Nathan Fillion, le cas seul ?
Richard "Rick" Castle et un auteur de roman célèbre mais désoeuvré qui se retrouve sur une affaire criminelle lorsqu'un tueur décide de s'inspirer de l'un de ses roman pour commettre ses crimes. Par chance l'inspecteur chargé de l'affaire est une jeune femme plutôt canon répondant au nom de Kate Beckett. Comme le maire de New York est un ami proche de notre romancier le voilà propulsé en tant que consultant de luxe auprès du lieutenant Beckett.
Utiliser un personnage non-policier dans des mécaniques du polar n'est clairement pas une idée neuve ( Lie to me, Mentalist, Bones, Clair de Lune, Arabesque, Remington Steel ou même Dr House où les cas médicaux sont abordés comme des enquêtes criminelles ), pas plus que le couple antagoniste cimenté par une tension sexuelle sous-jacente (Une bonne partie des séries déjà citées mais il y a aussi les X-Files par exemple).
Ici Castle utilise une approche iconoclaste et décalée, cassant la rigidité supposée des méthodes d'enquête traditionnelles. Un air de déjà-vu qui pourra agacer mais qui a déjà prouvé son efficacité.
Du côté des enquêtes non plus ce n'est pas la foire à l'innovation, un épisode = une enquête généralement prévisible et consensuelle. Pire, le postulat de départ du pilote est, attention spoiler de la mort, évacué en un épisode. Alors qu'on s'imagine une sorte de fil rouge avec un mystérieux tueur qui copie les oeuvres de Castle mais qui échappe à la police in extremis à chaque fois, il s'agit juste d'un guignol qui maquille un crime minable. Hop c'est fini et c'est franchement dommage.
Plus tard la série amorce un autre possible fil rouge criminel mais s'en débarrasse très vite, comme s'il ne fallait pas trop dramatiser les choses.
Dis comme ça Castle a tout de la série policière un peu pourrie et largement superflue... et ce n'est pas complètement faux, avouons-le.
Cependant ça serait négliger un facteur important : Nathan Fillion. L'acteur principal fait littéralement un one-man show avec Castle et l'appréciation que vous aurez de la série dépendra beaucoup (entièrement ?) de votre tolérance aux pitreries de l'acteur canadien.
Une fois cette donnée prise en compte il faut reconnaitre que Castle est le genre de série qui se suit vraiment facilement et avec un certain plaisir. Le talent comique, le charme, les dialogues, les mimiques de Nathan Fillion sont vraiment excellents et font très souvent mouche. L'acteur porte littéralement le show à bout de bras et comme il est très souvent en forme : la formule marche.
A ses côté Stana Katic est décidément une très belle femme mais elle fait tout de même un peu rire lorsqu'elle tient un flingue et enfonce une porte avec ses chaussures à talon. Un personnage peu crédible donc mais qui, là aussi, dégage un charme imparable.
Le duo qu'ils forment fonctionne parfaitement, entre petites phrases assassines et insinuations salaces. Autour d'eux, le désert. Un couple d'adjoint sans intérêt, une légiste dont on cherche encore l'intérêt de sa présence, un commissaire invisible... seule la fille de Castle arrive à se montrer intéressante. Gamine super douée et bien plus mature que son père elle offre un bon contre-point aux idioties du personnage principal même si on peut toujours regretter que les scénaristes l'utilise pour véhiculer des "messages positifs" à la jeunesse (elle ne boit pas, ne fume pas, travaille dur, elle minaude) avec la subtilité d'un Arnold Schwarzenegger dans le film Commando.
Bref Castle est une série à l'écriture aussi médiocre que ses ambitions artistiques (la réalisation étant plate de bout en bout) mais qui compense par un capital sympathie indéniable. Les situations sont l'occasion de créer de bons quiproquos qui permettent à Nathan Fillion d'amuser la galerie avec talent. Une série légère et drôle, parfaite pour les soirées télé familiales sans prise de tête. Le genre de programme que tu ne zappes pas lorsque tu tombes dessus, ce n'est déjà pas si mal.