Dawson, diffusée en 1998 sur The WB, c’est un peu le manuel de philosophie de l’adolescence en version série télé. Dans la ville (trop calme) de Capeside, on suit les amours, les amitiés et les tourments existentiels d’une bande de lycéens qui, à défaut de faire la fête comme dans Beverly Hills, préfèrent passer leurs soirées à se poser des questions existentielles sous un ciel étoilé. En tête de ce club de réflexions sur la vie, l’amour et le cinéma, il y a Dawson Leery, un adolescent aux grandes ambitions de réalisateur, qui n’a pas fini de nous étonner par sa capacité à transformer chaque situation en dissertation de bac.
Dawson est le prototype du rêveur romantique, un garçon un peu naïf qui croit que la vie peut être une reproduction fidèle de ses films préférés. Avec son amour pour Spielberg et ses opinions tranchées sur la vie, il passe autant de temps à analyser ses propres émotions qu’à filmer des scènes dramatiques avec son vieux caméscope. À ses côtés, Joey, la meilleure amie qui rêve secrètement de lui (mais bon, on l'a tous vu venir dès le pilote), apporte une dose de pragmatisme et de sarcasme. Et puis, il y a Pacey, l’ami rigolard au cœur tendre qui préfère éviter les grandes réflexions métaphysiques en draguant à tout va, et Jen, la fille mystérieuse au passé trouble qui débarque en ville pour semer la zizanie dans le cœur de Dawson.
Chaque épisode est un mélange de conversations existentielles, de triangles amoureux et de décisions émotionnelles discutées comme si l'avenir de l'humanité en dépendait. Les personnages passent des heures à s’interroger sur la vie, l’amour et l’injustice de leurs dilemmes sentimentaux avec une maturité qui ferait rougir un prof de philo, mais qui peut parfois sembler un peu… excessif pour des ados. Dawson et sa bande parlent de leurs sentiments comme des philosophes en herbe, transformant chaque discussion banale en un moment quasi solennel où chaque mot semble peser des tonnes. On a parfois envie de leur dire de se détendre un peu, mais Capeside n’est clairement pas le lieu de la légèreté.
Visuellement, Dawson mise sur une atmosphère bucolique et nostalgique. Les décors de bord de mer et les scènes au bord de la rivière créent une ambiance sereine, contrastant avec le chaos émotionnel des personnages. La série a un charme rétro, avec ses pulls tricotés et ses jeans taille haute, un style années 90 qui ajoute une dose de nostalgie kitsch à l’ensemble. Dawson, avec son regard songeur et ses cheveux blonds, incarne cette esthétique "adolescent torturé" à la perfection.
Cependant, pour les spectateurs qui attendent de l’action ou de l’humour, Dawson peut vite devenir un peu longuet. Le rythme est lent, les dialogues sont souvent trop verbeux, et la tendance des personnages à se noyer dans leurs propres émotions peut lasser. Chaque décision, chaque regard, chaque dispute prend des proportions épiques, comme si la série s’était donné pour mission de nous rappeler que, pour Dawson et ses amis, la moindre embrouille sentimentale est un drame shakespearien. Les intrigues amoureuses se compliquent à mesure que les personnages grandissent, mais la série ne parvient jamais vraiment à échapper à son propre penchant pour le mélodrame.
En résumé, Dawson est une série qui ravira ceux qui aiment les réflexions profondes sur les tourments de l’adolescence, avec un goût pour les dialogues introspectifs et les relations sentimentales compliquées. Dawson et sa bande, avec leur capacité à disserter sur chaque émotion, donnent une vision presque poétique de l’adolescence, même si parfois, on aurait envie de leur dire de vivre un peu plus et de réfléchir un peu moins. Pour les fans de mélodrame adolescent, Dawson est un voyage nostalgique, intense, et un peu trop réfléchi. Mais pour ceux qui aiment un brin de légèreté… disons que Capeside risque de leur donner envie de changer de chaîne.