Chernobyl
8.5
Chernobyl

Série HBO (2019)

Voir la série

La mini série de six épisode pour une seule saison provoque un suspens immédiat, pas d'autre choix. Tourné dans un pays de l'Est, la mise en scène semble soviétique des années 80, ce qui est fort sympathique d'un véritable retour en arrière du temps du mur de Berlin. L'histoire est parfaitement respectée, la mise en scène grandiose, sobre, on oscille entre du Tarkovsky et cette mièvre propagande des films soviétiques d'une époque révolue qui n'était pas si mauvaise ; la paix sociale, le silence, l'ennui de vivre, la corruption abrutie et lourdote. "Chernobyl" est la confrontation violente avec un monde meilleur dont cette catastrophe est le fruit de l'orgueil du seul responsable initial, Anatoly Dyatlov (Paul Ritter), le vice-ingénieur en chef de la centrale nucléaire de Tchernobyl la nuit de la catastrophe, le 26 avril 1986. Il imposa l'arrêt de toutes les alertes de sécurité dans l'expérimentation de cette centrale dans des tests contre une attaque américaine des centrales nucléaires soviétiques. Il avait perdu son fils par des des rayonnements mortels, et il avait une revanche psychotique à prendre sur ce nucléaire.
Tout commence par les confidences de Valery Legassov (Jared Harris) qui se pend (en 1988) juste après. Il est le rapporteur de la Commission gouvernementale chargée de la gestion de la catastrophe. Le retour vers le drame de l'accident de Tchernobyl commence dans ce premier épisode sobre. Dans le second épisode arrive Boris Shcherbina (Stellan Skarsgárd), vice-président du Conseil des ministres et chargé de vite régler ce qu'il croit n'être qu'un banal accident. En apprenant qu'il a déjà été exposé aux radiations et n'a plus que "5 ans à vivre avant de développer un cancer" par Legassov, il s'effondre et l'humain apparaît derrière l'orgueil de la Nomenklatura soviétique. Le désespoir du 3e épisode cache en réalité toute la souffrance que nous ne faisons que voir. Le tournant du passage dans notre souffrance de spectateur arrive avec le quatrième épisode. Anatoly Dyatlov est reconnu responsable enfin, pour l'histoire il est mort en décembre 1995, dernier miraculé de l'équipe en place. Il refusa toujours de reconnaître ses erreurs. Cela ne déséquilibre pas le récit de la série puisque l'enquête ne commença que bien plus tard. Les acteurs portent leurs souffrance contenues en nous, et la mini série est parfaitement équilibrée, à nous maintenant de vivre ce qui va suivre...
Le drame humain intéresse le réalisateur américain, et il aboutit à l'angoisse de devoir exister dans cet après Tchernobyl, maintenant en mai 2019, certes du devoir du souvenir, mais que le monde et toute vie humaine à jamais sera frappée par les conséquences insurmontables des radiations dont certaines durerons des millions d'années. À Tchernobyl, on a ouvert "l'endroit le plus dangereux de la planète pour toujours". L'effondrement en fin de vie du système soviétique n'est qu'une parenthèse, les radiations sont pour toujours. Un chef d'œuvre terrifiant, réel, incontournable, qu'on devrait montrer dans les écoles pour prendre conscience qu'on a déjà rendu un coin de terre mortel pour toute forme de vie. L'humain a fait un pas en enfer, il l'a apporté sur terre définitivement. Terrifiant.

jesuisici
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 30 mai 2019

Critique lue 588 fois

jesuisici

Écrit par

Critique lue 588 fois

D'autres avis sur Chernobyl

Chernobyl
Sergent_Pepper
9

Science, inconscience, ruines et larmes

Malin, malin, malin… le mot ne cesse de revenir à l’esprit, dès l’ouverture de ce petit fleuve de 5 heures pour une immersion dans les eaux contaminées de l’Histoire. Maline, cette idée de commencer...

le 12 juin 2019

149 j'aime

10

Chernobyl
drélium
8

Soft Power Plant

Le premier épisode est la chose la plus terrifiante qu'il m'ait été donné de voir depuis longtemps. Une menace sourde s'empare de la pellicule dès les premières secondes. Tellement terrifiant que...

le 14 juin 2019

110 j'aime

3

Chernobyl
guyness
8

Dies iradie

Le 26 avril 1986, alors que des tubes aussi prémonitoires que "ouragan", "burning heart" ou "in the heat of the night" inondent les ondes françaises, une extraordinaire combinaison de bêtise humaine,...

le 10 juin 2019

102 j'aime

17

Du même critique

Alice et le Maire
jesuisici
1

Alice au pays des maires, veille.

Oublions un instant le scénario catastrophe qui n'invite même plus à porter un gilet jaune, la première constatation est l'effondrement du jeu de Fabrice Luchini. D'où la question qui tiraille le...

le 5 oct. 2019

4 j'aime

1

Snowflakes Are Dancing
jesuisici
10

Isao Tomita aime la France et ouvrit les synthétiseurs au Japon

Isao Tomita (22 avril 1932 - 5 mai 2016) rend hommage au compositeur français Debussy dans un album devenu célèbre dans le monde entier : "Snowflakes are dancing". Bien des morceaux ont furent...

le 26 oct. 2018

4 j'aime

Band on the Run
jesuisici
10

Les amis de Paul sur le chemin

Quel album et quelle prestance. Cela commence sur cette pochette et combien de stars qui le suivent. Cet album va mettre KO son concurrent Lennon qui n'a sorti que deux albums saint de corps et...

le 31 oct. 2018

3 j'aime