On sort du premier épisode de "Raising Dion" complètement perplexe, à se demander ce que fait une telle proposition sur Netflix en 2019.
Si l'on était au milieu des années 2000, bien avant l'essor du streaming & co, la série aurait été parfaite sur un grand network américain comme ABC ou NBC avec son traitement familial aussi classique que "gentillet". Enfant doté de super-pouvoirs, conspiration, grande compagnie louche et bons sentiments sont en effet les ingrédients utilisés dans une approche de feuilleton que l'on pourrait presque qualifier de ringarde tant les personnages, leurs interactions et leurs mésaventures sont ici figés dans une approche standarde de série qui a certes fait ses preuves en matière d'efficacité par le passé mais qui, aujourd'hui, fleure les émanations de rouille d'une mécanique utilisée abusivement. Là où, paradoxalement, un "Stranger Things" est reparti plus lointainement dans le passé pour réutiliser tous ses éléments dans un contexte nostalgique avec le succès qu'on lui connaît, "Raising Dion" paraît finalement plus sentir le formol en adoptant une formule dépassée malgré son cadre contemporain. La mise en scène est désespérément plate, les effets spéciaux semblent eux aussi avoir dix ans de retard, l'exposition est particulièrement laborieuse comme il est difficile de croire un tant soit peu à la réalité d'un univers qui a tout... ben... d'une série TV, même le jeu d'acteur du petit Ja'Siah Young que l'on pourrait qualifier d'aléatoire (pour rester poli) participe à ce côté artificiel d'une mayonnaise que l'on a déjà goûté maintes fois mais dont on a fini par se lasser depuis un bon moment.


Alors que l'on envisage déjà de ne pas suivre l'apprentissage de ce petit super-héros en puissance sur le long terme, le premier épisode a heureusement la bonne idée d'offrir un dernier acte bien plus réussi que ce qui l'a précédé. À la fois poétique le temps d'une séquence aux allures oniriques et réellement intriguante par les jalons de la mythologie qu'elle installe, cette fin d'épisode donne tout de même envie de laisser sa chance à la série malgré les faiblesses évidentes de sa proposition. Et, bizarrement, "Raison Dion" ne va jamais nous faire regretter ce choix... du moins, jusqu'à sa conclusion.


Au cours, disons, des six épisodes qui vont suivre, "Raising Dion" va en quelque sorte complètement assumer le premier degré familial désuet sur lequel elle a choisi de se situer et, à notre grand étonnement, emporter notre adhésion avec elle. Bien sûr, elle n'offre pas vraiment d'énormes surprises du point de vue de son déroulement global avec les éléments de sa mythologie mise en place mais, en termes de divertissement, la série sait indéniablement se montrer efficace. En mêlant ses diverses péripéties autour du développement des pouvoirs de Dion à la force du lien qui unit ce dernier à sa mère souvent dépassée par les événements, "Raising Dion" trouve un rythme de croisière on ne peut plus plaisant ponctué à la fois d'un univers en constante extention grâce aux ramifications qu'elle dévoile progressivement (ses cliffhangers sont particulièrement redoutables pour nous donner envie d'y revenir) et de moments d'un quotidien forcément bouleversé par une telle situation. Ainsi, pendant que tous les points commencent à être reliés entre Dion et tous les autres protagonistes -dont un mystérieux antagoniste "tempétueux"- ayant un rapport de près ou loin avec ses capacités, la série ne perd jamais de vue le relationnel de ses personnages pour offrir des respirations d'humour (une ola pour Esperanza !), d'émotion et quelques regards loins d'être idiots (à défaut d'être subtils) sur les sacrifices d'une mère célibataire ou encore d'un racisme "ordinaire" enraciné dans notre époque.
Finalement, on pourrait presque dire que "Raising Dion" joue elle aussi sur une forme de nostalgie de ces séries très premier degré qui ont été reléguées en arrière-plan par d'autres bien plus élaborées et ayant sans cesse amplifié nos attentes. "Raising Dion" ne nous fait grandir au contraire de son petit héros, elle nous fait régresser devant un plaisir feuilletonnant simple et efficace. Et puis, il faut également souligner que le tout est emmener par une véritable révélation, Alisha Wainwright (vue dans la série "Shadowhunters"), qui donne à son personnage de mère courage une espèce de naturel rafraîchissant qui paraît même parfois influer sur ceux avec lesquelles elle interagit, on s'est même habitué aux errements de jeu de Ja'Siah Young grâce à elle, c'est dire...


À ce stade, on en arrive à la fin de l'avant-dernier épisode et, pour l'heure, force est de constater que "Raising Dion" a gommé nos gros doutes des débuts pour se muer en petit plaisir coupable on ne peut plus sympathique.
Seulement, lorsque le temps arrive de sa révélation finale, la série va tirer une ficelle beaucoup trop grande pour elle et qui va nous ramener sur notre sentiment déceptif vis-à-vis de ses prémices. Le rebondissement en question est pourtant loin d'être bête, même très "comicsien" dans sa manière de relier l'intime à la grande histoire, et il a le mérite de surprendre mais, passé la stupeur, on en vient très vite à se demander si la série va parvenir à le justifier correctement... et ce ne sera hélas pas le cas. Tout ce qui suivra dans l'épisode final pour tenter d'étayer cette nouvelle donne se fera dans la précipitation la plus totale, juste dans le but d'amener au plus vite un dernier affrontement se voulant plus impressionnant et réunissant toutes les forces en présence, un peu comme si la série avait voulu passer un cap insurmontable pour elle et qu'elle se retrouvait prise au piège de ses ambitions limitées sans pouvoir offrir autre chose qu'un simple petit spectacle conclusif.


Il est donc vraiment dommage qu'elle nous laisse sur cette impression déjà ressentie à son commencement car, entre, "Raising Dion" avait su montrer qu'elle pouvait jouer avec sa simplicité pour en faire une vraie force divertissante. La série se termine en laissant le champ libre à une potentielle seconde saison aux perspectives pas inintéressantes et, à vrai dire, on a même plutôt envie de retrouver Dion et sa mère à l'avenir mais il faudra cette fois faire mieux et surtout avec plus de constance. Après tout, on parle de l'éducation de notre futur sauveur tout de même...

RedArrow
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le 8 oct. 2019

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RedArrow

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