Sympathique
Cette série présente un format original et beaucoup de promesses lors des premiers épisodes. Une analyse en sécurité disparue envoie des histoires à de vieux amis pour demander de l'aide. Ca...
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le 26 avr. 2020
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Avec cette création de Michael Nardelli et Mario Miscione, Amazon Prime Video pensait sans doute tenir son "Black Mirror" capable de rivaliser avec le hit de son concurrent Neflix mais, manque de chance, Dark/Web est bien loin de tutoyer qualitativement la série de Charlie Brooker, pourtant en perte de vitesse, et sa sortie en catimini au cœur de l'été 2019 tend à prouver que même la plateforme de streaming n'y croyait pas vraiment (Amazon n'est pas bien doué pour promouvoir ses séries mais l'absence totale de communication autour de celle-ci tient carrément du suicide collectif).
Alors que le territoire américain est la cible de cyber-attaques sans précédent, un groupe de personnes se met à recevoir des emails de Molly Solis, une ancienne camarade de lycée apparemment en danger. Chaque message contient une courte nouvelle blâmant une technologie de plus en plus invasive...
Sur le papier, on ne peut pas reprocher à "Dark/Web" son ambition. Reprendre le concept d'un film à sketchs et l'adapter aux dimensions d'une série en huit épisodes où chaque court-métrage se retrouve relié par une histoire/fil rouge justifiant leur existence était un postulat vraiment intéressant, surtout qu'au contraire de "Black Mirror" qui l'utilisait parmi une variété de registres, l'approche horrifique est ici une constante pour chacun des segments composant la série. Seulement, lorsque ni la trame principale ni les petits récits en son cœur ne parviennent à être vraiment emballants, autant dire qu'il ne va pas être aisé de passionner les foules...
En ce qui concerne l'histoire/fil rouge, c'est sans doute là que "Dark Web" va marquer le plus de points à la fois au début et (surtout) à la fin de série. Ouvrant et fermant grosso modo chaque épisode, l'intrigue autour de ces anciens amis du lycée (plus un amour virtuel en cours de route) obligés de renouer pour rechercher Molly va être la donne la plus intéressante par le mystère qu'elle implique. Chacun de ses personnages a un rapport plus ou moins compliqué à la technologie (un couple en difficulté formé par un journaliste et une vidéaste obsédée par son image, une hackeuse, un professeur confronté à des élèves accros à leurs téléphones et ayant sa mère branchée à un respirateur artificiel) et les premiers instants à les voir tenter de comprendre l'intrusion de Molly dans leurs vies vont forcément se montrer intriguant. Problème, leur enquête va vite se transformer en jeu de piste répétitif où le peu de temps consacré au développement des personnages et aux rebondissements seulement là pour alimenter de très pauvres cliffhangers à chaque épisode va vite malmener notre intérêt quant à connaître la finalité de cette sombre affaire. En fait, il faudra attendre les épisodes consacrés à Molly (les chapitres 6 et 8) et les événements qui ont conduit à sa disparition pour qu'enfin toute cette histoire prenne réellement de l'ampleur. Clairement les deux gros temps forts de la série dans son entier en apportant le plus d'informations en plus d'avoir la meilleure actrice du lot (Noemi Gonzales survole le reste d'un casting principal bien fade), ces deux moments charnières de l'intrigue seront la preuve que "Dark/Web" avait une idée de construction de fond loin d'être bête vis-à-vis de son format mais qu'elle aura eu un mal fou à la mettre en pratique. En effet, sans trop en dévoiler, au terme du voyage, la morale de l'ensemble mettra en avant les bénéfices que peut apporter une technologie élaborée en osmose avec l'humain face à une autre pensée sans émotion par des corporations mercantiles, déconnectant l'individu de sa propre réalité et évidemment au coeur de tous les sketchs horrifiques l'ayant précédée. Avec ce final trop court mais réussi et misant sur une symbiose possible entre l'Homme et sa création, "Dark/Web" se veut bien plus optimiste dans son discours que sa collègue "Black Mirror" souvent plus à même de confronter les deux camps jusqu'à la victoire de l'un sur l'autre.
Mais, malgré cette bonne conclusion qui lui aura permis de faire entendre une petite voix différente, "Dark/Web" n'aura également pas briller avec ces courtes histoires chargées de nous rappeler les dérives technologiques de notre monde actuel. D'une banalité confondante, les nouvelles écrites par Molly et occupant la majorité de la durée des épisodes se contentent d'enfoncer des portes ouvertes dans ce qu'elles entendent dénoncer. Notre dépendance aux réseaux sociaux, à la gloire éphémère qu'ils procurent, aux commentaires d'inconnus, aux notes en tout genre, aux applications de rencontres... Bref, tout ce qui devrait normalement nous connecter en tant qu'être humain mais qui nous sépare encore un peu plus dans nos peurs et nos doutes individualistes est ici traité dans des récits sans aucune once d'originalité ou toujours horriblement prévisibles car en en rappelant d'autres bien meilleurs (les premières saisons de "Black Mirror" bien sûr mais aussi des films comme "The Den" par exemple). On sauvera peut-être les histoires des chapitres 1 et 4 (grâce à l'interprétation touchante de Duane R. Shepard Sr pour ce dernier) mais, hormis un caractère glauque parfois bien poussé, toutes ne provoqueront en général qu'un ennui poli et se montreront incapables de créer la moindre surprise...
En définitive, "Dark/Web" est une série terriblement anecdotique ne se hissant que trop rarement à la hauteur d'un concept bien pensé. Même s'il y a beaucoup plus déplaisant à suivre, elle encourt néanmoins le risque de lasser bon nombre de spectateurs en cours de visionnage par son manque de propositions nouvelles pour nous attacher à son discours, cela en est d'autant plus dommage que c'est justement sur sa fin qu'elle dévoile ses meilleurs atouts. En tout cas, malgré son petit coup de mou, "Black Mirror" peut dormir tranquille, "Dark/Web" n'est pas en mesure de la pirater sur son domaine de prédilection...
Créée
le 20 août 2019
Critique lue 1.8K fois
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