A l’intérieur de nous, existe une maison. Notre boite à souvenirs. Y sont stockés nos moments passés, les images qu'on a capturé, parfois altérés, parfois fidèles. Nos émotions, nos sentiments, nos expériences. Notre chemin de vie.
Entrer dans la maison, c'est prendre le risque d’être face à soi même. Face à ses souvenirs.
Mais c'est nécessaire.
Et nous sommes tous, tout un chacun, confrontés à ce qu'ils ont été confronté. Le souvenir du deuil. Le poids de la famille, ou au contraire, la volonté très forte d'en avoir une. Il nous arrive d’être face à notre ego, qui veut tout faire pour exister, quitte à tuer le semblant d'humain réel qui nous compose. Et puis il y a celui qui ne peut se séparer du souvenir de son amour, à tel point qu'il soit parti le récupérer.
Face au souvenir, on se retrouve piégé. Tout disparaît, ne restant que le souvenir qui devient un monstre, dévorant le reste. Il faut éventrer la douleur, l'arracher de nos boyaux, ne plus faire un avec, mais au contraire se séparer d'elle, l'abandonner, lâcher prise. Il n'y a que comme ça qu'on retrouve la porte de la sortie. Qu'on retrouve enfin la lumière.
Certains pensent que les mauvais souvenirs doivent être effacés. Que s'il existait un endroit de ce type, il faudrait y vivre. Que cet endroit mériterait de se nourrir de nos souvenirs. Mais alors, on n'existerait plus. On ne serait que des coquilles vides, dépourvus de consistance. Comme un disque dur vierge, dont on aurait tout effacé.
Il faut prendre garde à la maison. N'y entrer que si nous sommes prêts. Car si on y entre... Et bien, on peut ne plus en sortir. Il faut être courageux, pour se regarder en face, et avancer.