Il est extrêmement rare que je me précipite sur un film ou une série dès sa sortie en Blu-Ray ou DVD. Mais Chernobyl avait plusieurs cordes à son arc. Premièrement, elle traite d'un sujet qui m'intéresse énormément de base, ensuite elle ne s'éternise pas longtemps (cinq épisodes d'une heure environ à peine) et enfin les avis étaient dithyrambiques. C'est bien simple, autour de moi, c'est une des séries dont j'ai le plus entendu parler.
Je ne suis pas non plus vierge de toute connaissance quant à la catastrophe. Je ne reviendrais pas sur ce que les politiciens français de l'époque avaient dit à leurs concitoyens mais deux ouvrages m'avaient déjà fortement marqués et appris : le premier est La Bataille de Tchernobyl, un documentaire mettant en avant les liquidateurs, ces hommes qu'on a envoyé sur le toit pour dégager les morceaux de graphite tout en évoquant de manière chronologique la catastrophe. Le second est un bouquin de Svetlana Alexievtich, La Supplication, qui est un recueil de témoignages impressionnant. Pour ceux qui ont aimé la série, je peux d'ores et déjà vous dire de foncer sur ces deux oeuvres.
Ce qui me plaisait d'autant plus c'est que Chernobyl s'est basé de ces deux sources en plus de plein d'autres documents auxquels ils ont pu prendre leur inspiration. Les premières minutes de la série nous font quelque peu tiquer car les personnages parlent en anglais. C'est con mais il a fallu dans mon cas un léger temps d'adaptation. Mais il s'évanouit bien vite une fois qu'on passe au-dessus. Et on peut en apprécier encore plus l'incroyable jeu de l'ensemble des acteurs. On notera aussi à quel point le casting d'acteurs est parfois extrêmement ressemblant aux personnages réels qu'ils incarnent.
Chernobyl, c'est un savant mélange de récit, d'émotion, de raconter une histoire mais aussi de faire ressentir la peur de l'élément radioactif que l'on ne voit pas mais dont sent que la menace plane et est partout omniprésente. C'est aussi une série qui reste particulièrement fidèle aux événements, aux personnages (sauf dans le cas de la physicienne), mais aussi aux rumeurs qui ont parfois couru sans que les éléments n'aient pu être vérifier (notamment une explosion encore plus grosse qui aurait pu advenir quelques jours après la première mais qui a été évitée grâce au travail de trois liquidateurs. Travail qui était peut-être inutile sur ce coup-là).
Evidemment, il y a de la fiction, il y a ce moments où l'on fait ressortir un peu plus les émotions (les applaudissements qui n'ont jamais eu lieu lors de l'événement que je décris plus haut une fois que les trois ouvriers sont sortis), il y a des éléments vraiment glaçants (les effets de la radiation, qui semblent quand même être fidèles à ce qui se passait vraiment, etc.). Il y a le personnage de la physicienne qui est un "condensé" des scientifiques de l'époque.
Et surtout, outre la catastrophe qui évoquée dans son avant, pendant et le bien après, il y a la l'incroyable façon que la série montre toutes les failles du système communiste, la façon dont ces hommes sont tenus à respecter le parti. Le parti qui se place au-dessus des hommes même quand un témoignage dit qu'il a vu quelque chose, des membres supérieurs du parti refusent de le croire car cela ne peut pas arriver.
Il y a donc plusieurs niveaux de lectures à cette série qui s'inscrit directement dans la lignée des remarquables scénarios que HBO nous a pondu au cours des années précédentes. Et même au-delà. Sans aucun doute l'une des séries de l'année. Sans aucun doute l'une des meilleures séries tout court.