Le paradoxe est là. Malgré la pléthore d'adaptations de la légende arthurienne au cinéma ou sur le petit écran, le nombre d'adaptations réussies et respectueuses du cycle arthurien est ridiculement faible. Finalement, les rares réussites sont des oeuvres comiques, le Sacrée Graal des Monthy Python et la série Kaamelott d'Alexandre Astier. Certes, le Excalibur de John Boorman reste un très bon film fidèle au texte de Thomas Malory mais il commence à vieillir un peu. Camelot vient juste s'ajouter à la longue liste des adaptations ratées.
Dès les premières minutes lorsque l'on aperçoit Merlin on comprend que le casting est raté De même pour le roi Arthur, pourquoi être allé chercher un des frères Hanson ? Certes, je ne m'attends pas à voir (forcément) un merlin en vieux sage type Merlin l'enchanteur ni un Arthur vieillisant type Sean Connery dans Lancelot mais il y a des limites. Et à ces erreurs de casting vient s'ajouter ce personnage de nonne ridicule ou cette Viviane domestique qui ne sert à rien.
Côté scénario, ce n'est pas vraiment mieux. Pourtant, la légende arthurienne est riche de récits donc s'il y a bien un aspect qui ne devrait pas poser de problème, c'est cette partie là. Pourtant, les épisodes défilent et ils ne se passent pas grand chose. On passe des épisodes entiers à attendre un peu de rebondissements, des bagarres ou du suspense mais non on ne voit que des discussions de couloirs, des états d'âme et des grands discours sur l'unité du pays et sa protection (sans que l'on sache vraiment d'où vient le danger). Mais ce qui est chronophage dans cette série, c'est le triangle amoureux (foireux) entre Arthur, Léantes et Guenièvre. Cette histoire là occupe des épisodes entiers où l'on découvre Arthur ne pouvant résister à ces pulsions. Mais au fait, cela ne devrait pas être le roi Arthur le cocu de l'histoire ? Mais avoir un personnage principal cocu cela ne plaît pas forcément aux producteurs qui préfèrent des héros plus lisses et plus propres alors faisons un Arthur vaguement manichéen et laissons le tromper la confiance de son champion Léantes (mais où est passé Lancelot ?). Ah Guenièvre et son fameux cœur volage aura causé, tout comme Hélène de Troie, bien des tracas à nos valeureux guerriers.
La série présente toutefois quelques points positifs. Tout d'abord le contexte puisque l'action a l'air de se situer au 5ème siècle, c'est à dire à l'époque où aurait vécu le véritable Arthur, loin d'un moyen-âge idéalisé remplit de chevaliers avec de lourdes armures et d'immenses chateaux-forts. Les règles de l'amour courtois sont elles aussi plutôt respectées (on couche ensemble mais on continue à se vouvoyer) et Léantes incarne jusqu'à son paroxysme l'esprit courtois quitte à trop en faire (A quoi lui aura servi cette fidélité à toute épreuve ?).
Au final Camelot demeure une série à oublier très vite. D'ailleurs Starz ne s'y est pas trompé et ne produira pas de 2ème saison. Tant pis pour Mordred, le fils incestueux d'Arthur et Morgane qui aurait dû faire son apparition lors de cette nouvelle saison mais de toute façon il n'y avait aucune raison que la série redresse la barre. Et il va falloir patienter encore quelques années avant qu'une nouvelle adaptation du mythe ne fasse son apparition en espérant cette fois une adaptation fidèle et respectueuse de la magnifique matière arthurienne.