Commissaire Moulin, c’est un peu comme si on avait pris un gars sympa du quartier, qu’on lui avait collé un badge de police, des rouflaquettes parfaitement taillées, et une furieuse envie de régler ses affaires en distribuant des mandales à tout va. Bienvenue dans l’univers de Jean-Paul Moulin, flic de terrain, homme d’action, et accessoirement champion du punch sans préavis. Si tu t'attendais à une série d'enquêtes posées avec réflexion, passe ton chemin, ici c’est du pur made in "coup de gueule et virée en bagnole".
Le commissaire Jean-Paul Moulin, c’est l’archétype du flic qui a vu des trucs et qui n’a plus vraiment le temps de faire dans la dentelle. Joué par Yves Rénier, il est du genre à foncer tête baissée dans l’action, à accumuler les arrestations musclées et à mépriser les procédures qu'il trouve un peu trop molles pour son goût. Alors qu'il fait ce qu'il faut pour protéger Paris des malfrats, il ne s’embarrasse pas de diplomatie. "Parlez-vous droits de l’homme ? Je parle révolver", pourrait résumer son approche.
Les enquêtes ? À l’image du commissaire : directes, sans fioritures et parfois tellement prévisibles qu’on pourrait deviner l’issue en écoutant simplement le générique. Le criminel du jour est souvent un type à la mine patibulaire, et dès qu’il croise le chemin de Moulin, il sait que ses jours de liberté sont comptés. Un petit interrogatoire, un ou deux coups dans le bide, et hop, direction la case prison. C’est efficace, certes, mais si tu cherches un mystère profond et des retournements de situation à la Sherlock Holmes, tu risques de rester sur ta faim.
En parlant d’action, Commissaire Moulin se plaît à rappeler que dans les années 70 (et plus tard dans les années 90), il n’y avait pas encore de drone ou d’analyse ADN en trois minutes chrono. Non, ici, les bagarres dans des entrepôts désaffectés et les courses-poursuites en voitures qui crachent de la fumée sont la norme. Moulin, c’est l’art de traquer un type dans une Renault 12, de sauter par-dessus des caisses en bois qui semblent avoir été placées là juste pour être renversées, et de terminer par une arrestation "musclée" où on n'a pas besoin de lire les droits avant de passer les menottes.
Côté personnages, Moulin incarne le flic bourru mais au grand cœur, celui qui fait respecter la loi tout en se débattant avec ses propres problèmes (un divorce par-ci, des tensions avec sa hiérarchie par-là). Son rapport avec ses collègues est souvent tendu, notamment avec ses supérieurs qui préfèrent la paperasse et les procédures aux courses-poursuites en bagnole dans les rues de Paris. Mais rien n’arrête notre commissaire, surtout pas un ordre venu de là-haut.
La série est évidemment très marquée par son époque. Les rouflaquettes, les costumes cintrés, les voitures d’époque qui semblent sorties tout droit d’un garage des années 70 : tout respire une nostalgie palpable. On pourrait presque entendre les pantalons pattes d’éléphant grincer lors des arrestations. L’esthétique des épisodes les plus anciens est un hommage vibrant à cette époque où les flics avaient encore des bottines en cuir et où l’adrénaline suffisait à résoudre la plupart des enquêtes. Il y a quelque chose de délicieusement kitsch dans ces scènes où tout le monde semble prêt à se battre au moindre coup d’œil de travers.
Le problème, c’est que si l’action est omniprésente, l’écriture des scénarios, elle, manque parfois cruellement d’inspiration. Les intrigues se ressemblent beaucoup, et Moulin, malgré son charisme indéniable, finit par tourner en rond. Les méchants sont souvent stéréotypés, les enjeux assez basiques, et on sent que les scénaristes préfèrent les bagarres de rue à la subtilité narrative. Un peu de profondeur n’aurait pas fait de mal à ce bon vieux commissaire, surtout après une centaine d’épisodes où il passe plus de temps à cogner qu’à vraiment enquêter.
Visuellement, c’est du "vintage" pur jus, avec des scènes de rue qui sentent bon l’asphalte des années 70 et des intérieurs de commissariat où le mobilier semble sorti d’une brocante. La série a tout le charme désuet de ces productions télévisées d’antan, avec ses décors un peu vieillots et ses scènes d’action filmées à la main, qui, aujourd’hui, pourraient presque passer pour de l’art conceptuel. Et n’oublions pas la bande-son, où les cuivres triomphants accompagnent souvent une scène de bagarre bien chorégraphiée.
En résumé, Commissaire Moulin est une série pour les nostalgiques des enquêtes à l’ancienne, où l’action prend largement le dessus sur le développement des intrigues. Si tu es du genre à apprécier les rouflaquettes, les arrestations musclées et les commissaires qui enchaînent les punchlines aussi vite que les suspects, alors cette série pourrait te faire passer un bon moment. Pour les amateurs de finesse et de mystères complexes… mieux vaut aller voir ailleurs, car ici, le "coup de poing" est aussi littéral que métaphorique.