Southern Spaghetti
« L’Italie est faite, maintenant II faut faire les Italiens » résume la formule apocryphe aux lendemains des guerres de l’Unité italienne. Après l’expédition piémontaise de Garibaldi, dite « des...
le 14 nov. 2024
« L’Italie est faite, maintenant II faut faire les Italiens » résume la formule apocryphe aux lendemains des guerres de l’Unité italienne. Après l’expédition piémontaise de Garibaldi, dite « des Mille », en Sicile et dans le Royaume de Naples de 1860, envoyée avec le beau projet d’unifier les États italiens sous une même bannière, il faut encore convaincre les populations méridionales des bienfaits de cette entreprise, et d’être gouvernés par des nordistes… C’est dans ces moments de doutes et d’insurrections du Sud de la botte, appelés « brigandage » et réprimés dans le sang par l’armée italienne, que se déroule l’intrigue de « Briganti ».
Si cette période charnière de l’Italie demeure passionnante, il ne faut pas se laisser refroidir par le générique dont le kitsch préfigure une mise en scène et des moyens de série B (voire Z ?), impression confirmée par l’arrière-goût de Peaky Blinders au rabais que laissent parfois certaines séquences, aussi bien dans la photo que dans la bande son pop rock décalée.
Mais la série insiste dans cette voie et confirme ses intentions, souvent avec une belle sincérité, jusqu’à assumer ses airs de western spaghetti. Les latifundia calabraises viennent supplanter les hacienda mexicaines, et les « briganti » se travestissent en brutes et en truands rendus crédibles par des décors et des costumes somptueux.
Cette générosité se retrouve même dans ce qu’elle revendique d’exubérances parfois presque pop ou rétro-punk. Les personnages sont sales, balafrés, baignés de sueur ; les couleurs sont saturées ; la musique mêle rock et chants traditionnels méridionaux.
Parfois au détriment de la profondeur d’écriture de ses personnages, la série est généreuse dans ses images, ses scènes d’action, jamais fainéante ou timide. Mention spéciale au casting qui est allé chercher des vraies gueules, amochées, burinées, bossues, pointues, bouffies, creusées, qui semblent tout droit sorties des bas-fonds de la Calabre ou d’un tableau du Caravage, des gueules qui feraient passer Willem Dafoe pour un chérubin. C’est la VO qui vient appuyer cet effort d’immersion du spectateur dans une époque : l’oreille étrangère est stimulée par les accents des dialectes respectifs des brigands et militaires (calabrais, sicilien, napolitain, romain, piémontais).
On peut regretter quelques défauts d’écriture dans une course au trésor où les personnages passent leur temps à faire des allers et venues parfois sans explication, ou bien la superficialité de l’exploitation des enjeux personnels qui limite notre implication et notre attachement dans l’histoire. En somme, parfois ça va un peu trop vite, et certaines histoires manquent l’occasion d’être creusées… peut-être dans la prochaine saison d’un genre trop rare pour être snobé.
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le 14 nov. 2024
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