Cash investigation se veut disruptif, venant déranger les puissants en révélant les mécanismes sous-jacents des grandes multinationales.
L'idée de base part d'un bon sentiment, mais on se retrouve vite face à une émission partiale qui adopte une position sensationnaliste, une position de journal à scandales où tout est fait pour insuffler le doute et la méfiance chez le spectateur.
Ce que je rejette complètement dans ce genre d'émissions, c'est le manque volontaire de discernement, la volonté de prendre un parti et de ne jamais en bouger. Cash Investigation a un point de vue à défendre, le ton de la voix off est insupportable d'autosuffisance, on vulgarise ce qu'on peut pour rendre l'émission plus accessible...
Quand Elise Lucet rend visite à Herta et qu'elle demande de visite les usines de transformation d'où sortent le jambon vendu en grande surface, la responsable en face d'elle lui répond que non car ça ne ferait qu'apporter une mauvaise pub à leurs produits. Bah oui tu m'étonnes.
Mais là où l'émission frôle carrément avec la mauvaise foi, c'est quand ils vont ensuite buzzer en utilisant tous les codes de la communication moderne en interprétant ce refus de manière conspirationniste : si on ne nous ouvre pas les portes des usines c'est qu'il y a quelque chose à cacher, c'est évident ! On prend le spectateur à témoin : quoi ? on refuse la visite de l'usine à Cash Investigation ? Vous avez vu ? Eh oui, mais moi à la place de l'autre, j'aurais fait la même chose. Et c'est là son droit, il n'y a pas à s'en offusquer.
Non, je ne pense pas que les multinationales aient systématiquement des secrets inavouables à cacher de l'oeil voyeur des caméras, mais elles savent simplement que le reportage n'a qu'un seul but : venir chercher la petite bête, venir appuyer leur argumentation partiale. Cette émission me laisse le douteux sentiment de ne pas chercher à analyser une problématique, mais bien de chercher à justifier sa propre supposition initiale "et si...", de justifier sa propre existence.
Investigation, vulgarisation, partialité et sensationnalisme ne font décidément pas bon ménage.