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L'ascension et la chute des groupes de rock de toutes les époques ont fait l'objet de dizaines d'histoires. Documentaires, fictions, parodies, tout y est passé. Des films et des séries ont été réalisés, certains classiques, d'autres plus oubliables. Qu'est-ce qui distingue DAISY JONES & THE SIX des autres ? Rien, vraiment, à part quelques problèmes de structure et de formatage. Mais au-delà de ça, ce n'est rien d'autre qu'une histoire de plus - parfois intelligente, parfois moins - parmi les nombreuses histoires qui peuplent l'histoire de ce que l'on appelait autrefois le rock.


Dans ces grandes lignes, DAISY JONES... traite des années 1970, l'époque de l'essor de la version californienne du rock américain, avec pour épicentre le mouvement Laurel Canyon et des groupes comme Crosby, Stills & Nash ou des artistes comme Jackson Browne ou Joni Mitchell. Non pas que ces musiciens soient particulièrement citables - l'histoire racontée touche peu, du moins jusqu'à présent (épisode 4), aux questions de modes ou de styles, en dehors de quelques touches sympathiques sur la bande-son - mais c'est le genre de monde dans lequel nous nous trouvons, avec quelques clins d'œil "commodes" aux débuts du disco et à la culture afro-américaine en général. Si un groupe vu au cinéma est une référence, c'est bien Stillwater, celui inventé par Cameron Crowe pour la fiction d'ALMOST FAMOUS.


Les personnages principaux de cette histoire basée sur le roman du même nom de Taylor Jenkins Reid sont divisés en deux blocs dont l'évolution, du moins jusqu'au milieu du troisième épisode, est distincte. En seulement deux épisodes, comme s'il s'agissait d'un mini film, nous voyons l'ascension et la chute d'un groupe composé de deux frères de Pittsburgh et de quelques amis qui montent un groupe appelé The Six, se battent pour se faire une place sur la scène musicale californienne compétitive, ont quelques succès et partent en tournée jusqu'à ce que les problèmes de drogue et d'alcool du chanteur, Billy Dunne (Sam Claflin), commencent et que tout semble s'effondrer.


Parallèlement, nous assistons à l'histoire de Daisy (interprétée par Riley Keough, une véritable royauté du rock, rien de moins que la petite-fille d'Elvis Presley et la fille de Lisa Marie), une fille qui tente de se faire une place en tant qu'artiste en surmontant ses propres peurs et insécurités et en luttant contre la misogynie qui prévaut dans cette culture, puisqu'elle est toujours considérée comme une muse ou une artiste, mais jamais comme une auteure-compositrice-interprète. À l'instar de Carole King, qui est passée du statut d'auteur-compositeur à celui de superstar avec l'album "Tapestry", Daisy veut son album et son contrat d'enregistrement. Mais lorsqu'elle en a l'occasion, elle se rend compte que ce n'est pas facile.


Le pivot qui relie ces deux histoires distinctes est le producteur Teddy Price (Tom Wright), qui gère les deux artistes en parallèle. Les showrunners de la série ont, jusqu'à présent du moins, ignoré tout ce qui touche aux contrats, à l'argent, aux problèmes de l'industrie et à la mécanique économique classique qui tend à démanteler les groupes de rock. Ici, tout (ou presque) est affaire de vie privée : relations, histoires d'amour, jalousies, bagarres et autres histoires de ce genre.


Il est temps de nommer le groupe qui a inspiré à la fois le roman et la série : Fleetwood Mac. Bien que les histoires respectives soient très différentes, elles ont deux choses en commun. D'une part, l'idée qu'il y a un groupe qui existe jusqu'à un certain moment et un autre qui apparaît plus tard, lorsque de nouveaux membres sont ajoutés et que des changements de style ont lieu. Et l'autre, celle liée aux histoires d'amour, aux divorces, aux problèmes personnels et aux albums écrits sur eux, qui est au cœur de la saga des créateurs de "Rumours" et "Tusk", entre autres albums classiques.


Cette double structure permet aux trois premiers épisodes de raconter presque une seule histoire qui se referme sur elle-même pour en commencer une autre. Les créateurs ne cherchent pas à être originaux ou novateurs (ni dans la musique, ni dans les dialogues, ni, du moins jusqu'à présent, dans le type de problèmes auxquels le groupe est confronté), mais le charisme de Keough, qui incarne un personnage quelque peu insondable, plein d'insécurités mais aussi très franc, confère une intrigue supplémentaire à l'affaire. Son amitié avec sa colocataire, la chanteuse de soul Simone (Nabiyah Be), sert d'entrée en matière sur deux sujets - l'un musical, l'autre sexuel - que la série n'aurait pas abordés autrement.


En dehors de ce qui se passe avec Daisy, l'histoire des Six est plutôt conventionnelle, un peu comme les chansons qu'ils composent. Et le conflit central, qui tourne autour de la relation entre Billy et la photographe Camila (l'actrice et mannequin d'origine argentine Camila Morrone, également connue pour avoir été la petite amie de Leonardo DiCaprio), n'est pas d'une puissance caractéristique. Le reste des faussement nommés "The Six" (ils sont en fait cinq), du moins jusqu'à présent, n'ont pas grand-chose à faire, si ce n'est d'être agacés ou surpris par ce qui arrive à Billy.


C'est une série visuellement attrayante, avec un très bon travail de reconstitution d'époque et assez crédible. La véritable histoire, celle qui porte le "&" dans le titre original, ne fait que commencer. Et il faudra voir si les étincelles qui menacent de jaillir des "interviews" (s'agissant d'une fausse reconstitution documentaire, on sait d'emblée que le groupe s'est séparé et a cessé de se parler pendant de nombreuses années) seront à la hauteur des attentes que l'annonce de la série a suscitées et que ses premiers épisodes, sans être totalement décevants, n'ont pas réussi à faire naître.

Miss-Freak
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le 30 avr. 2023

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