Je suis ravie d’avoir fini 2015 avec Concrete Revolutio. De ce fait, je m'en tiendrais seulement au positif dans cette modeste critique. Et particulièrement à ce que qui m'a fait jubiler dans le dernier épisode de cette première saison.
C'est monsieur Watanabe qui avait, le premier, et par touches discrètes, suscité mon intérêt pour le Japon des années 60.
Depuis, je savoure tout ce qui peut se rapporter à ces années-là dans l’archipel nippon, que cela soit juste une toile de fond discrète, un cadre thématique plus concret ou comme ici, une sorte d’allégorie.
Avec Concrete Revolutio non seulement je retrouve cela, mais avec en bonus une allusion thématique sans prétention quoique bien claire à Civil War.
De plus, en fouillant un peu, je me rends compte qu’il se peut tout à fait qu’il y ait une filiation directe avec le seinen de 1970 : Les vents de la colère de Tatsuhiko Yamagami. Manga qu’il faut que je lise absolument, d’ailleurs avec Unlucky Young Men et bientôt Mashima Boys ^^
Jirô, le héros de CR, n’est pas sans faire penser à Gen, le personnage masculin principal du manga en question. Il y a un vrai clin d’œil dans le charac design, même si Jiro est un un peu plus "pimpé".
Dans Les vents de la colère, nous sommes en présence d’une politique fiction qui n’a bien entendu aucun élément de surnaturel, mais Gen a un background qui correspond à ce qui est dévoilé/dénoncé de l’utilisation et du traitement des supers humains dans CR.
Bien entendu, l’époque est au vent qui se lève : manifs estudiantines de mai 1668, difficiles rapports avec l’ingérence américaine qui magouille avec l’armée japonaise, corruption politique... On a une problématique assez similaire sur le pouvoir et la révolte. On y voit en arrière-plan les idéaux d’une génération qui n’a pas vécu la guerre et qui se politise pour chercher la paix durable, quitte à se heurter violemment à la génération d’avant pour que l’histoire ne finisse pas par se répéter…
Les supers humains étant des armes, on ne peut que penser à l’arme nucléaire. Une certaine forme de fascisme, mais aussi Hiroshima et Nagasaki font bien entendu partie de cette histoire. Dans CR, nous comprenons à la toute fin que l'Enola Gay écrasé fait de Jirou un Little Boy.
Il y a également cette référence à l’épisode #jesaispluscombien à cette fameuse affaire du village de Moike traité dans Les vents de la Colère.
A l’épisode 13 de CR, on comprend (et de toute façon le mot est lâché par un gamin à sa mère ébahie :p) que la jeunesse traque finalement une forme de fascisme (on le voyait venir de toute façon avec le mouvement des supers humanistes et la « croisade » de Claude. Je retiendrai d’ailleurs sa phrase entre toutes : Défendre ma liberté perturbe la paix. La poursuite de votre justice viole ma liberté. Il n'y a pas de réponse unique »
Car c’est finalement la base de toute réflexion sur la révolte et je trouve que ça résume bien le propos sous-jacent à l’anime.
Je préfère retenir cela (avec le twist final) et écarter le détail insignifiant du pouvoir de la chansonnette pour transformer une manif en kermesse :)
Hors analyse rapide de ce que j'ai ressenti hier, je dirais que le bilan global de la série est positif pour moi. J'ai crains un moment la confusion des genres, le syndrome du fondement entre deux chaises, mais ce que je retiendrai c'est ce subtil mélange entre univers presque cartoon, pop art coloré, léger et la gravité des thèmes. J'ai aimé le crescendo dans le traitement de l'intrigue.
Quant à la narration, j’en suis sortie totalement charmée et stimulée (j’adore les analepses et pour le coup je pense qu’elles étaient géniales car la cohérence de propos qui est ressorti du produit fini s’est méritée par construction).
Autres éléments appréciables : la thématique de l’exclusion, par cette allusion discrète à la naissance dans la douleur de la cohabitation public/privé et par bon nombres d’aspects techniques comme l’ambiance graphique et bien sûr, importantissime : la musique. Mention pour l'opening qui va rentrer dans mon top 2015.
Et pour finir, merci à Yoshiyuki Ito pour ce petit bonheur simple de voir un clin d'oeil à Solf J. Kimbley dans l'épisode final.