Cauchemars et canulars
4.5
Cauchemars et canulars

Émission TV Netflix (2019)

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Un soir, ne sachant quoi regarder tout en faisant défiler le catalogue Netflix, je suis finalement tombé, par hasard, sur cette mini-série se présentant comme un bref panel de canulars télévisés. Mettant l'accent sur la communication, la plateforme de vidéos à la demande américaine s'est donnée les moyens de vendre son programme, et pourtant, cela s'est avéré avoir l'effet d'un pétard mouillé. Totalement inconséquent.


Mettre Gaten Matarazzo en tête d'affiche comme animateur et acteur de cette émission permettra probablement d'émoustiller de la manière la plus racoleuse possible les fanatiques de « Stranger Things », mais nous ne mangeons pas de ce pain-là. Sa présence n'apporte rien d'indispensable aux scénarii des farces qui sont filmées. Il apparaît pour soi-disant coordonner les canulars, mais tout cela paraît comme une pure mise en scène établie au préalable. Finalement, il ne servira qu'à désamorcer trop rapidement les situations, si jamais ces dernières sont réellement authentiques.


C'est un sentiment d'inconséquence nuancé d'indifférence qui prédomine durant le visionnage de ces 8 épisodes d'une vingtaine de minutes. La production semble s'enthousiasmer à outrance sur quelque chose d'assez faiblard en somme. Chaque épisode expose sa petite histoire, construit son petit scénario faussement complexe pour qu'au final il ne se passe presque rien. Ils cherchent à exploiter des canulars qui se veulent richement élaborés mais ne prennent pas le temps de leur donner de la profondeur et de la texture. Chaque histoire est rapidement introduite par un bref synopsis qui présente les décors et les rôles des acteurs complices que l'on retrouve à chaque fois. Sans plus d'approfondissement, la farce s'enchaîne ensuite avec une fluidité bien trop artificielle et mécanique, sans que le moindre imprévu scénaristique ne vienne jamais dériver de la continuité dialoguée. Il est inutile d'imaginer une intrigue complexe avec plusieurs nœuds narratifs pour, en définitive, « piéger » deux personnes dans un vulgaire montage vidéo de 20 minutes sans pertinence.


Le principal problème réside dans la crédibilité que l'on peut accorder ou non à ces canulars. Personnellement, j'ai beaucoup de difficulté à croire que ce qu'y m'a été montré était le pur fruit de la spontanéité. Trop de détails font penser à une grossière mise en scène à grande échelle. Je ne doute pas un seul instant qu'un budget important ait été consacré à cette mini-série, mais la réalisation est excessivement inadaptée au propos. Soit tout ceci est une mascarade et rien n'est vrai, soit les choix de la direction artistique sont très mauvais, impertinents. Il y a beaucoup trop d'angles de vue pour y croire, l'image est trop parfaite, le son est trop parfait. Les « victimes » de chacune des farces sont censées être piégées et filmées à leur insu, alors pourquoi avons-nous l'impression qu'elles sont suivies par toute une équipe de tournage ? C'est trop gros ! Il est impossible d'y croire tant les prises de vue sont trop nombreuses et trop précises. Il y a des caméras de partout, sous tous les angles, qui filment absolument tous les détails. Le montage n'aide pas et renforce cette impression de pure mise en scène : les personnes piégées sont littéralement suivies par les caméras, tous les dialogues nous sont montrés en champ-contre-champ, il y a trop de zooms et de gros plans, tout est montré avec une aisance fort peu naturelle, le montage est trop dynamique pour une caméra-cachée avec des coupures intempestives... en totale opposition avec ce qui se fait généralement dans ce registre, avec un ou deux points de vue seulement, avec des plans fixes qui durent souvent un moment et des sous-titres pour venir supporter une prise de son assez médiocre puisqu'on utilise généralement de petits microphones portables camouflés dans un coin de la pièce pour être le plus discret possible.


On a vraiment l'impression d'avoir affaire à une équipe d'acteurs entourée de cadreurs et de perchistes ; et si ce n'est pas le cas et que cela est le fruit d'un équipement hors-norme payé avec un budget indécemment élevé pour ce genre de programmes, le résultat escompté n'est pas atteint car la réalisation et le montage suggèrent davantage la mauvaise sitcom que la caméra-cachée pure et dure. Et puis les soi-disant victimes des canulars ne sont pas vraiment convaincantes. Tout paraît si faux. Pourquoi ne posent-ils aucune question sur quoi que ce soit ? Ce sont, en principe, des intérimaires fraîchement débarqués, alors pourquoi ne s'intéressent-ils à rien, ne semblent-ils pas curieux ou bien épris par le doute ? Ils ont été embauchés par des sociétés fictives et aucun n'a pris la peine de faire une recherche en ligne pour vérifier au minimum si ces entreprises existaient vraiment. Pourquoi ? C'est bizarre quand-même. Ils arrivent donc comme des fleurs en ignorant tout de leur employeur, ils gobent le discours de l'acteur jouant son rôle sans poser la moindre interrogation d'ordre personnelle ou professionnelle à ce dernier comme s'ils obéissaient à la rigidité d'une ligne scénaristique préétablie. Puis, ils n'ont presque aucune réaction pour la plupart ou se contentent d'aller dans le sens qu'il leur est prédestiné. On les embarque, de nuit, pour les emmener dans un endroit qu'il ne sont pas censés connaître... ils sont là depuis 30 minutes, et au premier évènement complètement anormal ils se laissent trop facilement prendre au jeu : « Ah oui oui c'est un loup-garou ou un esprit...oui absolument, j'y crois totalement ! Oulala j'ai peur ! ».


Bref, il est compliqué de trouver des points positifs dans cette mini-série comique. On n'y croit pas un seul instant à cause d'un montage inadapté et d'une réalisation bien trop proprette pour une authentique caméra-cachée. Même si tout est vrai, les choix qui ont été fait pour nous le montrer sont très mauvais. Dans tous les cas, c'est un échec, on ne parvient pas à donner du crédit à de tels canulars passant pour des mises en scènes de A à Z. Les histoires sont faussement complexes et finalement rien n'est étoffé, ces intrigues ne proposent que très peu de texture, ce qui n'arrange en rien leur cas. Les « victimes » sont trop statiques, trop inactives, trop bridées, trop artificielles... elles n'agissent presque pas et donnent l'impression de faire exactement ce que le scénario leur dit. Même face à un « faux » psychopathe ou meurtrier, l'impassibilité et l'oisiveté sont de mise pour nos protagonistes. Les situations sont trop vite désamorcées, toujours au moment où cela commençait à être intéressant, ce qui fait chuter le peu de tension que l'on pouvait ressentir. Ce n'est même pas vraiment drôle et la présence de Gaten Matarazzo est bien trop racoleuse et putassière. Les deux derniers épisodes paraissent plus réalistes et mieux travaillés, mais cela ne rattrape pas tous les autres problèmes cités précédemment. Ce sera pour une prochaine fois, enfin, peut-être.

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le 28 oct. 2019

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