retrouve également dans la structure même des épisodes ainsi plusieurs épisodes s'ouvre sur un flashforward énigmatique et tout le suspense de l'épisode consistera à savoir comment on va en arriver à cette scène.
Tout cela étant porté par une réalisation frôlant la perfection et une BO très bien trouvé (aussi bien pour la musique que les paroles faisant souvent échos à ce qui se passe dans la scène).
En conclusion, il s'agit pour moi de la meilleur série encore en production actuellement (talonné de près par Mad men).