Produite en Série

Dépossédé de son jouet préféré avec l'insipide remake Child's Play La Poupée du Mal sorti en 2019, Don Mancini mène la fronde en poursuivant de son côté et à travers une série TV l'aventure de la poupée brave gars débuté il y-a 35 ans déjà. Impliqué dans toutes les suites cinématographiques, le papa de Chucky va tenter de rassembler tous les morceaux du puzzle tout en proposant (encore) de nouveaux personnages et de nouvelles aventures tout en s'inscrivant dans la continuité des sept films précédents. Après deux saisons il faut au moins reconnaître que ce Chucky version TV efface presque immédiatement de nos mémoires l'horrible remake de Lars Klevberg pour nous plonger dans un joyeux bordel horrifique qui certes ne coche pas toutes les cases de la franche réussite mais offre un divertissement des plus sympathiques.

Chucky is back et dans son look originel de poupée brave gars avec salopette et tignasse rousse. Seul petite différence c'est désormais devenu un jouet vintage que l'on trouve sur des vide greniers ou sur Ebay. Un adolescent mal dans sa peau qui fait des sculptures à base de morceaux de poupées achète donc ce bon vieux Chucky et c'est le début des emmerdes et des homicides pour lui et les autres pauvres personnes qui gravitent autour de lui.

Difficile de vraiment résumer les deux premières saisons de Chucky qui si elles possèdent une même ligne directrice partent aussi un peu dans tous les sens (surtout la seconde) en multipliant des idées et des axes narratifs parfois abandonnés au bout de quelques épisodes seulement. La série s'en va entre autres choses explorer à travers de nombreux flash-back pas bien convaincants le passé du tristement célèbre tueur Charles Lee Ray qui pour l'occasion est interprété par Fiona Dourif. Dans un soucis de démultiplier les menaces la série nous propose aussi de multiples poupées Brave Gars pouvant potentiellement agir telle une armée avec diverses versions de Chucky dont une super costaud, une agissant tel un éclaireur ou une autre en guise de général de troupe, mais toutes curieusement habitées par le même esprit. On tentera aussi de rééduquer Chucky façon Orange Mécanique histoire d'en faire un gentil garçon avec une aversion pour la violence ou carrément de l'exorciser en parodiant le célèbre film culte de Friedkin, les clin d’œil à la pop culture sont d'ailleurs nombreux de Apocalypse Now au Silence des Agneaux en passant par Massacre à la Tronçonneuse. Il faudra faire également avec une multitude de transferts de poupées à vivants et de vivants à poupées à ne plus savoir ni comprendre tout à fait qui est qui, mais bien pratique pour garder vivante la poupée y compris quand on la croira définitivement morte dans d'atroces souffrances. Une chose est certaine ce bon vieux Chucky (toujours avec la voix de Brad Dourif) est bel et bien là, plus sadique, meurtrier et sardonique que jamais et toujours aussi increvable même si il va s'en prendre régulièrement plein la gueule au fil des épisodes en étant brûlé, tronçonné, criblé de balles et même crucifié. Et finalement l'essentiel est peut être là dans le bonheur de retrouver le sale gosse rouquemoute en salopette tourmenter des adolescents, s'acharner avec sadisme et délectation sur ses victimes tout en nous offrant quelques bon mots entre deux éclats de rires maléfiques et trois grosses gerbes de sang. D’ailleurs la série est plutôt généreuse niveau gore et ceci malgré quelques effets numériques pas toujours très heureux, en tout cas en fin de saison Chucky très fier de lui apparaît tel un Rod sterling ou un gardien de la crypte pour résumer avec délectation son travail de tueur et énumérer son tableau de chasse. Quant au ton il est clairement plus à la comédie macabre qu'à l’angoisse et l'horreur pur et dur, ce qui n'empêche pas le show de s'appuyer occasionnellement sur quelques ressorts dramatiques forts.

Niveau casting on pourrait se mettre à chanter du Charles Aznavour sur le registre : Ils sont venus, ils sont tous là … Brad Dourif rempile donc comme voix de Chucky et l'on retrouve également Jennifer Tilly plus Betty Boop déchaînée que jamais dans le rôle de Tiffany qui vit donc dans le corps de Jennifer Tilly. La famille ne serait pas au complet sans les jumeaux Glen et Glenda (Lachlan Watson) incarnation physique du fiston androgyne et non genré Glen. La série nous permet aussi de retrouver des personnages récurrents de l'univers Chucky comme Neca (géniale Fiona Dourif), le gosse traumatisé Andy (Alex Vincent) et Kyle la baby-sitter (Christine Elise), plus quelques guest stars dans leurs propres rôles comme Meg Tilly, Gina Gershon ou Joe Pantoliano. Quant aux nouveaux protagonistes ils s'articulent autour d'un trio d'adolescents plutôt convaincants sans être extraordinaires avec pour commencer deux jeunes garçons Jake (Zackary Arthur) et Devon (Bjorgvin Anarson) qui vont se découvrir dans l’adversité une attirance amoureuse réciproque, une orientation qui suffira au titre du grand méchant wokisme à rejeter bêtement la série d'un bloc pour certains spectateurs. Le troisième personnage Lexie (Alivia Alyn Lind) est une jeune fille dont la trajectoire au fil des épisodes est assez intéressante puisqu'elle passera de peste harceleuse et suffisante à fragile toxico angoissée par le spectre de la poupée tueuse. De nombreux autres personnages gravitent autour de ce noyau dur d'anciens et de nouveaux protagonistes mais inutile de trop vous attacher à eux car avec un Chucky dans les parages la plupart ne restent jamais vivants bien longtemps.

La série Chucky possède bien plus de liens avec les derniers films de la saga que le tout premier film Jeu d'enfant. Dans son registre de foutoir horrifique et comique , même si ce n'est pas toujours une franche réussite la série est plutôt agréable.